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Deptford Goth / Life After Defo

Deptford Goth_10_04_13Tous les ans, c’est pareil: tu recherches cet album qui te chatouillera le palpitant du bout des doigts sans s’arrêter, du premier au dernier titre. Si en plus la galette joue les prolongations avec un morceau caché ou un bonus goût abricot sur la gâteau, tu ne vas pas tout de même cracher sur une douceur supplémentaire.

Autant t’avouer qu’avec son extraordinaire single « Feel Real » et ses p’tites rythmiques presque R&B instables sous le bras, des petites oeillades de douce et tranquille électro introspective, une voix monocorde en murmures comme autant de marques de (fausse?) modestie style « je m’excuse d’être ici et de vous déranger avec ma pauvre chanson, je m’en vais tout de suite après », Depford Goth (pseudonyme du musicien anglais Daniel Woodhouse qui joue tout seul, ne vient pas du district londonien de Deptford et n’a même pas une tête de goth; voici bien la perfide Albion) a bien failli m’emballer illico presto et m’embarquer dès le mois de Mars dans la backrooom sans même me promettre la bague au doigt pour la suite. Que veux-tu, j’aime me sentir spécial. L’autre single, « Union », sur lequel la mélodie presque enjouée se fait rattrapper par la même voix monocorde séduit nez au vent. M’étant tout de même fait couillonner par le passé (je ne retrouve pas les coupables pour le moment mais ce n’est que partie remise), j’ai tout de même réussi à repousser un moment les avances insistantes et demander à tâter un peu plus la marchandise avant de m’emballer et consommer plus avant…

L’ouverture de Life After Defo s’installe entre douceurs et effluves dramatiques sur le titre éponyme de l’album ; nappes de synthés et beats électroniques comme autant de vagues à l’âme gonflées à la mélancolie. En comparaison, tout en partageant les arrangements minimalistes, « Bronze Age » dessine une trajectoire plus floue, incertaine et fragile, recomposée à bout de bras par son refrain. Mais dès « Guts No Glory », même si le charme post dub-step cafardeux est toujours présent, la retenue des sentiments encore heureusement évidente, une formule s’esquisse qui commence à tourner en rond et dont l’intérêt s’atténue. Ainsi, si « Particles » s’arrache de manière éblouissante et en contrastes de sa grisaille, « Lions » suggère quant à lui de très loin un Sparklehorse electro en bien plus cheap et sans le charisme de Mark Linkous tandis que « Years » avec son éloquence agaçante et vilainement classique s’écrase sur le bitume. Finalement, la forte cohésion stylistique et thématique se transforme peu à peu en monotonie, enlise lentement mais inexorablement les chevilles de l’album sur sa durée et « Bloody Lip » conclut tristement l’album dans l’anonymat et une bouffée d’ennui.

Il serait malgré tout injuste de finir sur une appréciation aussi dure. Dans son grand ensemble, Life After Defo développe une délicate électro intimiste et émouvante, enveloppée dans de soyeuses couches de coton synthétique qui visent directement le coeur et l’esprit tout en développant un espace sensible et propice à l’intériorisation. Si donc malgré tout le quasi ensemble de l’album captive, c’est sans doute au niveau de l’attente vis à vis de l’artiste qu’il inquiète un peu et laisse derrière lui comme un goût amer tant on a l’impression que Woddhouse se retrouve déjà à la croisée des chemins : entre une écriture et un univers qui auraient déjà trouvé leurs limites et les écueils de la facilité et de la méthode vers lesquels il pourrait se diriger jusqu’à devenir carrément chiant, irritant ou pire sans intérêt.

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