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Peter Hook / Substance, New Order vu de l’intérieur.

«Ce livre contient la vérité, toute la vérité, rien que la vérité…enfin, d’après mes souvenirs!» Peter Hook, Substance (Avant-propos)

Bassiste de Joy Division puis de New Order, Peter Hook -61 ans et toujours actif- n’en finit pas de revisiter son passé. Que ce soit au sein de Peter Hook and the Light avec lequel il interprète avec dévotion l’ensemble du répertoire des deux groupes, ou en nous racontant une histoire faite de magnifiques résiliences, « Hooky » reste fidèle à ce qui l’a construit et paraît, à ce jour, en être la mémoire vivante. Personnalité la plus affable des mythiques formations mancuniennes, il en est à sa troisième publication sur ce qui aura animé le cœur de son existence. Soit écrire et jouer une des musiques les plus étonnantes et novatrices qui fût durant deux décennies au moins –ce qui est un exploit et le signe d’un indéniable tempérament créatif.
Après L’Haçienda, la meilleure façon de couler un club, suivi du très réussi Unknown Pleasures, Joy Division vu de l’intérieur, Peter Hook s’est logiquement attaché à l’envol et à l’apogée puis au déclin (selon lui) de New Order qui naquit, contraint et forcé, au printemps de 1980 sur les cendres de Joy Division. Autant dire une somme! En termes de durée presque la moitié d’une vie –ceci pris pour échelle. Le bassiste « Hooky » ne s’est en effet séparé du reste du groupe qu’en Février 2007, considérant l’affaire close, alors que ses anciens partenaires -avec lesquels il reste en différend juridique- ont décidé de continuer ensemble, ne prisant guère l’annonce qu’il fit il y a dix ans de la fin de New Order, dont il demeure à jamais pilier fondateur et exilé volontaire.


A quoi peut-on s’attendre à la lecture de cet épais volume de plus de sept cent pages? Une revanche, l’exploitation d’un passé glorieux –on n’y croit pas- ou la narration objective de ce qui fût la réalité de quatre musiciens et de leur entourage? Suivant un ordre chronologique Substance relate dans le détail ce qui constitua le quotidien comme les grands moments de New Order, de son management et des personnalités liées à cette entreprise artistique et souvent rocambolesque, où les personnages s’agitent, présentés à quelques épisodes comme d’incontrôlables larrons en foire. Sur deux corpus essentiels « Movement » et « Brotherhood » -titres de deux albums hautement symboliques– le texte se déroule selon un système de composition alternant souvenirs, chronologies d’enregistrements, événements et concerts, listings détaillés et chroniqués des albums et singles. Par le ton employé on retrouve la verve et l’humour so British, parfois grinçant, auxquels les deux précédents livres nous ont habitués. Le style est parlé, direct qui privilégie l’action. La maison d’édition française confiait que la traduction du texte fût un exercice délicat, pour une retranscription en un français conservant au plus près l’esprit de l’auteur iconoclaste. Quoiqu’il en soit, Substance se lit à tout instant –si ce n’est n’importe où-, compte-tenu de l’épaisseur de l’objet! On sourit et rit volontiers aux situations, bien que l’on croule à certains chapitres sous des détails pas absolument utiles, auxquels on aurait préféré un commentaire plus analytique de l’œuvre. Il se dégage ainsi un contraste entre l’image extérieure austère et taiseuse que donna New Order, et la description qui en est faite ici. Interviewé par le NME, Peter Hook répondait, évoquant le livre de Bernard Sumner (guitariste et chanteur de New Order): «Barney a écrit l’histoire de New Order en quarante pages». C’est évidemment un format un peu court pour sa propre vision des choses.
Viking assagi mais pas encore à la retraite, Peter Hook est en plus d’un bassiste unique, une personnalité attachante, à la franchise imparable et au grand cœur sans doute. Inextricablement lié à son histoire avec Joy Division et New Order, il tourne sans cesse autour et revient sur son passé avec une clairvoyance singulière: «La lucidité peut-être aveuglante» (Substance, Brotherhood, p 698). Avec plus ou moins de nostalgie selon ceux qu’il évoque – Bernard Sumner en prenant largement pour son grade tout au long des chapitres – il n’oublie personne et pense probablement que chaque petite chose compte… Substance est un livre pour fans, bien sûr, écho d’une aventure humaine agitée, qui n’échappe pas à des poncifs qui collent aux travers débridés d’un univers Rock and Roll parfois caricatural. En ce domaine notre homme ne s’est guère épargné. Le lecteur se dira peut-être qu’il aurait pu nous en éviter quelques uns.

Publié aux éditions Le Mot Et Le Reste. 08/2017. Peter Hook a récemment déclaré qu’il envisageait l’écriture d’un prochain livre dont le sujet serait l’histoire de la musique de Manchester. Il sera à La Maison De La Poésie, Paris V, le lundi 18/09 à 19h. Lecture et entretien.

One comment
  1. Jean Noel Bouet

    Erratum. La Maison de la Poésie se trouve rue St Martin,Paris 3eme.

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