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Disques

Nada Surf / The Stars Are Indifferent to Astronomy

Le temps passe à une de ces vitesses. Voilà plus de quinze ans maintenant que « Popular » nous a fait découvrir ce tout jeune trio Américain – et déjà francophile (on n’était pas habitué à voir des groupes étrangers s’exprimer si bien en Français lors de leurs concerts). Le succès inattendu et fracassant de ce premier single lèvera un peu plus tard le voile sur une carrière plus « mesurée », trouvant son essence dans une power pop d’autant plus subtile, et dans le songwriting élégant et mélodique de Matthew Caws.

Déjà sur High, Low (1996) puis sur The Proximity Effect (1998), deuxième album passé presque inaperçu (il n’est d’ailleurs sorti qu’en Europe), les joyaux pop tels que « Stalemate » ou « 80 Windows » tracent la voie de ce que l’excellent Let Go confirmera, quatre longues années après son prédecesseur. Avec « Blonde On Blonde », « Inside of Love » ou « Blizzard of 77 », les New Yorkais trouvent un équilibre presque parfait entre indie rock électrique et noisy, bercé par Sonic Youth et Weezer, et pop sensible lorgnant du coté de Teenage Fanclub, avec une sensibilité britannique toute assumée. C’est peut-être ce qui créera ce lien particulier entre le groupe et son public européen, et plus particulièrement son public français (hormis le fait, comme on le disait plus haut, que Matthew Caws et Daniel Lorca – basse – s’expriment parfaitement dans la langue de Molière).

Mais parlons donc un peu de ce nouveau disque, car si depuis quelques années Nada Surf avait pris l’habitude de nous laisser un peu sur notre faim, sortant à un rythme régulier des albums honorables et plaisants, mais pas vraiment enthousiasmants (The Wight is a Gift, Lucky, puis un album de reprises pas toutes très inspirées malgré quelques jolis hommages), entretenant davantage l’affection de son public par ses tournées récurrentes et la qualité constante de ses prestations live, il retrouve avec The Stars are Indifferent To Astronomy la fougue et la profondeur qui manquaient à ses précédents efforts. Au songwriting de Caws, et à sa voix toujours confidente, s’ajoute enfin cette urgence quasi-adolescente (le thème de l’adolescence revient souvent dans les textes sous la forme d’une certaine nostalgie) qu’on s’était presque décidé à oublier, tout en se contentant du reste, et en se résignant à voir le groupe grandir (vieillir?) au même rythme que nous. Alors, retrouvée, la justesse du break au milieu de « When I Was Young », qui donne une toute autre couleur au morceau? Oui, tout comme la brillance de ce bijou pop, « Jules & Jim », et puis ce titre, « Teenage Dreams » dont l’intro résonne avec la même force que celle de « Stalemate ». Retrouvé, peut-être aux cotés d’une part de notre jeunesse, le plaisir de s’entendre murmurer « It’s never too late for teenage dreams« . Et puis la clarté des guitares, la rondeur des lignes de basses fines et mélodieuses… Non, il n’y a rien qu’on puisse reprocher à la teneur de ces chansons ni dans le rythme auquel elles s’enchaînent, nous laissant le temps de respirer, de profiter des accords nerveux et tendus comme des arpèges ponctuant les balades acoustiques. Allez, risquons-nous même à dire que The Stars Are Indifferent to Astronomy est sans aucun doute possible le disque le plus réussi et le plus complet du trio depuis Let Go. Et au-delà de ces considérations peu utiles, je vous l’accorde – voilà qui devrait surtout nous assurer de belles retrouvailles avec Nada Surf ce soir au transbordeur.

En écoute: « When I Was Young »

2 comments
  1. [DARK GLOBE]

    […] maturité et en finesse. La formation qu'on voit sur scène est la même qui a donné naissance à The Stars Are Indifferent To Astronomy en studio et cela s'entend: il y a une vraie osmose entre les musiciens qui fait plaisir à voir, […]

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