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Disques

Russian Circles / Geneva

Après cinq petites années de carrière, et plusieurs tournées, Russian Circles en est dejà à son troisième LP (Enter sorti en 2006, et Station en 2008). Geneva est sorti il y a quelques mois chez Suicide Squeeze. Prolifique, le trio de Chicago, mais pas à n’importe quel prix. Après un second disque que l’on avait trouvé plutôt tiède, moins convaincant que leur excellent debut album, le groupe mené par Brian Cook (connu entre autres pour ses appartenances à Botch et These Arms Are Snake) semble enfin avoir réussi à poser sa recette sur le papier : gros son, mélodie… et groove.

Le disque commence avec ses deux titres les plus in your face, « Fathom » et « Geneva », riffs testostéronés et roulements de toms tout devant : déjà, l’entrée de la basse, la rapidité d’éxécution du jeu de batterie semblent annoncer la couleur. Si le son heavy des guitares rappelle celui leur concitoyens de Pelican, et si les riffs plombés grinçants en arrière plan, allongeant l’étendue sonore, ne nous sont pas tout à fait étrangers non plus, c’est bel et bien de groove qu’il est question ici. Usant de structures élaborées, jouant avec le mixage, changeant de partition au gré des mouvements, Russian Circles brouillent les cartes et font oublier leur nombre : difficile de penser qu’une musique si dense est produite par trois seuls instruments et c’est pourtant bien le cas. Et puis, le son se fait moins agressif, les rythmes s’allongent progressivement, emmenant « Melee », puis « Hexed Hall » – où les percussions se font quasiment oublier pour magnifier le lyrisme du morceau – vers des horizons post-rock plus évidents mais tout aussi classieux, grâce aux cordes (Susan Voelz et Alison Chesley respectivement au violon et au violoncelle, qu’on a d’ailleurs récemment entendu chez… Mono!). « Malko » (titre absolument génial, au riff d’ouverture incontournable) revient à l’essence du groove mentionné plus haut, sur des rythmes vertigineux tout du long de ses cinq minutes. Les deux titres qui concluent le disque, plus étirés, révèlent à leur tour un travail plus fin sur les structures, même si tous deux construits sur de lents crescendos pas des plus inédits : mais c’est plutôt la manière avec laquelle la basse et la guitare se soutiennent mutuellement qui étonne ici, voire qui impressionne.

Russian Circles ne réinventent pas vraiment la poudre avec Geneva (c’est de plus en plus difficile de trouver un groupe de post-rock instru à grosses guitares qu’on n’a pas l’impression d’avoir déjà entendu), et ce n’est clairment pas leur ambition ici – mais ils adaptent remarquablement leur formation à ce style, et qui plus est, ont su incorporer nombre de motifs mélodiques qui font mouche. Un troisième album de haut vol, que le groupe soutient actuellement en tournée (et ce soir au Grrrnd Zero Gerland). A noter que l’album est en streaming dans son intégralité sur le site du label, ici.

En écoute : « Malko »

[audio:http://www.suicidesqueeze.net/promo/downloads/russiancircles/malko.mp3]
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