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Live Reports

Be My Weapon + Ödland + At Anchor – Sonic (Lyon), 24/10/09

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En ce moment, dans notre bonne vieille ville de Lyon, c’est un peu l’abondance coté concerts. Si depuis quelques années on se sent enfin (plus ou moins) définitivement sorti de la torpeur des « années sombres » qui se sont passées entre la fermeture du Pez Ner ou la cessation d’activité du bistroy, et l’émergence du Sonic, du grrnd Zero et de l’Epicerie Moderne, on assiste en ce moment à une déferlante de groupes tous plus intéressants que les autres. Résultat, bien souvent il faut choisir – et il devient bien difficile de prédire l’affluence du public…

Mais aujourd’hui, c’est samedi, demain y’a pas école et c’est dans un Sonic déjà à moitié plein qu’At Anchor ouvre la soirée. Le quatuor, parfaitement mixte, se compose de quelques têtes connues qu’il nous semble bien avoir déjà croisées ici ou , à juste titre car on les a vues donner le coup de main à l’orga de nombreux concerts (celui de Fuck Buttons étant le dernier en date). Mais ce soir, c’est sur scène que se passe leur affaire. On apprendra assez vite qu’il s’agit de l’un des premiers concerts du groupe (la formation actuelle ne vit que depuis le printemps je crois), la chanteuse invoquant cette raison pour demander l’indulgence du public – qui la lui donne, d’abord parce qu’il est gentil, le public du Sonic, et puis surtout parce que sans se « trahir » de cette façon le groupe aurait aisément laissé planer le doute. A l’aide d’une guitare, d’un violon, d’un glockenspiel et de deux bien jolies voix féminines, l’indie-folk que livre At Anchor nous emmène dans de belles ambiances, parfois mélancoliques, parfois plus légères, se balandant entre Marissa Nadler, Tara Jane O’neil ou Kimya Dawson. Alors c’est vrai, tout n’est pas encore exempt de petits défauts d’aspect ou d’éxécution, mais il n’y a là absolument pas de quoi s’excuser, bien au contraire : un peu plus d’assurance ne pourra faire que du bien à leur musique, aux émotions qu’elle procure, et devrait finir de modeler un univers qui ne demande qu’à prendre forme.

Le second groupe de l’affiche ne m’était pas totalement inconnu, il m’aura fallu en parler avec un de mes collègues de groupe pour me souvenir qu’ils nous avaient ajouté sur myspace il y a de cela quelques mois. Ödland est donc un quatuor, lui aussi, composant sa musique autour d’un piano omniprésent, d’un violon, et de bruitages divers disséminés à l’aide d’une multitude de jouets fischer price. On pourrait penser à un Cocorosie des débuts si l’ambiance n’était pas ancrée à ce point dans le XIXème siècle, tant au niveau musical que visuel, le pianiste ainsi que les trois musiciennes arborant des tenues vintage d’un très bel effet. Et avec çà, au delà de la musique, la formation joue franco la carte du théatre, sans pour autant tomber dans l’excès. La chanteuse – au travers de ses interventions entre les morceaux, continue à jouer son personnage imaginaire, lui insufflant quelque chose entre candeur, et espièglerie, qui prête au sourire mais désarçonne quelque peu un public qui ne sait pas trop comment réagir (ou convainc quelques petits malins de se laisser aller à pousser haut des remarques plus ou moins amusantes). Très bon point, l’univers sonore et visuel, l’attitude sur scène, tout fonctionne, et même si on n’est pas forcé d’apprécier, Ödland parvient sans peine à nous emmener dans son monde. De mon petit coté, les passages plutôt tristounets et mélancoliques, piano à la Yann Tiersen, exercent plus de charme que les rythmes guinguette de certains morceaux plus enjoués. Malheureusement le set finit par un peu trop traîner en longueur, et le temps jouant contre lui le groupe laisse s’envoler l’attention d’un public qu’il avait pourtant gagné, et ce non sans un certain mérite. Le prochain concert d’Ödland aura lieu au Nouveau Théatre du Huitième. Amateurs de mélanges improbables des disciplines, allez les découvrir dans cette salle qui sera sans aucun doute bien plus adaptée à leurs décors.

Be My Weapon (alias Swell), en trio (David Freel au chant et à la guitare, toujours accompagné de son batteur et d’un autre guitariste / clavier) montent sur scène et commencent à jouer, mais rapidement les choses se corsent pour eux. Un problème de son avec le clavier les pousse à recommencer un titre, avant de s’arrêter complètement. Petit stand by de dix minutes, puis le concert repart. On n’entend toujours pas le clavier, mais cette fois le concert continue tant bien que mal. Imperturbable (trop professionnel?) le leader du groupe enchaîne, visiblement sans trop se soucier des problèmes techniques de son acolyte (peut-être pense t’il pouvoir sauver les meubles à lui tout seul?). Le clavier finit par réapparaître, mais Freel montre ce soir un talent aussi grand dans le songwriting que pâle dans son interprétation : ses chansons ont beau avoir un charme incontestable, le batteur a beau mettre toute sa personne à tenter de jeter un peu de conviction là-dedans, Freel reste toujours là à donner l’impression de se foutre royalement de tout ce qui se passe à coté. Au point une fois encore d’oublier le premier couplet d’une de ses chansons, comme l’année dernière. Il faudrait y aller mollo sur le Jameson avant de monter sur scène! On reste donc là, à regarder le concert jusqu’à la fin, en espérant un soubresaut, un geste surprenant, et un « Sunshine Everyday » qui n’arriveront pas. On attendait un concert plus réussi que celui d’octobre 2008 qui nous avait laissé un goût sérieusement amer de « pas fini ». Octobre 2009 n’aura rien changé à l’affaire. Puis, on se console en repensant aux premières parties, qui ont sauvé le navire – mais le constat de la soirée restera celui-ci : Swell et le Sonic, ça n’a décidément rien d’une histoire d’amour.

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