Originaires de Cambridge, The Soft Boys vécurent cahin cahan de 1979 à 1981 en pleine vague coldwave ( Joy Division, The Cure, Banshees) avant de se ramasser faute de succès commercial sinon de succès tout court. Mené par Robyn Hitchcock et Kimberley Rew ( guitariste de haut vol), le groupe eut le temps de sortir deux albums – A Can of Bees et Underwater Moonlight – beaucoup plus imprégnés d’influences pop sixties que des nouveaux codes naissants qui allaient donner une autre tournure au rock…
Hitchcock aimait The Kinks, The Beatles , The Beach Boys et The Byrds, mais par dessus tout le rock psychédélique des premiers Pink Floyd ou de Soft Machine, nourrissant une obsession pour Syd Barrett, son concitoyen de Cambridge qu’il croisa sans doute quelques fois au coin d’une rue du côté de Hills Road… Pour faire court , en 1980, Soft Boys ramaient à contre courant.
Signés chez Armageddon, ils atteignent leur sommet cette année là avec Underwater Moonlight qui sort en juin. Les influences pop sixties du song writing sont boostées par une énergie punk, voire une véritable rage de cinglés à la Dean Tracy de TV Personnalities… Les dix morceaux de l’album sont extraordinaires, surréalistes pour la plupart. Avec leurs textes barrettiens, ils apportent une déflagration sonore qui ne va pas toutefois recevoir l ‘accueil mérité. Il faut pourtant connaître « I Wanna Destroy You », « The Queen of Eyes », « Positive Vibrations » et « Underwater Moonlight » qui clôt l’album et lui donne son titre. C’est aussi l’époque où The Soft Boys reprennent « Vegetable Man » de Barrett 1967 – non retenu comme single pour Pink Floyd- que leur piqueront Jesus and Mary Chain… »Only the Stones Remain » vaut aussi son pesant d’or mais, bon, quand ça ne veut pas…
Split du groupe : Hytchcock et Rew se séparent pour suivre leurs chemins. Underwater Moonlight qui est un chef d’œuvre, aurait pu être oublié. Il l’a presque été, devenu introuvable jusqu’à une première réédition en coffret début 2000. Et puis le coffret, lui aussi est devenu difficile à dénicher.
Cet automne 2025, 45 ans après sa sortie , c’est Robyn Hitchcock lui-même qui réédite ce must sur son propre label Tiny Ghost Records. On peut se précipiter pour l’acquérir sans crainte, si on ne possède pas l’objet. On découvrira que les titres n’ont pas vieilli, signe de leur qualité. La remasterisation est honnête mais peut mieux faire, oserais- je écrire cependant. Car ce disque – hormis qu’il remet sur le marché une réussite assez inclassable du rock britannique- est moins complet que l’édition de 2000 en double lp. On se demande pourquoi? Le livret est un peu cheap et le son finalement quasi similaire aux précédentes versions, ce qui laisse un peu pantois en regard d’une telle matière musicale. Mais on ne boude pas devant un tel opus…
A découvrir, dans le cas où vous n’auriez pas déjà entendu cet « autre »album de 1980. Une réédition bienvenue.
https://thesoftboys.bandcamp.com/album/underwater-moonlight
Peintre et guitariste, adepte de Telecaster Custom et d’amplis Fender. Né en 1962 – avant l’invention du monde virtuel – pense que la critique musicale peut-être un genre littéraire, objet idéal pour un débat en fauteuil club millésimé.