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Disques

Thee Silver Mount Zion / Kollaps Tradixionales

Même si c’est par ici un grand plaisir de voir Thee Silver Mount Zion sortir un nouveau disque, il y a toujours ce petit pincement au cœur quand on se dit que cela nous éloigne un peu plus d’une hypothétique reformation de Godspeed! You Black Emperor (et encore, cela aurait-il vraiment du sens). Après avoir subi le départ de quelques uns de ses membres (Ian Ilavsky, Eric Craven et Beckie Foon) le groupe a donc abandonné son extension de Tra-La-La Band et livre depuis le 8 février dernier le successeur de 13 Blues for Thirteen Moon: un disque sans grand bouleversement, mais toujours empreint des mêmes douleurs, désillusions et espoirs. 

Plus besoin de présenter la musique des Montréalais, depuis dix ans maintenant, et He Has Left Us Alone (…), on a eu plus de temps qu’il n’en faut pour se familiariser avec cet ensemble cordes / guitares si particulier, et avec le chant non moins intrigant d’Efrim Menuck: ce chant fervent, plaintif et hanté, clé de voûte de la communauté orchestre. Kollaps Tradixionales ne déroge pas à la règle, la voix de Menuck reste criarde et parfois vraiment appuyée, et cela en deviendrait désagréable parfois si elle n’était pas aussi empreinte de vérité et de lumière. Et nous de percevoir en Menuck cette image d’un prophète moderne, tout en luttant contre cette idée parce qu’on sait qu’elle le repousserait lui aussi – mais au fond, le message de Thee Silver Mount Zion, sous ses airs de folk punk à cordes joué au volume le plus fort possible, a peut-être bien quelque chose de prophétique, au delà des textes revendicateurs, pro alter-mondialistes, pacifistes, et anticapitalistes qu’on peut trouver dans leurs chansons. Et de plus en plus, la forme épouse le fond : les instruments se voient dénudés d’effets, les guitares sonnent de la façon la plus primaire qui soit, comme pour suggérer que le message est simple, sans détour, et qu’il faut dire les choses comme elles doivent être dites. Après quatre minutes d’improvisation dont les ambiances rappellent immanquablement l’Evangelista de Carla Bozulich, « I Fed My Metal Bird… », seconde partie d’un dyptique porteur d’une rage puissante et exacerbée, se met à faire tournoyer violons et guitares fuzz au sons des « Dance, motherfuckers! ». Le titre d’ouverture, « There Is A Light », livre, lui, une vision plus apaisée et tranquille reposant sur une instrumentation davantage lyrique où les harmonies de corde s’expriment plus librement. Courtes odes poétiques (« Collapse Traditional (For Darling) ») ou lamentations méditatives (« ‘Piphany Rambler) ponctuent le disque entre ses deux pièces maîtresses, « Metal Bird » et le tryptique « Collapse Traditionnal », aux rythmes plus effrénés mais toujours éloignés d’une quelconque structure couplet / refrain (« Bury 3 Dynamos » et son hallucinant riff de violon).

Kollaps Tradixionales n’est pas vraiment une révolution pour le collectif mené par Menuck, qu’on ne peut plus aujourd’hui que voir comme le meneur spirituel de sa formation – même si c’est une notion que cette dernière a toujours rejeté en bloc. La survie et l’évolution du projet malgré plusieurs changements de line-up, autour d’un noyau dur certes, est une preuve de détermination et d’authenticité qu’on se plaît à retrouver dans leur musique (pour ne pas dire que c’est une vraie bouffée d’oxygène), et de façon plus générale, dans le travail du label Constellation et les nombreuses collaborations auxquelles ses fondateurs prennent part (comment ne pas penser à Vic Chestnutt). Peut-être est-ce le contexte, peut-être  l’inspiration, qui sait… Mais si la musique d’A Silver Mount Zion a toujours été belle, lumineuse et touchante, elle l’a rarement été à un tel point.

En écoute : « Bury 3 Dynamos »

[audio:http://www.tra-la-la-band.com/torched/xxx371qaz1234]
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