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Interview – Dashyell

Membre de la scène indépendante marseillaise, Olivier Boutry – alias Dashyell – après avoir officié en tant que guitariste dans plusieurs formations (dont Seven Reasons, chroniqué par les Inrocks), s’est engagé depuis 2015 dans une active production solo. L’homme est prolixe et après quatre albums en 2016, vient de sortir Helios (Octobre 2017), collection de treize titres diffusée sur Bandcamp.

Entre post-rock et ambient, la musique de Dashyell installe des atmosphères sonores; compositions instrumentales dans lesquelles on perçoit les échos de Vini Reilly et Durutti Column, ou de « Elegia » de New Order – déclic avoué du processus créatif. Sur Helios, guitares et nappes donnent la couleur sonore de morceaux mélancoliques pour la plupart, joués sur tempos médiums, et noyés dans une mer de réverbération. L’effet peut paraître trop systématique parfois mais il demeure cohérent avec l’intention. On mettra volontiers en avant le superbe « Cold Evenings » aux arpèges impeccables – dont on musclerait sans crainte d’erreur la section rythmique – et les plus mordants « Mission » et « Wisconsin » dont les programmations ne sont pas sans rappeler Steve Morris de New Order. « Downtown » montre l’étendue du jeu de guitare d’Olivier Boutry qui y ajoute une basse en second plan et des synthés qui, eux aussi, trouvent leur origine dans la maison mancunienne.

A contrario de la plupart des compositions d’ambient, la musique de Dashyell propose des durées plutôt courtes – trois minutes en moyenne – et des pièces structurées au format pop. Volonté qui souligne sans doute que la collaboration avec d’autres musiciens et vocalistes n’est pas définitivement exclue et pourrait compléter pertinemment le travail solo. Ainsi retrouve t-on Olivier Brouty en compagnie de Kino Frontera de Jim Younger’s Spirit, sur un projet nettement plus âpre à connotation psyché et batcave. Ou avec le leader des Picnic Republic –dont nous parlâmes ici voici deux ans– pour Sebastopol, groupe aux influences new wave et anglaises.

Bonjour Olivier. D’où vient le nom de Dashyell ?

Bonjour Jean-Noël. Dashyell, en fait je n’en sais rien. Probablement de Dashiell Hammett, le détective, dont j’avais beaucoup aimé le personnage dans le film « Hammett » de Wenders.

Tu es essentiellement guitariste et tu sembles passionné d’effets. Peux-tu nous décrire le matériel que tu utilises ? Les pédales que tu privilégies ?

J’utilise différents delays ou reverbs vintage ou bien « boutique » (Boss, Electro Harmonix, Strymon, Caroline, Walrus) dont les sons m’inspirent beaucoup. J’essaie de ne pas rester sur une configuration particulière afin de toujours créer de nouvelles ambiances.

La reverb est omniprésente. C’est même un élément qui caractérise ton son. Pourquoi pousses-tu autant cet effet ?

J’aime que cela donne de l’ampleur et de l’espace au morceau, même si on a quelques fois l’impression de se noyer dans toutes ces couches de reverb, deux ou trois notes de guitares et l’atmosphère est là… Les groupes comme Slowdive ou Sigur Ros font ça très bien et procurent un réel sentiment de bien être à leur écoute.

Tu as employé le mot « recueillement » pour décrire une attente que tu avais avec la musique de Dashyell. Qu’est-ce que tu entends exactement par là ?

C’est une musique que j’ai composée dans l’idée d’accompagner les moments de la vie. Ceux pendant lesquels on se pose, où on se laisse aller vers une forme d’introspection légère. Que ce soit dans les transports, devant un paysage, devant son café, son ordinateur, son téléphone. J’ai d’ailleurs eu beaucoup de messages d’auditeurs m’expliquant que tel ou tel titre les avait accompagnés dans leur parcours quotidien.

L’ambient s’entend un peu partout, en effet. Mais quel contexte privilégié espères-tu pour la musique de Dashyell, dont le format se démarque justement des productions typiques ?

Dans l’absolu, je voudrais plutôt m’adresser aux personnes qui comme moi viennent d’une culture pop, couplet / refrain, et qui sont moins attirés par les longueurs ou expérimentations liées aux musiques post-rock ou ambient.

D’où vient le côté très mélancolique des titres de Helios ? Pourquoi avoir choisi le nom d’une divinité de la mythologie grecque comme titre d’album? Tu conclus de plus avec  »Argos », duquel parles-tu ?

L’aspect mélancolique est toujours présent sur les albums. C’est mon coté « Vini Reilly ». Mais Helios est mon album le plus joyeux ! Le nom vient de la photo que j’avais prise d’un coucher de soleil sur la Méditerranée  L’image a imposé le titre: Helios, représentation mythologique du soleil. Et du coup, Argos est venu. Il évoque pour moi les argonautes et cette invitation de voyage en mer, vers une destination inconnue.

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Les influences des groupes Factory sont évidentes. Es-tu fixé sur cette scène particulière ? Il me semble que tu pourrais être intéressé aujourd’hui par le travail de Archy Marshall – Zoo Kid et King Krule ?

Même si je suis très influencé par les groupes Factory avec lesquels j’ai grandi (New Order, Durutti Column, Section 25), je suis en permanence à l’écoute des nouveaux talents. J’adore Archy Marshall, quel charisme ! Il fait partie des personnalités à part dans la musique indie actuelle, tout comme Mac De Marco ou Greg Gonzalez de Cigarettes After Sex.

La scène marseillaise est vivace. Splash Macadam, Oh Tiger Mountain, Picnic Republic en sont, par exemple, des groupes assez sophistiqués. T’en sens-tu proche ? 

Oui, dans un sens. Car ils savent exprimer sans complexe dans leur musique l’ensemble de leurs influences et leur culture musicale. Ils ont l’envie de se démarquer des centaines de groupes pour lesquels la musique indé se résume à Muse ou Nirvana.

As-tu aussi d’autres centres d’intérêts musicaux ?

Ma vie personnelle et familiale est complètement rythmée par la musique. Ecouter toutes les nouveautés, les vendredi soirs au Lollipop (disquaire marseillais) pour les apéros show cases, les concerts à Marseille, Paris et les différents festivals chaque été. J’en rate peu.

Pour créer tu passes l’essentiel de ton temps en studio et en solitaire. Rassembler des musiciens autour du projet Dashyell te tente t-il ?

Oui, mais à partir du moment où nous pouvons nous retrouver autour des mêmes influences et que chacun puisse amener sa touche personnelle. Ce qui est en fait assez compliqué. Pour l’instant, d’autres m’invitent ponctuellement.

Question piège ! Nous nous sommes rencontrés lors d’un concert parisien de Peter Hook and The Light. Alors tu es plutôt qui? Barney ou Hooky? (rires)

Quel concert ! Par contre, désolé, je ne peux pas répondre à cette question. Ce serait comme me demander de choisir entre ma mère ou mon père ou bien entre Morrissey et Johnny Marr !

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