Nouvel album pour Beirut , A Study of Losses renouvelle avec ambition la ligne musicale initiée par le collectif nord américain depuis ses débuts en 2006. Mélange de folk, de musique ethnique des Balkans et de pop baroque, le disque , composé par Zach Condon, est convaincant et relance la formation qu’on avait peut-être un peu laissée de côté depuis deux ou trois ans, avec le retrait de Condon ( installé en Norvège) du devant de la scène pour raisons de santé.
Les chansons étaient à l’origine une commande, destinées à un spectacle de cirque, tout en s’appuyant sur le propos d’un livre de Judith Schalanskyompat, auteure allemande. Ecrit autour de thématiques telles que perte et conservation du passé, l’ouvrage n’avait à priori rien de réjouissant mais Condon a composé une œuvre qui, elle, n’a rien d’ennuyeux. Musicalement la production oscille entre pop orchestrale et lo fi, écart typique mais non antinomique chez Beirut. Les titres semblent reliés entre eux , créant une unité , quelques uns portant même les noms de mers imaginaires pour peindre un paysage sonore et un univers de fiction …
Stylistiquement les dix huit compositions, dont sept instrumentaux, sont jouées dans le registre qu’on aime chez Beirut. Les titres sont plutôt courts, entre deux et quatre minutes , exception faite de « Guericke’s Unicorn » pièce la plus longue, dont on apprécie beaucoup l’association téméraire folk, de musique de chambre et de synth pop inspirée du krautrock… La chanson est sortie en single cet hiver, après « Caspian Tiger », la paire annonçant avec justesse le ton général ( un peu mélancolique mais aussi relativement relaxé…) de l’album paru mi avril sur le label géré par Zach Condon lui-même.
Ce nouveau disque ( septième lp studio du collectif) a quelque chose d’intemporel mais marque brillamment un nouveau départ après trois ans de silence discographique. Le temps n’a rien terni du songwriting de son leader comme des orchestrations de Beirut, et nous tenons ici une des plus intéressantes parutions du printemps.
Peintre et guitariste, adepte de Telecaster Custom et d’amplis Fender. Né en 1962 – avant l’invention du monde virtuel – pense que la critique musicale peut-être un genre littéraire, objet idéal pour un débat en fauteuil club millésimé.