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Insight

Terre ceinte, Northern pilgrimage: « Half the world away »

Etape 2

Mon taxi entre dans Manchester par l’A5103 qui soudainement, après avoir franchi les arches de la voie ferrée, bifurque sur Whitworth street par la droite. Je ne regarde pas les lieux, ils me traversent, viennent immédiatement se nouer dans l’interstice entre la plénitude mélancolique et le songe éveillé qui est en train de se jouer sur la grande scène autour de moi dont je ne suis pas l’acteur mais l’objet. Les murs de brique rouge sont comme un grand soleil noir, une stèle rock posée au plein centre de ma mémoire. Les affiches de concert sous les piliers des arches ferroviaires résonnent pour qui sait les lire, Richard Ashcroft, déjà, The Wonderstuff, FAC51 HAC…hiéroglyphes posés et déchiffrés depuis si longtemps sur mes paupières. Je pense à mes amis, ceux qui ont grandi ici mais tout au sud de la France.

Pub The Star and Garter

Carl Gustav Jung aurait trouvé cet itinéraire fort à propos tant il recouvrait de l’inconnue synchronicité en train de poindre. Estimant que certaines coïncidences entre un événement extérieur et un vécu intérieur ne peuvent se réduire à un phénomène de chaos global et physique, j’aurais pu lui dire qu’à 16h05 en ce 18 juillet 2025, en tournant à droite sur Whitworth street  je passais, en taxi, devant l’Hacienda sans le savoir, devant l’O2 Ritz, sans le savoir. Je passais devant une partie de moi sans me voir.

Je me devinais épié par l’immense conscience de mon monde, à plat, devant le véhicule noir à l’arrière duquel la route parcourue prenait seconde après seconde des allures de folioscope incontrôlé et introspectif.

Affiches murs de Manchester.

L’hôtel dans lequel le lobby est occupé par deux figures carton grandeur nature de la fratrie Gallagher, dominée par un union jack taquin est situé sur Portland street, sa localisation permet très facilement de dessiner un improbable parcours comme deux bras enserrant la mythologie ( l’Alpha et Oméga du Salford Lad’s club sera pour demain). Aujourd’hui je veux dévorer, avaler, à outrance, en désordre. Je veux prendre, seul, possession des lieux d’une faim d’ogre incontrôlée, une version trash des « rêveries du promeneur solitaire », faire du Rousseau avec de la brique, des guitares et de l’acier : j’avais glissé sur les pages de mon carnet moleskine les étapes comme suit dans le sens géographique nord /sud/ nord : Pub Star and Garter, Ian Curtis memorial qui y est adossé, The Factory, Ritz, Hacienda, Northern quarter pour le memorial Andy Rourke. Une sorte d’errance dévote dans la voie lactée.

J’ai le cœur qui bat, je franchis la porte de l’hôtel, je pose un pied sur Portland street, je tourne à gauche puis première à droite et traverse vers Princess street. Direction la gare de Manchester Picadilly le long de laquelle le pub Star and Garter semble être posé depuis 1803 comme sur une demi friche insulaire, datée et fière. Allons voir par nous-même cette base arrière des hordes Morrissiennes dont la fraternité se retrouve lors des soirées Smiths Disco le premier vendredi de chaque mois.

J’ai toujours le cœur qui bat aujourd’hui. J’ai faim…

à suivre…

Photos Manchester, juillet 2025 par François Dufour.

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