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Interviews

Interview – Apse

Depuis 2006 qu’on a découvert leur premier album, Spirit, sorti sur un label espagnol peu connu chez nous (Acuarela records), les américains de Apse se sont fait – discrètement mais sûrement – une petite place de luxe dans nos oreilles, au coté d’une flopée de groupes cultes, tout aussi énigmatiques et inclassables, comme Enablers ou Piano Magic. Pas dans un style proche de ces derniers mais simplement parce qu’ils évoluent avec cette même quête de singularité, d’étrange, et d’esthétisme. Avant qu’il monte sur les planches de l’Epicerie Moderne jouer les funambules sur un fil tendu à mort entre rock progressif tribal et spiritualité quasi-chamanique, quelques questions posées à Bobby Toher (centre de la photo), meneur discret de cette intrigante fomation…

C’est un peu difficile de vous trouver sur le web, comme les infos vous concernant. Dirais tu que vous êtes un groupe « obscur »? (sourire)

Bobby (chant) :  Haha! Pas vraiment…  Un peu, seulement parce que la presse nous a peut-être considérés comme tels à un moment, ce qui n’était pas forcément pour nous déplaire. Le groupe existe depuis plus de dix ans maintenant, c’est une longue période, mais les choses sont devenues plus sérieuses il y a quatre ou cinq ans seulement. Je ne sais pas si « obscur » est le meilleur terme…

Non, probablement pas! c’est juste qu’en Français « obscur » peut aussi vouloir dire « secret », « caché »…

Peut être alors! Mais je ne parle pas assez bien français pour savoir si c’est une bonne chose ou pas!

Vous travaillez beaucoup à distance pour la composition semble t’il, les membres du groupes étant plus ou moins éparpillés dans l’espace. Comment ça se passe dans la pratique?

En fait, nous avions déjà fait quelques disques ensemble, avant Spirit ; des EPs et des autoprods principalement. A cette époque, et quand nous avons commencé à écrire Spirit, il y avait un certain nombre d’autres musiciens dans le groupe. D’autres venaient juste de partir, et nous avons donc commencé à travailler sur Spirit à quatre. Des demos en sont sorties mais c’est pendant la période qui a suivi, d’à peu près un an, au cours de laquelle nous étions dispersés géographiquement, que les morceaux ont le plus évolué, changé, avant de prendre forme. Puis nous nous sommes retrouvés, et avons tout enregistré et mixé nous-mêmes. Sur Climb Up, nous avons commencé par enregistrer ensemble des heures et des heures d’improvisation, desquelles j’ai extrait des boucles dont je me suis servi pour faire des demos, en y ajoutant des éléments live. D’autres morceaux ont été écrits intégralement en studio, avec les contributions plus brutes des autres membres.

Vous avez l’air de combiner beaucoup de façons d’écrire, je trouve le résultat vraiment intéressant…

En quelque sorte, c’est vrai, mais j’ai quand même le sentiment que Spirit reste malgré tout un album très « studio » dans sa conception, relativement au recours de prises successives, et d’overdubs. Comme sur Climb Up, où nous avons beaucoup expérimenté sur l’instrumentation et l’ajout de diverses sonorités. Pour le prochain, je pense que nous enregistrerons tout en live, ensemble. Bien sur on ne s’interdira pas les overdubs, il n’y a rien d’illégal là dedans! Mais nous voulons aller vers quelque chose de plus organique, de plus spontané. C’est ce qui est le plus excitant pour nous aujourd’hui, ce qui nous motive vraiment.

Comment avec vous géré les nombreux changements de line-up au sein du groupe, est-ce qu’ils ont eu une influence importante sur la direction musicale?

Ca dépend… Bien sûr, chacun amène sa personnalité artistique au groupe. Mais depuis quelques années le line-up est stable, et la première chose que cela nous a apporté, c’est une certaine précision, une maîtrise plus poussée de notre jeu, de notre son live. Tu sais, éviter le feedback sur les amplis, ce genre de trucs. On sonne moins crade, moins approximatif, et ça c’est le bénéfice direct de se connaître en tant que musiciens et de passer des heures à travailler ensemble. Entre autres choses… Le fait que certains membres du groupes puissent jouer de plusieurs instruments, par exemple. C’est un atout qui demande beaucoup de temps et de travail afin d’être exploité à sa juste valeur.

Cette instrumentation à facettes multiples, c’est un truc que vous avez pu « tester » sur Climb Up? On ressent en tout cas cette diversité sonore, beaucoup plus que sur Spirit.

Oui, on en a vraiment pris conscience pendant l’enregistrement. Pour ma part en tout cas, je chante, mais je joue aussi beaucoup d’instruments sur le disque. Il y a aussi nombre de parties de piano jouées par les autres, que je serai incapable d’assurer. Climb Up sonne un peu comme une collection de chansons qu’on aurait pu mettre sur nos autres disques, je crois. Mais ce truc de partir un peu dans tous les sens, c’est quelque chose dont on souhaite s’éloigner, et je pense que le prochain disque sera plus cohérent, axé autour de sons plus récurrents. Il y aura certainement beaucoup plus d’unité.

Vous avez sorti un LP en 2008, Eras, entre Spirit et Climb Up, de façon super confidentielle, à 425 exemplaires seulement… Etait-ce une volonté délibérée de votre part de faire un si petit tirage, et pourquoi?

Tout à fait. Eras est sorti en vinyle seulement, à 425 exemplaires numérotés, sur un label ultra-indépendant qui n’est pas notre label principal… Le gars qui s’en occupe n’en tire aucun bénéfice, il veut simplement que ses ventes remboursent le pressage. Il nous avait déjà approché quelques années plus tôt et voulait vraiment sortir un disque de nous, mais nous n’avions aucune chanson à lui soumettre à l’époque. Par la suite, cela nous a pris énormément de temps d’écrire Climb Up, et nous nous sommes retrouvés avec beaucoup de morceaux, que nous avions commencé à composer de façon plutôt occasionnelle, sans l’idée d’en faire quelque chose de concret. Certains sont encore dans nos cartons, d’autres ont simplement été abandonnés… Mais nous avons donc sélectionné ceux que nous jugions les plus intéressants et nous les avons enregistrés. Quant au fait que le tirage soit limité, ça me plaît, ça en fait un objet spécial et c’est important pour un disque.

Oui, la seule contrepartie étant que peu de gens en aient seulement connaissance… Ou puissent y avoir accès!

C’est vrai, d’autant plus qu’on a des retours intéressants sur Eras, beaucoup de fans pensent que c’est un cheminement logique entre Spirit et Climb Up. On le voit de cette façon aussi à vrai dire! (Rires). Pour ce qui concerne son accès, il n’y a pas aujourd’hui de projet pour une réédition ou une sortie CD, et je ne pense honnêtement pas que cela arrivera. Mais nous avons mis le disque en téléchargement gratuit sur notre site (NDLA, que vous trouverez ici, elle est pas belle la vie). Récupérez le! Il restera là encore un moment.

C’est toi qui écris les textes, quels sont les thèmes qui te sont chers? Les paroles sont souvent très énigmatiques. Spiritualité, Esotérisme? Questionnement intérieur?

C’est un peu tout ça. Les chansons de Spirit parlent beaucoup de la religion, de la spiritualité… De la « peur » de Dieu et du monde spirituel, en bien comme en mal. Je me rends compte que c’est très personnel… Climb Up est centré sur les relations. Entre hommes et femmes, principalement, mais pas uniquement, en tout cas dans un sens plus large qu’on peut aussi appliquer aux amis. C’est surtout l’idée de soi-même dans le contexte d’une relation : pas seulement « ma copine me manque quand elle est au boulot« , tu vois (rires), mais davantage, ces choses qui se passent dans ton esprit, comme une relation peut t’affecter profondément, au plus haut point. Ce type de dialogue que tu peux avoir avec toi-même… C’était assez difficile, parce que pour tout te dire, les textes ont été écrits dans une chambre juste en dessous de celle d’une personne dont il traite en grande partie, avec qui je vivais encore à cette époque.

[youtube]mE03K_bUfEI[/youtube]

Vous avez tous un boulot, comment ça se passe pour partir en tournée?

Pas facile. En ce qui me concerne, j’ai un diplôme en design graphique, on m’a proposé un job quelques jours avant avant la tournée… Il a fallu que je leur dise que je ne serai pas disponible les trois premières semaines, et évidemment ils n’ont pas pu me filer le poste! Ce genre de trucs arrive tout le temps. J’ai été au chômage pendant deux ans à une époque. Et c’est la même chose pour les autres, certains bossent en freelance, en cuisine, ou à créer des sites web… Mais voilà, Apse ne nous fait pas manger, surtout avec six membres dans un groupe où c’est déjà difficile de rentabiliser une tournée. Mais bon, c’est OK. C’est cool de pouvoir tourner, et jouer.

Comment vois-tu le coté live de Apse? Complémentaire, totalement différent? Comment vous fonctionnez sur scène par rapport au studio?

C’est une question intéressante. On a tous cette attente, quand on va voir des groupes qu’on aime, d’être surpris, d’entendre quelque chose de différent du disque. Tu sais cette impression quand le groupe commence un morceau, et que tu ne le reconnais pas tout de suite, et qu’au bout de quelques secondes, tu te dis « Oui, c’est ça! C’est cette chanson! Alors c’est comme ça qu’ils la jouent en live ». J’aime beaucoup ça. Je n’aime pas tellement voir un groupe jouer son album sur scène du début à la fin. Mais je dois admettre qu’étant donnée la façon dont nous avons enregistré nos albums… (Rires). C’est pour ça que nous voulons enregistrer le prochain disque de façon nettement plus live.

Est-ce que le fait d’être signé sur ATP a changé des choses pour vous?

Oui, bien sûr. Ca nous a apporté une visibilité évidente, qu’on ne pouvait pas avoir avec Acuarela, même si ces derniers ont fait un super boulot avec nous. Le truc avec ATP, c’est qu’ils sont très connus pour le festival, ce label c’est encore un peu nouveau… Mais on adore bosser avec eux, l’équipe, ce sont tous des gens adorables qu’on aime beaucoup.

Pour finir… Allez vous jouer All Mine ce soir?

Oui, si ma voix tient le coup jusque là!

Remerciements : Apse / L’épicerie Moderne

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