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Disques

Mirroring / Foreign Body

Alors que les deux escales Lyonnaises du festival « Les Femmes s’en Mêlent » viennent tout juste de se dérouler, avec notamment le sublime concert que Still Corners à donné à l’Epicerie Moderne devant un public peu nombreux, mais privilégié et conquis (on vous en reparle très vite avec du son et des images, c’est promis) c’est un autre projet 100% féminin qu’on a découvert la semaine dernière avec Mirroring, et l’album Foreign Body sorti déjà depuis quelques temps.

Mirrorring est donc un jeune duo, fruit d’une collaboration tout à fait inédite entre Liz Harris, dont on avait entendu parler l’année dernière du projet solo Grouper sans y prêter une grande attention (il va falloir vite remédier à cela) et Jesy Fortino, connue également sous patronyme Tiny Vipers, membre de l’écurie Sub Pop. Les deux musiciennes ont en commun un goût prononcé pour la musique abstraite et minimale, et c’est donc sans trop de surprise qu’on se retrouve avec Foreign Body en plein univers ambiant et drone, parsemé de longs morceaux éthérés et brumeux à souhait ; pas trop loin de Stars of The Lid, l’occasion de préciser que c’est encore une fois le label Kranky qui présente ce disque et en assure la sortie. Au delà de ces ambiances flottantes et somnifères, se glisse un chant à la fois distant et incroyablement présent, vaporeux et rempli de reverb lui aussi – mais si captivant qu’il est difficile parfois de s’en détacher. On pense inévitablement à Jessica Bailiff, à Lisa Gerrard (Dead Can Dance), ou de façon moins évocatrice aux vocalises contemplatives de Julianna Barwick. Mais au fil des morceaux, il y a ces touches de guitare acoustique, lamentées, songeuses, comme sur le troublant « Cliffs » qui installe sur neuf minutes un climat apaisant mais ou des sonorités diffuses et tournoyantes, vertigineuses même, viennent brouiller les pistes. Autre clé de voûte de Foreign Body, « Drowning the Call » décline des voix envoûtantes et d’une beauté épurée, couchées sur des boucles vaporeuses qui rappellent Eluvium, et que relèvent avec justesse quelques rares notes de guitare folk. « Silent From Above », titre au format le plus classique de l’album, fait la part belle au chant, mêlant voix de tête et choeur lointain et complice sur un accompagnement élégant.

Toutes références oubliées (et elles peuvent être nombreuses quand on vient à parler de musique expérimentale, surtout quand celle-ci repose sur un certain minimalisme) le défaut de Mirroring et de Foreign Body aurait pu être de se contenter de rapprocher les univers des deux artistes et de les conjuguer – ce qui en soi aurait déjà abouti à un beau résultat ; Jesy Fortino et Liz Harris ont fait bien plus que cela, sans réinventer le style mais en insufflant à leur écriture commune une sensibilité et une fragilité contagieuses. Un disque qui vient embellir le catalogue Kranky avec style et sur lequel tout amateur devrait tendre l’oreille…

En écoute : « Silent From Above »

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