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Interview – Noah and the Whale

Heureuse découverte printanière que ce deuxième opus de Noah and the Whale. Entre pénombre et lumière, un disque qui fait la part belle aux ambiances feutrées, aux paysages sonores ensoleillés, et se révèle un brillant exercice de style où s’invitent inopinément folk sombre, pop doucereuse et rock délicatement noisy. Une réussite incontestée qui donne inévitablement envie d’en savoir un peu plus sur ces jeunes britanniques. Occasion rêvée, leur passage à l’Epicerie Moderne ce vendredi 26 mars dernier. Quelques minces heures avant le concert mémorable que lui et ses acolytes s’apprêtent à offrir au public de Feyzin, rencontre express et jeu de questions-réponses avec Charlie Fink, chanteur/guitariste/compositeur touche-à-tout de cette étonnante formation. Un personnage plutôt pudique, sans être distant pour autant, et qui cache derrière son sourire en coin un réel enthousiasme.

DG : Histoire de commencer par le début, peux-tu me dire brièvement comment le groupe s’est formé?

Charlie Fink : Nous sommes tous originaires de Londres. La formation du groupe a quelque peu évolué au cours des années, mais il existe depuis à peu près trois ans et demi : au début, il y avait juste mon frère Doug, Tom, qui joue du violon, et moi. On a joué comme ça pendant quelques temps, et puis Urby, un ami d’enfance de Doug nous a rejoint en tant que bassiste. Peu de temps après, il nous a fallu changer de batteur parce car Doug s’est éloigné du groupe pour suivre ses études de médecine. Et puis il y a Fred à la guitare, qui vient tout juste d’arriver. C’est une équipe « mouvante »! Enfin Tom, Urby et moi avons toujours été comme le « cœur » du groupe. Doug aussi, même si son emploi du temps ne lui permet pas d’y prendre part autant qu’il le voudrait.

Quatre membres donc?

Oui, c’est ça. Nous allons rentrer en studio en août pour enregistrer le prochain disque. Il y aura Doug, Fred, Urby, Tom et moi. Donc attends… Non, ça fait cinq en réalité! C’est un peu bizarre, je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de groupes dont les membres vont et viennent comme certains avec nous.

Votre album, The First Days of Spring, sonne de façon très cohérente dans sa durée, pourtant on y sent le spectre de nombreuses influences – en vrac, Arcade Fire, Belle & Sebastian ou encore Will Oldham… Dans quelle mesure est-ce quelque chose de conscient pour toi?

C’est très clair! Rien qu’aujourd’hui, j’ai écouté Rage Againt The Machine, Jay-Z, et LCD Soundsystem. Tu vois, j’écoute de tout, des choses très variées. Mais dans la façon dont on compose, il y a toujours un sentiment, une émotion assez précise qu’on se donne à explorer et à traverser. Je crois que c’est de cette façon qu’on parvient à rester original, et à conserver le coté personnel de notre musique. C’est drôle, je n’ai jamais eu l’ambition de donner à NATW un son consistant dans tous nos disques ; nous voulons avant tout que chaque album soit cohérent, dans son propre ensemble, mais nous voulons aussi qu’il soit différent des autres disques que nous avons pu enregistrer par le passé. Nous accordons beaucoup d’importance au fait de ne pas nous répéter et cela conditionne en grande partie notre travail d’écriture.

Votre premier LP (Peaceful, The World Lays Me Downsorti en 2008, NDLA) est en effet très différent, mais a aussi cette cohérence. Même s’il me semble un peu moins personnel…

Je crois que lorsque tu écris, tu es inconsciemment influencé par beaucoup d’artistes, le résultat dépend simplement de la façon dont elles se distillent en toi. Mais c’est quelque chose d’important pour moi qu’un disque ne soit pas qu’une simple association de plusieurs chansons. Un album doit être un album!

Musicalement parlant, vous avez eu recours à pas mal de nouveaux instruments sur TFDoS: beaucoup de cuivres, davantage de guitares électriques, et même une lap steel sur « My Door Is Always Open »… Et puis il y a ce titre extraterrestre, « Love of an Orchestra », et ses choeurs… D’où sont venues ces idées?

Je pense que ça vient d’abord des goûts musicaux extrêmement divers que j’ai toujours eus. Je n’ai jamais vraiment trouvé que notre premier album représentait fidèlement ce que j’aurais voulu en faire. Et puis comme il ne s’est pas trop mal vendu, on a aussi eu l’opportunité d’acheter de nouveaux instruments pour celui-ci. Je crois que les instruments que tu utilises peuvent aussi être une façon de modeler l’identité d’un album… Dans notre cas, nous nous sommes simplement fait plaisir à explorer de nouvelles pistes. Le prochain album sera très électrique, il y aura beaucoup plus de guitares, ça sonnera plus heavy je pense!

Ca ne me surprend pas de t’entendre dire ça, parce qu’on sent parfois que vous pourriez vraiment partir dans cette direction, comme sur « My Broken Heart » qui sonne presque noisy et détonne un peu avec le reste du disque.

C’est vrai, oui! Le prochain disque ira davantage vers ce type de son. On a vraiment envie de se diriger vers autre chose, vers plus d’électricité. Je crois que ça se ressent aussi dans nos concerts… Tu me diras!

The First Days Of Spring est très centré sur le thème de la relation amoureuse, et la rupture. On peut même parler de « concept album ». Peux tu m’en dire un peu plus sur le choix de ce thème en particulier?

Oui (petit silence gêné, NDLA), même si j’essaie toujours de rester vague sur les significations personnelles des chansons – parce que notre public doit pouvoir se les approprier, et en faire sa propre interprétation. L’album parle de la fin d’une relation, plus particulièrement de cette sorte de guérison, du moment où tu te dis « C’est comme çà, la vie continue »…

Tu t’es trouvé dans cette situation il y a peu je crois… Mais c’est un thème plutôt universel, à peu près tout le monde est passé par là j’imagine.

Oui, c’est pourquoi j’évite d’en parler de façon trop personnelle (sourire). Comme tu le dis, c’est quelque chose que tout le monde a traversé, c’est important que les chansons et les paroles laissent aux gens le champ libre pour qu’il y trouvent leur propre reflet.

Il y a dans l’édition UK de The First Days of Spring un DVD qui contient un film de quarante-sept minutes, que tu as réalisé toi-même. Quel est le lien entre ce film et l’album? Est-ce que l’un peut exister sans l’autre?
Oui, en quelque sorte… En fait, l’album peut tout à fait s’écouter sans le support que procure le film. L’idée avec ce montage, c’était d’amener une dimension supplémentaire à la musique ; ce n’est rien d’autre qu’un complément visuel au disque, ce n’est pas un film à part entière, au sens où on peut l’entendre.

Tu as travaillé sur l’un et l’autre en même temps?

Oui. J’avais déjà cette idée, avant même d’écrire The First Days Of Spring, de faire un film et un album ensemble, comme un seul et unique projet, un peu comme un videoclip qui durerait tout le disque. Et puis, quand le thème de l’album s’est présenté à moi, et que ce dernier a peu à peu pris la tournure d’une histoire dans sa complétude, je me suis dit que ce serait l’occasion parfaite! Nous avons d’abord enregistré le disque, puis j’ai adapté le coté narratif du film pour qu’il suive la façon dont l’album se déroule. Mais en studio, lorsqu’on travaillait sur l’instrumentation, j’avais déjà à l’esprit les images que je voulais mettre sur la musique.

C’est dommage qu’on ne puisse pas trouver ce DVD en France!

Tu peux voir le film en ligne, sur ma page vimeo.Si tu fais une recherche sur mon nom, tu dois pouvoir trouver ça (NDLA, ne cherche pas plus longtemps, c’est ici).

Sur pas mal de photos promo, on vous voit d’ailleurs une caméra à la main, dans une salle de cinéma, ou bien dans des mises en scènes très cinématographiques… Le nom du groupe est déjà un bon indice, mais vous êtes tous cinéphiles?

Oui, on s’intéresse beaucoup au cinéma. Et c’est aussi une source d’inspiration…

Certaines ambiances de The First Days of Spring me font vraiment penser à certains films de Lynch, de Michel Gondry, ou des frères Coen – dans leur coté plus drame que comédie pour ces derniers… Tu te retrouves dans ces parallèles?

Cool!! Assez, oui. Je ne sais pas à quel point celà se ressent dans notre musique mais j’adore David Lynch. No Country for Old Men des frères Coen est un de mes films préférés. Et Michel Gondry aussi est un réalisateur dont j’admire le travail. C’est drôle que tu me parles de lui, parce qu’on va faire un festival en juin avec Charlotte Gainsbourg, qui joue dans The Science of Sleep. (NDLA – à l’heure où je fais cette interview je ne le sais pas encore, mais le festival en question n’est autre que les nuits de Fourvière. Avis aux intéressés.) C’est plutôt excitant. J’ai hâte d’y être!

Petit mot de la fin… Vous avez mis le premier single en libre téléchargement sur votre site. Votre petit message qui l’accompagnait était plutôt sympa!

Oui, on est très content que la maison de disque nous ait laissé la liberté de le faire. On a mis le titre « The First Days of Spring » en téléchargement libre avant même que l’album ne sorte, on avait hâte que les gens puissent écouter ce dont on venait tout juste d’accoucher en studio. Il se passe toujours un long moment entre le jour où tu sors du studio et celui où l’album se trouve enfin dans les bacs, c’est une période assez frustrante pour un musicien je trouve.

Le single peut être téléchargé sur cette page.

Remerciements / thanks : Charlie Fink, L’Epicerie Moderne

5 comments
  1. Guimauve

    Marrant que cela ne soit pas mis sur le site des Nuits ;-)
    Oui, cher, mais le pb c’est que ce n’est pas un festival…

  2. Lionel

    Ils l’ont annoncée ce matin sur leur page facebook. Ca ne devrait pas tarder à apparaître sur le site.
    Sinon non, je ne serai pas là pour Wild Beast & Leopold Skin à l’EM. Prochain concert là bas pour moi, Midlake sans doute.

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