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The Raveonettes / Into the Night EP

Il faut bien le reconnaître : chaque fois que l’on reçoit des nouvelles des Raveonettes, c’est un peu la même chose. D’un côté, il y a la satisfaction et l’excitation réelles de retrouver nos danois préférés, Sharin Foo et Sune Wagner, à un rythme finalement assez soutenu mais de l’autre, la constatation que la surprise a tendance à s’amuser aux abonnés absents avec eux. Car, après tout, on sait à peu près toujours à quoi s’attendre : des mélodies débordantes d’évidence lovées sous des couches de guitares soniques et jouées sur un rythme binaire, une pop revival fifties en pleine séance sado-maso avec les Jesus and Mary Chain. Le verre à moitié plein dans une telle situation, c’est que tu peux être sûr que tu passeras un bon moment.

Autant dire que ce n’est pas leur EP sorti au mois d’Avril dernier et intitulé Into The Night qui va radicalement changer les règles du jeu. Musicalement assez proche du précédent album, Raven in the Grave, qui était remarquable avec ses angles sombres, son rendu plus new wave voire atmosphérique, son approche volontairement plus mature et donc accessoirement moins sexy que celui des précédents opus, Into The Night a été décrit par Sune Wagner comme « une ode délicieusement endommagée à tous les déçus de l’amour perdu ».

Cohérent dans ses thèmes et son lexique, explicite dès le début de l’EP dans sa description d’une entrée volontaire dans la dépression (« Take me » en écho sur le titre éponyme et d’introduction de l’EP) jusqu’à l’impossibilité de se défaire de ce mal-être (« I’m always here / right by your side » sur le dernier morceau, « Bad Ghosts »), l’approche, elle, a peut-être significativement changé depuis Raven et opéré un retour aux sources. La tragédie amoureuse se raconte avec un point de vue en mode naïveté adolescente mis en avant par la voix version poids plume de Sune Wagner:  « Heartbreak, oh heartbreak/I hate you/I’ll leave you/Wasting time alright ». Étrangement, si les deux premiers morceaux , « Into the Night » et « Night Comes Out » louchent vers un shoegaze contemplatif et un psychédélisme bruyant mais toujours aussi pop avec leurs refrains qui emportent tout sur leur passage, la seconde partie de l’EP avec « Too Close to Heartbreak » et « Bad Ghosts » passe la vitesse supérieure et accélère l’allure. Mais si ces deux-là provoquent une envie irrépressible de se remuer les pieds et devraient avoir un succès certain lors des soirées pogos Rave On, cette tendance reste néanmoins hantée par l’enivrant pessimisme mélancolique des paroles.

Alors finalement, on s’en fout totalement que l’originalité ne soit toujours pas totalement au rendez-vous ; tout le monde sait que les Raveonettes cultivent toujours et encore le même carré de jardin depuis une décennie. N’empêche qu’ils ont le coup de bêche le plus simplement beau de tous et que ce don n’est fait à tout le monde.

Allez je vous fais une grosse bise mes chers Raveonettes et je vous retrouve dans quelques semaines pour votre album Observator. Pas d’inquiétude de mon côté ;  je suis sûr que je vous aimerai toujours autant.

« Bad Ghosts »

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