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Disques

Fall Of Efrafa / Inlé

090901aFall of Efrafa est un quintette britannique faisant dans le registre post-hardcore, usant de son propre aveu d’influences post-rock et black metal et d’un chant bien guttural qui risquera toujours d’en rebuter certains (et c’est bien dommage). Pour situer ça de façon plus conventionnelle, on dira que l’ambiance générale de leurs compositions se rapproche de celles de groupes comme Cult Of Luna ou Celeste. A l’écoute du disque, on se laisse en effet porter entre ambiances éthérées et lourds déchainements de grosses guitares poilues et bien plombées, sans forcément voir que les morceaux et leur construction suivent le cours d’un récit.

Il faut jeter un oeil derrière le rideau pour découvrir la démarche plutôt originale de la formation, qui base jusqu’à aujourd’hui l’ensemble de ses travaux sur l’interprétation musicale du livre de Richard Adams, The Watership Down. Inlé est le troisième LP du groupe (et quel LP, plus d’une heure et quart!), dernier volet d’une trilogie nommé « The Warren of Snares » et s’attaque donc – puisque le récit est ici conté à l’envers – au début du livre. On peut lire dans ce bouquin l’histoire d’un jeune lapin qui au cours d’un de ses rêves, a une vision de la destruction de sa colonie. Il convainc donc quelques uns des siens de partir avec lui à la recherche d’une autre terre où s’installer et se lance dans une longue quête initiatique. Dans The Watership Down, les lapins sont anthropomorphes, décrits comme une civilisation ayant sa culture et ses religions. Pour tenter d’expliquer l’inspiration que Fall of Efrafa tire de cette œuvre (il reste intéressant de se pencher dessus) il faut dire à son sujet que bien que bien qu’étant à l’origine un mythe pour enfants – écrit à l’intention des filles de l’auteur, The Watership Down est une récit héroïque et épique abordant nombreux sujets sociaux, politiques, philosophique comme le despotisme, la guerre, la recherche du bonheur, et mettant bien sûr en perspective la communauté des lapins avec une image plutôt noircie de la civilisation humaine – son ascension, son apogée, sa décadence et inéluctablement, sa chute. C’est aussi un parallèle (un peu plus facile à déchiffrer celui-ci) pour lancer un message sur la sauvegarde des animaux, et plus globalement le respect de la nature (on n’en attendait pas moins de la part de cinq vegans qui font de la musique ensemble).

Le thème ainsi que le contexte dans lequel il est abordé se révèlent une trame idéal pour le metal sombre, épique et torturé du quintette, qui joue le jeu du récit en attribuant à chaque piste un passage du livre (et s’en donne à cœur joie : douze, quatorze voire dix-sept minutes pour un seul morceau). Les envolées sonores et vocales collent à merveille à l’ambiance d’Inlé, sans jamais pour autant en dénaturer la constance. Alors certes, ne soyons pas hypocrites, instrumentalement parlant ce n’est pas ce qu’on a entendu de plus original depuis Neurosis & co, et le caractère de ce projet ne réside objectivement pas là. Mais une fois n’est pas coutume, on apprécie toujours les idées artistiques qui repoussent encore un peu plus loin la notion de concept album. C’est le cas ici, et ça reste très bien foutu, alors ne boudons pas notre plaisir.

En écoute : « Republic Of Heaven »

[audio:http://denovali.com/fallofefrafa/mp3/03.mp3]
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