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Live Reports

Isis + The Austerity Program + Jakob – Epicerie Moderne (Lyon), 26/04/08

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On a beau dire, c’est pas grand chose un concert, mais quand tu vas voir le groupe qui a le plus occupé ton media player lors des douze derniers mois, tu te fais quand même une joie de traîner ton derche à l’Epicerie Moderne. Qui plus est quand la première partie est assurée par un de tes récents coups de coeur. Ce concert d’Isis avait donc des allures de rendez-vous, et j’ai d’ailleurs (malgré mes aptitudes de physionomiste qui avoisinent celle d’un éléphant de mer sous acide) pu y apercevoir pas mal de têtes plus ou moins connues.

Après l’interview d’Aaron Harris, je me rends à l’intérieur de la salle alors que Jakob entre sur scène. Le trio commence par Oran Mor, superposant les nappes de guitares avec maîtrise (petit détail technique pour les nerds, Jeff Boyle n’utilise pas de pédale de volume mais le potentiomètre de son instrument, faisant glisser son auriculaire autour avec une dextérité qui force le respect). Jakob jouera des titres pour la plupart extraits de son album Solace, sorti en 2006. Formation pour le moins intéressante, surtout lorsqu’on pense à la façon dont les instruments sont utilisés: à seulement trois musiciens Jakob parvient à construire un son d’une densité absolument impressionnante, en en conservant le coté aérien, à l’aide de nombreuses pédales de delay noyant les strates de guitare les unes dans les autres, et d’une basse ronde et vrombissante. Les parties de batterie très riches en roulements et autres cassures de rythme, mais au tempo soutenu, appuient cette impression de densité avec majesté… Malgré un jeu de scène assez statique – en dépit des mouvements du bassiste (qui ressemblait à Justin Chancelor à s’y méprendre) – on aura cependant compris que l’intérêt du set ne résidait pas là – Jakob a livré un concert superbe, en quarante cinq minutes de vol, décollage et atterrissage compris. Une très bonne surprise, qui laisse espérer une diffusion un peu meilleure des néo-zélandais en Europe (on parle d’une réédition très probable de Solace chez Conspiracy).

Difficile pour The Austerity Program de prendre le relai. Livrant un punk beaucoup plus incisif et agressif, la prestation des américains est pourtant loin d’égaler celle de leurs prédécesseurs. Duo guitare/basse (les parties de batteries sont assurées par un sampler), TAP ne parvient pas à faire décoller son set, s’embourbant dans un punk rock assez technique (encore que les deux ont parfois du mal a se caler sur leur boite à rythme) mais chiant au possible. Le chant criard se révèle plutôt désagréable, et c’est finalement sans aucun regret que je les laisse quitter la scène. Même chose pour la jeune fille à mes coté semble t’il, qui a elle, passé la moitié du set des New-Yorkais à se boucher les oreilles. Je compatis.

Isis arrive, salue le public et assène d’entrée son époustouflant Dulcinea, titre phare du dernier album In The Absence of Truth. Aaron Turner semble à l’aise avec ses parties « hurlées », et n’est pas avare de headbang, pas plus que les autres membres du groupe; de là où nous sommes, l’ampli de Turner crache tout ce qu’il peut et couvre parfois le reste, ce qui nuit quelque peu à la qualité de l’ensemble (parait-il que le problème a également eu des échos en façade, et que nous n’étions pas les seuls concernés… M’enfin bon). Le set n’en est pas dénué d’intensité pour autant, les titres s’enchaînent – So Did We (énorme), Holy Tears (qui vient juste de sortir en EP avec un remix des Melvins et de Lustmord), Not In Rivers But In Drops, et quelques titres bien envoyés d’Oceanic. En une heure quinze de set, on ne trouve finalement pas grand chose à redire: c’est puissant, c’est carré (même si ça reste du live, le coté heavy restant le plus fort sur les disques), Turner et Meyer viennent régulièrement faire un petit tour au dessus du « pit » et Michael Gallagher fait de même sur son coté droit de la scène. Après un départ de quelques minutes le groupe revient pour un rappel de deux titres dont l’excellent Carry, que j’espérais depuis le début, même si Aaron Harris m’avait avoué à ma demande un peu plus tot qu’il ferait partie du set (putain, le spoiler). En conclusion, tu vois, juste un très bon concert – pas le concert de ta vie, pas le truc qui te laisse sur le cul, mais le gig qui procure simplement le plaisir d’avoir enfin vu sur scène l’un des groupes à la discographie la plus fascinante que tu connaisses. Le plaisir de cocher cette stupide petite croix imaginaire au fin fond de ta tête et de te dire « okay, c’est bon, Isis c’est fait, plus que NIN et quelques autres et je pourrai enfin mourir en paix ». Sale geek.

Photo: Djil (http://djillijd.online.fr)

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