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Disques

Mono / For My Parents

Infatigables, les japonais de Mono. Constants aussi, sortant à peu près avec la même régularité un album tous les deux ans depuis Under The Pipal Tree (sorti en 2000) et enchaînant entre chaque parution les tournées mondiales. Il faut dire que le succès grandissant du groupe depuis l’album You Are There lui a ouvert quelques portes, lui donnant accès à des salles plus grandes, mieux équipées, lui offrant aussi une visibilité accrue auprès d’un public plus nombreux, mais pour un genre dont on sait l’auditoire avisé et exigeant.

Le visage du quatuor mené par Takaakira Goto a d’abord su évoluer en ce sens, affinant sa musique et grandissant jusqu’à devenir un des leaders incontestés de son espèce aux cotés de Godspeed You! Black Emperor ou d’Explosions In The Sky, revendiquant haut et fort les influences classiques de ses compositions jusqu’à s’entourer d’orchestres philarmoniques lors de certaines de ses représentations. For My Parents reprend à peu près les choses à cet épisode, puisqu’on y retrouve de nombreux ajouts à la formule de base (deux guitares, basse, batterie): ensembles de cordes, piano, percussions (l’album a été enregistré avec The Wordless Music Orchestra, déjà présent sur le DVD live du groupe sorti il y a deux ans). Si la musique des japonais y gagne en intensité (et encore), elle y perd malheureusement le coté immédiat et spontané que l’on appréciait sur des titres comme « Halo » ou « The Kidnapper Bell », voire même son identité propre lorsque les violons se font trop présents et gomment maladroitement la finesse des arpèges d’Hideki Suematsu (« The Legend »). Le tout ressemblerait alors presque à un vulgaire score de film de guerre. A vouloir trop en faire, Mono s’enlise dans les arrangements indigestes, déclinant ses crescendos sans surprise ; des cinq titres, seul « Nostalgia » échappe de justesse à la grandiloquence et à la démesure, du long de ses douze minutes – sans pour autant parvenir à captiver, nous laissant avec cette sensation de déjà entendu : après six albums, on était en droit d’attendre un peu de nouveauté tout de même. Alors certes, le talent d’écriture de Goto est toujours là (même si le choix de certains accords de piano semble douteux sur « Unseen Harbor », à moins que le piano ne soit tout simplement de trop?) et l’album repose toujours sur de superbes mélodies. Ceux qui ont pris plaisir à écouter Hymn To The Immortal Wind (2009) devraient donc encore une fois trouver leur bonheur dans For My Parents. Mais pour les autres, ceux pour qui les trois premiers disques de la formation restent sans hésitation les plus intéressants, il faudra se faire une raison : le chemin que suivent les japonais s’éloigne un peu plus de celui qu’on aurait choisi pour eux.

« Nostalgia »
« Legend » (clip officiel qui vaut le détour, ne serait-ce que pour ses images de paysages d’Islande)

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