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Disques

Simian Ghost / The Veil

simianghost_theveil2014 avait eu la douce idée de ramener sur nos côtes l’un des béguins musicaux scandinaves, en l’occurrence les danoises de Giana Factory, responsables d’un nouvel effort électropop aux idées noires, enivrantes et frissonnantes de grâce mais aussi suivi d’un magnifique seppuku accompli voici quelques mois (RIP Giana Factory). En ce début 2015, ce sont les suédois de Simian Ghost qui réapparaissent sur nos platines; eux dont le délicat Youth, véritable bonheur de fraîcheur pop nous avait chatouillé et chaviré le palpitant en un tour de main. The Veil est d’abord le troisième album du projet initié par un Sebastian Arnström entouré au fil du temps par les Light Vibes puis, pour ce troisième opus, de la chanteuse Maja Agnevik et du bassiste Wilhelm Magnusson. Mais c’est aussi un objet idoine pour prouver la productivité impressionnante des lascars : la version internationale, remplie à ras bord, rassemble pas moins de 18 morceaux (même si quelques-uns correspondent plus à des interludes musicaux comme le morceau collage « Secret Meadows » ou l’expérimental « Strange Lights »), histoire d’à la fois préciser et agrandir le terrain de jeu.

Si Youth scintillait d’une lumière bucolique comme une rosée matinale, The Veil brille aussi mais d’une manière plus ténue et mate: l’horizon est dégagé et prend ses quartiers sur une plage à galets. Sur celle-ci, les vagues et les embruns se dispersent en ouverture et fermeture (« The Veil ») du disque. Mais point d’Ibiza ici; l’environnement, doucement mais constamment nuageux, est plus propice aux introspections et doux vagues à l’âme dansants. Depuis le précédent album, le groupe a sophistiqué son esthétique avec les Beach Boys en ligne de mire comme idéal de perfection mélodique musicale (évidents « Float » et « One Million Shining Colors »). Les fragiles chansons portent ainsi fièrement leur étendard pop, dérivent quelquefois vers de subtiles variations funky (« Never Really Knew » et son prédécesseur « Scattered And Careless ») mais c’est souvent pour mieux cacher les dérives existentielles : que ce soit le sentiment de perte sur l’élégiaque « Echoes Of Songs (For Trish Keenan) » ou de vacuité et d’inadéquation à l’époque actuelle. Les chœurs presque omniprésents (« Cut-Off Point ») et les duos féminins polissent l’ensemble en offrant souvent une approche rétro absolument ravissante comme sur « Be Good Kid ». The Veil possède aussi ses moments de purs dénuements : le cristallin « Endless Chord », l’acoustique à fleur de peau de « Fight Even », la nostalgie limpide de « Hidden In Your Leaves ». Simian Ghost n’en oublie pas pourtant ses anciennes habitudes: « I Will Speak Until I’m Done » est une shoegaze légère et pop, « Summer Triptych » respire l’indie-rock gracieuse et maligne et les deux titres, peut-être plus insouciants que le reste de l’album, auraient pu, sans doute, trouver leur place sur Youth.
Avec ce troisième album, Simian Ghost développe encore son identité. Le groupe y révèle le pan d’un univers musical complexe et vaste dont le foisonnant, l’intime mais pourtant épique « The River Ouse » (près de 8 minutes en une suite de déclinaisons quand même) pourrait être l’illustration sonore. Il y a par ici bien plus de richesses que ce que l’on pourrait percevoir dans un premier temps, bien plus de secrets cachés dans les recoins et de drames dissimulés derrière des mélodies entraînantes ou tranquilles. De rêves comme autant de larmes dans l’océan.

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