En 1989, Bernard Lenoir signait son retour sur France Inter après cinq années de blackout (il avait été remercié courant 1984). Il y animera jusqu’en 2011 une émission quotidienne, chaque soir du lundi au vendredi, d’abord nommée « Lenoir », puis « L’Inrockuptible » (son surnom du moment en référence au magazine…) puis rebaptisée sobrement « C’est Lenoir », avec une programmation de concerts live, les fameuses « Black Sessions ».
La liste exhaustive de ces Black Sessions est à retrouver sur https://fr.wikipedia.org/wiki/Black_sessions#Liens_externes ou sur le site https://blacksession.fr/pres.php
Jusqu’à l’arrêt du programme en 2011, ce sont 330 sessions qui ont été enregistrées, principalement live dans les studios de Radio France, la dernière le 20/06/2011 accueillant l’excellent groupe Dark Dark Dark (au patronyme très très Dark Globe compatible !), avec sa pop folk aux influences multiples et la voix pénétrante de sa chanteuse Nona Marie Invie.

Dark Dark Dark, Black Session du 20/06/2011
Un point final à la série posé par un groupe américain, une fois n’est pas coutume pour celui qui a porté à la curiosité du plus grand nombre la découverte la pop underground anglaise.
Parce que, avec son ton caractéristique, Bernard Lenoir a fait partie de ces héraults qui ont aiguillé notre curiosité vers le rock indé, d’abord anglo-saxon puis plus largement européen. On repense à la magie héritée de la fin des années 70, avec ces jeunes passeurs éclairés de new culture (parfois Növö même), Antoine de Caunes avec Chorus, le regretté (et immense) Alain Maneval et son émission PO GO sur Europe 1 puis Megahertz sur TF1, sans oublier le truculent Vincent Lamy et son Echo des Bananes !… Nostalgie de la jeunesse
De tous, Bernard Lenoir semblait le plus « classique », le plus conformiste et le plus académique… et pourtant c’est lui qui amorça le virage radical du PAF en diffusant fin 1979 dans son émission Feedback sur France Inter le concert de Joy Division aux Bains Douches. La révolution new wave était en marche. Dans les années 80, Bernard Lenoir sera la voix de Rockline, fenêtre ouverte sur la scène anglaise dans Les Enfants du Rock.
Feedback, Joy Division aux Bains Douches.
A son retour dans les murs de Radio France, à l’aube des années 90, le rock indé était devenu une institution, les Black Sessions lui offriront ses lettres de noblesse.
A l’occasion des 60 ans de la station, France Inter ouvre son catalogue de programmes numérisés avec la mise en ligne de 68 de ces concerts mythiques. Parmi lesquels The XX, The Cure, Tindersticks, Suede, Radiohead, Cat Power, Rachid Taha, The Jesus & Mary Chain, Feist et d’autres à retrouver en live dans ces archives remarquablement éditées et documentées.
Enjoy les Black Sessions de Bernard Lenoir, une page d’histoire du rock indé à revivre en live !
Et pour compléter sa « Panthéonisation » au Hall of Fame du rock indé, Bernard Lenoir fait l’objet d’un documentaire musical « Lenoir en question », portrait d’un passeur générationnel, qui a été projeté sur grand écran ce week-end à Bordeaux en intro du Festival Musical Ecran… et bientôt en diffusion accessible au plus grand nombre, espérons-le !!

Photo © Anne Kuhn

J’ai grandi à l’aire des dauphines, jeune scélérat sans roi. Adolescent, une voix à la radio m’a soufflé « Je fume pour oublier… » et a éveillé ma curiosité musicale jusqu’à l’envie. Balayés le disco et ses paillettes, le noir était de mise et resterait ma livrée. Toujours pas dynamité d’aqueduc, à peine dressé quelques loulous… J’aime la musique qui ose et les voix qui en imposent. Et que ne durent…