Renaissance et exigence
Quelle fut mon excitation l’année dernière en apprenant que les anglais The Horrors, groupe que j’adore et écoute depuis 2007, revenait d’entre les morts – tel le Phénix – avec un nouveau line-up et un excellent 6ème album Night Life, sorti en début d’année et salué par la critique, la mienne en tous cas puisqu’il va naturellement truster les premières places de mon top album 2025. J’attendais donc un concert à Paris avec une grande fébrilité, totalement habité par le souvenir de leur exceptionnel dernier live il y a huit ans au même endroit ( Trabendo )… J’avais alors lévité! En six albums, leur son n’a jamais cessé d’évoluer jusqu’au très électro « V » en 2017, aux antipodes de leurs débuts fracassants garage/Rock/post-punk ou ils étaient fringués comme les cousins de la famille Adams. Pour présenter rapidement le son The Horrors, je dirais que c’est mélange Post-punk/Shoegaze/Krautrock/, hypnotique avec des mélodies. Comment situer mieux?
Mais avant de voir les revenants, le 9 septembre, ce sont les rouennais MNNQNS, dont la prestation à Rock en Seine en 2019 m’avait laissé une bonne impression, qui sont chargés d’engager les hostilités. J’espérais surement passer une bonne soirée…Et bien pas tout à fait, car au bout de dix minutes j’avais déjà envie que cela se termine, tout me paraissait un peu brouillon et sans grande cohérence avec un son armoire. A la fin et comme aurait pu le dire un certain Columbo, « ma femme m’a dit qu’ils ont joués six titres mais que l’on a eu la sensation d’avoir entendu six intro, il n’y a pas de chansons ? »…Ahaha je n’aurais pas dit mieux ! Je n’ai donc pas été convaincu par leur prestation, pour le dire autrement…Je me suis carrément fait ch… ! Mais ce n’était rien en comparaison de la demi-heure suivante, précédant l’arrivée de The Horrors ou on a eu droit à un matraquage en règle de techno hardcore dans la sono avec des kicks et des infra basses, insupportables, physiquement. Oppressé, j’étais à la limite du malaise. Franchement plus jamais ça.
Puis, The Horrors entrent enfin en scène et attaquent avec l’une de mes chansons préférées de l’année, « The Silence That Remains », ce que je trouve un peu dommage dans la mesure où le son est toujours aléatoire en début de set. La hauteur de la voix de Faris est à la limite basse de sa tessiture, pas facile tout le temps d’y accrocher. Je ne le sentais pas vocalement aussi à l’aise que dans mes souvenirs, ou sur quelques nouveaux titres, le chant manquait de fluidité, le phrasé plus saccadé, un peu poussif, mais ce n’était pas la cata non plus, cependant je l’avais tellement entendu mieux chanter.
Encore une fois au Trabendo, il y avait à redire sur le rendu sonore, manquant un peu de précision dans les basses fréquences et un peu agressif aussi par moments…Confusion…comme l’a dit New Order (je sais ça n’a aucun rapport)… Par exemple pour ceux qui ne connaissent pas le groupe, on entendait assez peu le guitariste…C’est normal jusque là puisqu’il a toujours été plus présent dans les trames de fond en compagnie de la basse et les synthés que dans les solis, mais là il était plus que discret. Question setlist l’accent était évidemment mis sur le dernier album comme sur Primary Colors (2009), album du début de leur nouvelle direction à cette époque. Bon alors ?
Globalement j’ai vécu ce live comme une alternance de haut de bas, avec ses temps calmes et autres déflagrations ou l’on perdait parfois un peu le rythme et l’atmosphère générale, mais on a fini en dansant. Alors je pinaille, je fais un peu la fine bouche, car après tout il s’agissait bel et bien d’une renaissance, d’un retour inespéré d’entre les morts, alors que je les pensais perdu pour le rock. Et j’en attendais peut-être trop, c’est plus une frustration qu’une réelle déception. Je veux toujours mieux, c’est bien possible, c’est même certain. Un peu d’indulgence, avoir je dois ! Leur machine doit se remettre en ordre. Je crois que mon fonctionnement fait qu’à chaque fois que je vais voir un groupe qui me met en ébullition, pour ne pas dire en transe, en lévitation, mon cerveau enclenche mon usine à endorphine, hormone du bien être, et là soyez certain que je ne transige pas. Que voulez vous, j’ai choisi de vivre les concerts comme on vit une histoire et non pas comme une banale consommation, les uns après les autres. Quoi qu’il en soit, j’adore The Horrors et je sais que je serai encore au rendez-vous la prochaine fois. Allez salut maintenant.
Setlist:
1 The Silence That Remains 2 Three Decades 3 Mirror’s Image 4 Silent Sister 5 Machine 6 Sea Within a Sea 7 Endless Blue 8 Still Life 9 More Than Life 10 Ghost 11 LA Runaway 12 Who Can Say
Encore 13 Lotus Eater 14 Scarlet Fields 15 Something To Remember Me By
Video par Indie Gilles / Photo mise en avant Soly Alba

« Musicien d’alcôves tel un Winslow Leach, mais moins torturé (quoi que!) et sans Swan. Musicalement en solo mais avec ses fantômes. Autre expression artistique: Photographie. Couleur : 50 nuances de noir. Drogues indispensables : Rock’n’roll (quelle qu’en soit l’apparence), des mélodies et un peu de style ! «