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Live Reports

Lydia Lunch & Big Sexy Noise + Blackthread – Sonic (Lyon), 25/11/09

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Profitant de l’annulation à la dernière minute du concert de Big Sexy Noise à Marseille (à confirmer ou démentir mais il semble que le manque inquiétant de préventes en soit la principale raison), le Sonic a sauté sur l’occasion pour proposer à son public lyonnais (on aimerait dire fidèle et dévoué) la diva No Wave et le groupe actuel qui l’accompagne – comprenez par là Terry Edwards, James Johnston et Ian White alias trois quarts de Gallon Drunk, le quart manquant étant le bassiste Simon Wring. Cerise sur le gâteau – une fois n’est pas coutume puisque c’était déjà le cas lors du concert parisien la veille – c’est Blackthread, avec un album tout juste sorti, qui ouvre en première partie.

Pierre commence son set avec « Falling For Keith » devant une petite trentaine de personnes (on en comptera une bonne centaine à la fin de la soirée, ce qui n’est pas si mal pour un plan promo de six jours) alors que la plupart  squatte encore dehors. Il doit lutter avec la musique de fond que le sondier semble avoir quelques difficultés à couper (normal, celui qui officie la plupart du temps aux manettes étant sur scène, on ne peut pas être au four et au moulin). Au contraire de ses premiers concerts au Sonic, pour lesquels il jouait par terre, Pierre est ce soir sur la scène et on remarque d’autant plus – et c’est bien dommage – que les gens rechignent à s’en approcher. Pas grave puisque le son est plutôt clair et fort, assez pour couvrir les bruits parasites de bavardages de comptoir qui vont bon train derrière. On sent dans le déroulement du set une maîtrise plus aiguisée des aspects techniques : cela ôte à ce deuxième concert auquel j’assiste le coté fébrile du premier, et lui octroie en revanche une certaine consistance qui n’est pas déplaisante ; on redécouvre en live « Threadless Sisters » et sa boucle effrayante ; et puis nouveauté, une reprise de Bästard (merci Laureen) vient s’intégrer à la setlist, qui s’achève avec « It Feels Like A Heavy Coat ». Bonne entrée en matière.

[youtube]zfrQykYZGcg[/youtube]

Lydia Lunch est presque plus connue pour ses multiples collaborations (Fœtus, Sonic youth, Nick Cave & The Bad Seeds, j’en passe et des meilleures – et puis, plus récemment, Philippe Petit de Strings of Consciousness) que pour ses travaux en solo pourtant nombreux et variés. Activiste féministe à la réputation dure, violente, et à la personnalité profondément affirmée, c’est une femme convaincue qui prend la scène du Sonic d’assaut en balançant d’entrée un « Good evening everyone, we’re glad to be here and not in fucking Marseille! We’re Big Sexy Noise, and we sound just like this« . (Pour l’anecdote j’ai essayé de compter le nombre de « fuck » et « fucking » dans les interventions de la miss, j’ai vite renoncé, on se serait cru en plein The Big Lebowski). Pas d’énorme surprise coté formation instru, on retrouve donc James Johnston à la guitare, Ian White à la batterie et Terry Edwards au clavier et au saxophone. Le son prend d’ailleurs un tout autre cachet quand ce dernier s’attèle au saxo, l’orgue tirant un peu trop les morceaux sur un vintage 70’s pas des plus digestes. Si vous voulez mon avis, j’ai toujours été convaincu qu’on n’entend pas assez de saxophone dans le rock contemporain (au sens large). ALORS OK – j’ai un peu honte d’écrire ça en ayant raté le concert de Blurt il y a peu (toujours au Sonic, quitte à passer pour un lèche cul j’en reviens toujours à la conclusion que cette salle est indispensable à une ville comme Lyon), j’anticipe parce que j’en connais deux qui ne manqueront de me le renvoyer en pleine gueule. Bref, au sax qui gonfle à outrance les riffs crados de la jaguar de Johnston, je dis un grand oui : ça sent le rock’n roll, la bière chaude et la sueur tout ça (le brave homme à coté de moi a pris au premier degré la consigne de déshabillage que miss Lunch formule au micro, c’est vrai qu’il fait chaud au sonic et on ne tarde pas à sentir quelques effluves de gymnase).

[youtube]k5MOa398gyc[/youtube]

En bonne activiste, la chanteuse y va de ses petits speeches entre les morceaux pour en mettre plein la gueule des rock stars qui se cament (« Pete Fucking Doherty » et « Amy Fucking Winehouse« ), des troupes américaines qui « mènent une guerre qui ne se terminera jamais au nom de cette putain d’Amérique impérialiste », et avec « Your Love Don’t Pay My Rent », aux méchants mâles qui pensent rien qu’à boire de la bière, à regarder le foot à la télé, à jouer aux jeux vidéos, et accessoirement au cul (« You better stick that thing back in your pants if you’re trying to impress me cause your love don’t pay my fuckin’rent« ). Moi, j’avoue que ça me laisse un peu perplexe, autant d’énergie dépensée à dénoncer ces état de faits devant un parterre de gens évidemment déjà convaincus (dixit Lydia Lunch elle-même dans une interview où elle déclare que son public est un public cultivé, et qu’il vient chercher en elle bien plus que de la musique). A se monter ainsi contre toutes les tares de notre société mal-pensante nombreux sont ceux qui finissent par tomber dans la caricature grossière. En même temps, quand tu en as fait ton métier, hein, qu’est ce que tu veux faire d’autre.
Mais bon… Il faut reconnaître qu’à presque cinquante ans, l’engagement de la dame fait bien plaisir à voir. Il faut une certaine foi en soi (j’allais dire « des couilles », mais je ne suis pas sûr que l’expression lui rendrait hommage au sens auquel je l’entends) pour arriver, après avoir présenté chaque membre du groupe, à balancer « …And if you don’t know who I am, go back to fucking school« .
Le concert se finira par un rappel bien mérité par le public après qu’il ait réussi à garder un silence presque complet pendant trente secondes (toujours à la demande de LL). On a bien failli en être privé, une jeune fille ayant discrètement rompu le sceau du silence – ce qui lui a d’ailleurs valu, la pauvre, de se faire pourrir en direct live par la diva (qui ne doit sans doute pas aimer les applaudissements). Moi, un tel appoint, ça me fait plutôt marrer. Les icônes, ça joue dans les stades d’habitudes, mais qu’est ce que tu veux de plus : nous on était à peine cent et on en avait une rien que pour nous hier soir. La classe!

Photos : Gérald Tournier

5 comments
  1. TheWater.queen

    Ce qui est cool avec les chosen few, c’est qu’ils m’ont tout l’air de tenir parole ; sinon, Lydia, elle remonte bien le moral. Bon c’est quoi la suite déjà Dark Globe? see u

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