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Disques

Mogwai / Earth Division EP

Après avoir fêté la quinzième année d’existence d’une carrière au cours de laquelle il a sorti douze albums (si l’on compte les bandes originales de Zidane: A 21st Century Portrait, et celle de The Fountain de Darren Aronofsky, composée avec Clint Mansell) Mogwai publie un ènième EP, intitulé Earth Division, enregistré avec l’aide de quelques invités au piano et au cordes. Quatre titres pour un peu moins de ving minutes: après deux albums pas vraiment mauvais mais un peu tièdes, pas de quoi à priori s’enthousiasmer ni remettre en question la suprématie de Young Team ou Come On Die Young sur la discographie des écossais.

C’est pourtant dès la première lecture que Earth Division bouscule quelques certitudes. L’ayant écouté quelques heures après un « Christmas Steps » pioché par hasard dans le sac d’une playlist, on ne peut qu’admettre qu’Earth Division s’inscrit dans un registre totalement différent, et qu’il est inutile d’essayer de le placer au milieu des autres disques du quintette. Exit les basses rondes et enveloppantes, les envolées épiques et crescendos apocalyptiques – le « post-rock » que Mogwai a contribué à façonner (et a même parfois fini par caricaturer lui-même) est bien ridé, à défaut d’être mort et enterré. Exit aussi les ballades électro mièvres à la sauce M83, qui ont (à mon sens) toujours été de piètres raccourcis et dont le résultat s’est toujours montré bien en deçà du potentiel du groupe. Mogwai explore ici une facette de sa musique déjà évoquée plusieurs fois dans ses albums récents mais toujours de façon inachevée: l’association du piano, des cordes (violons, violoncelles) et de ses guitares.

« Get To France », titre d’ouverture, rappelle ostensiblement l’influence d’Erik Satie sur le groupe (et sur bien d’autres artistes contemporains). En à peine plus de deux minutes le titre invite déjà aux voyage, on y trouve une certaine humilité et un classicisme sonore dont la formation avait rarement fait preuve. « Hound of Winter », tirant davantage vers folk et musique traditionnelle (guitare acoustique et harmonica) s’avère aussi un terrain solide pour les refrains aux harmonies envoûtantes, et le savoir-faire de Braithwaite et des siens dans leur composition. Ce sont les arrangements, simples, libérés de la grandiloquence dont Mogwai a parfois eu tant de mal à s’affranchir, qui donnent ici une couleur particulièrement émouvante aux morceaux. « Drunk & Crazy » – peut être le plus bruitiste, de par l’ajout de guitares vrombissantes et compressées, parenthèse de style, sert de pont pour atteindre le final « Does This Always Happen », construit sur une boucle de guitare typique du « son Mogwai », répétée du début à la fin du titre et servant de canevas aux cordes et au piano qui ont alors à elles seules le loisir de dessiner le morceau.

Alors qu’on commençait vraiment, après l’avoir revu récemment sur scène, à perdre espoir d’être à nouveau séduit par un disque de Mogwai, Earth Division ramène – à la mesure d’un court interlude, mais c’est déjà quelque chose! – un peu d’eau au moulin qui ne demande, on l’espère, qu’à repartir de plus belle.

En écoute intégrale ci-dessous (via Soundcloud)

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