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Disques

Marvin / Hangover the Top

Difficile de passer à coté de l’ouragan Marvin ce début de printemps, le trio montpelliérain est partout, depuis la couverture de Noise magazine jusque sur l’affiche du Clacson (très bientôt). La raison de ce raz de marée, c’est leur second LP, Hangover the Top, qui vient tout juste de sortir sur Africantape (label dont on affectionne de plus en plus le catalogue par ici, disons-le). Leur premier était une pure autoproduction et sa sortie était donc passée un peu plus inaperçue. Je n’ai pour tout dire pas mis la main dessus et c’est donc un avis tout neuf que je vais pouvoir me faire sur le trio avec ce bien charmant digipak.

Coté formation, on retrouve autour de la batterie une guitare et des claviers – beaucoup de claviers – il n’est d’ailleurs pas rare que les synthés viennent remplacer la six-cordes. Commençons par la fin pour une fois – c’est le genre de détail qu’on note plutôt de façon secondaire en effet – mais merde, quel artwork! Le disque arbore fièrement une pochette monochrome énigmatique (il s’agit en fait d’un building de Hong-Kong pris en contre plongée, au polaroïd) qui image à merveille le coté rétro-futuriste de l’album et tout son contraste. On va y venir.

On entre donc dans le vif du sujet avec les premiers accords de « Roquedur ».  Le ton est donné : sur un riff d’intro orgasmique, aux allures de véritable baffe dans ta gueule, Marvin prévient qu’on n’est pas là pour rester les miches collées au fauteuil.  Les compos sont majoritairement instrumentales, on retrouve uniquement sur trois titres quelques parties « chantées » hachées menues au vocoder. Mais tout le long des plans de batterie incisifs qui découpent le tempo, la formation reste fidèle à son éthique d’expérimentation – les synthés vintage bourdonnent, la guitare se la joue garage punk, et tous s’amusent déjà à nous parachuter en territoire inconnu, quelque part entre les Stooges, Kraftwerk, Metallica et Jean-Michel Jarre (oui madame). Et ça ne va pas s’arranger, non, du tout, car tout le disque est un long cocktail aussi subtil que déjanté de seventies, d’eighties, et de nineties. Un concentré décomplexé qui regorge autant du noise-rock déconstruit de Bastärd ou Zëro (à qui le trio fait d’ailleurs un joli clin d’oeil sur le troisième titre)  qu’il évoque les élucubrations électroniques vulgarisées à outrance par la disco-pop de la fin des années quatre-vingt. Mais si la recette est exotique, certes – c’est dans la préparation que le trio impressionne vraiment : sans jamais faire étalage excessif de sa technique (il avoue avoir évité avec soin l’enchaînement de plans inutiles) il assène avec sa section rythmique un groove particulièrement efficace, et sans basse (encore faut-il le remarquer car jamais elle ne vient à manquer. Cela tiendrait presque de la prouesse). L’énergie de l’album, elle, trouve toute son essence dans les mélodies et la consistance des synthés, dans la variété des styles évoqués ici – punk, rock, funk, techno (!) dans le chaos et l’anarchie les plus totals, mais avec un sens de l’esthétique indéniable et plutôt poussé.

On n’oublie pas une pincée d’humour et de dérision à la française (un petit coup d’oeil aux titres des morceaux?) – sans pour autant glisser dans la caricature grossière, et le tour est joué. Du premier titre jusqu’à la reprise de Brian Eno qui clôt l’album, « Here Comes the Warm Jets » (très bel hommage à un des monuments de l’expérimentation sonore) Hangover the Top est un album jouissif qui vous laissera complètement accro.

En écoute : « Roquedur »

[audio:http://ia331203.us.archive.org/3/items/PlaylistMusicSelectedMusic/Marvin_Roquedur.mp3]
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