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Disques

Ganglians / Still Living

Les quatre Ganglians viennent de Sacramento, dans les terres de Californie mais suffisamment près des côtes pour afficher, depuis le fond de leur garage, un goût prononcé pour le surf rock « west coast » – Monster Head Room, leur premier long-format sorti en 2009 est sorti chez Woodsist records, label défricheur chez qui Wavves, Sun Araw, Crystal Stilts ou Vivian Girls firent aussi quelques passages. On est donc pas tout à fait en terrain inconnu, si ce n’est qu’à l’image de quelques uns de leurs premiers compagnons de label, Ganglians s’attache aussi à enrober leur surf music d’un psychédélisme foutraque, pas toujours très bien contrôlé mais dont l’effet reste indiscutable.

L’album débute par le très rythmé « Call Me », voix tintées de reverb, guitares au son clair clinquant et un tantinet criard (on imaginerait bien une fender jaguar) sur des batteries poussives: recette que « King of the Beach » de Wavves utilisait déjà à sa façon. Mais Ganglians, sans complexe, en étire la durée, s’amuse à déstructurer le morceau en ajoutant des parties de choeurs et des ponts inattendus. La façon dont les deux guitares se complètent se veut dans la plus pure tradition pop, l’une égrenant les accords avec conviction, l’autre soutenant la mélodie, plus en subtilité, avec des arpèges claires et cristallines. Ryan Grubbs a un talent indéniable pour trouver les mélodies qui font mouche (« Evil Weave ») et la formation leur livrer des arrangements efficaces (les refrains de « Sleep » dont la tension contraste avec l’apaisement trompeur des couplets).

Pourtant, l’album se révèle assez inégal dans son ensemble. Les rouages de certains des titres du disque semblent manquer d’huile alors que d’autres se laissent tout à fait apprivoiser. Forcément, pas évident de tenir une pop song sur six minutes, et si quelques morceaux démarrent sous les meilleures augures leur durée se montre prohibitive jusqu’à les rendre insupportables (le dégoulinant « California Cousins »). Même lorsque Ganglians ralentit le tempo et se verse dans un demi-shoegaze d’apparence (« Bradley »), Grubbs se laissant alors aller à des excentricités vocales pas franchement du meilleur goût, le résultat est sans appel: « NEXT ». Vraiment dommage, car lorsqu’ils se consacrent – sans pour autant s’imposer de barrière de style – à ce qu’ils savent faire le mieux (un « Things To Know » étrange mais qui prête à sourire, ou « Good Times » et « Jungle » dont le son surf sixties rappelle avec une certaine nostalgie la BO de Pulp Fiction), Ganglians se montre capable du meilleur. En fin de compte, Still Living ne souffre que de l’ambition de ses géniteurs, celle d’avoir voulu remplir soixante minutes d’un disque auxquel quarante auraient largement suffi. Encore ce vieil adage selon lequel quantité ne rime pas systématiquement avec qualité. On ne dira pas que c’est un mauvais album pour autant: juste qu’il faudra vous rappeler de l’écouter avec la télécommande dans la poche, sous peine de dépréciation rapide et irrévocable.

En écoute: « Jungle »

[audio:http://downloads.pitchforkmedia.com/Ganglians%20-%20Jungle.mp3]
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