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Interviews

Interview – Red Sparowes

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Les choses bougent pour le quintet « All-Star » californien. Outre le troisième album en préparation – qui succèdera au très bon Every Red Heart Shines Towards The Red Sun – le groupe vient de sortir un EP en téléchargement sur Amazon et Itunes, et offre cet été sa présence dans quelques festivals – lors d’une courte tournée Européenne, dont ce concert à la Maroquinerie de Paris en compagnie d’Oxbow. L’occasion de retrouver Greg Burns (basse/pedal steel) et Dave Clifford (batterie), et d’évoquer avec eux l’actualité et l’avenir du groupe, les changements de line-up et la ligne directrice de leur écriture lors d’une séance de questions / réponses.

Vous venez juste de sortir l’EP Aphorisms sur plusieurs plateformes de téléchargement. Y a t’il une raison particulière à celà?
Greg
:  Oui, tout a fait. Nous allons aussi le sortir en CD et Vinyl d’ici quelques temps, bien évidemment, mais on était intéressé par l’expérience, par le fait de voir ce que le format numérique pourrait apporter. C’est un sujet intéressant, les gens achètent encore des CDs aujourd’hui mais celà pourrait ne pas durer indéfiniment… Donc c’était vraiment une expérience qu’on voulait tenter. Une façon de prendre la température…
Dave: Et puis certaines de nos chansons, dont les trois titres du EP, sont également plus indépendantes les unes des autres, à l’inverse de celles des deux premiers albums – et aussi du prochain disque, qui elles, sont plus à considérer dans un ensemble, au sein d’une oeuvre complète. Elles se prêtaient donc davantage à ce format. Enfin celà faisait aussi quelques temps que nous n’avions rien sorti, et le format numérique nous a permis de mettre à disposition ces titres plus rapidement…

C’est vrai, on sent moins de cohérence et d’attachement des morceaux les uns avec les autres que sur vos albums…
Greg
: Exactement, et le titre du EP souligne cet aspect. C’est Dave qui a proposé l’idée du titre, les chansons ayant davantage leur propre identité.
Dave: Nous avons travaillé un peu différemment par rapport aux deux premiers albums, en privilégiant chaque morceau plutôt que le disque lui-même. C’est aussi pourquoi il n’y a pas d’enchaînement, de transition entre les trois titres. Et de fait, que les chansons n’aient aucune connection thématique ou musicale. Et bien sur cela leur permet aussi d’être téléchargés et écoutés séparément…
Greg: Le moment où nous avons écrit ces titres était une sorte de transition pour nous. Je pense que maintenant, nous savons mieux où nous allons avec le prochain album, ce que nous recherchons.

Ou en êtes-vous dans la composition de ce disque?
Greg
: Il est composé en partie. Nous travaillons encore dessus.
Dave: Les chansons sont écrites dans leur majorité. Comme on te le disait, on essaie de voir comment les articuler pour sortir un album cohérent et complet.

Vous parliez de transition pour l’enregistrement du EP. Etait-ce avant ou après le départ de Josh Graham (Guitare et visuels, également membre de Neurosis – a quitté le groupe pour se consacrer à son projet A Storm Of Light, ndla)?
Greg
: Ce qu’il est important de savoir, c’est que Josh vivait à New York depuis un an lorsqu’il a officiellement quitté Red Sparowes. Les morceaux du EP étaient déjà écrits à ce moment-là, mais Josh n’avait pas participé à leur composition.
Dave: Nous avons composé pas mal de trucs pendant son absence, par nécessité. Nous avons aussi compris pendant cette période que son départ serait quelque chose de naturel. C’était une situation très frustrante, d’ailleurs; le fait qu’un des membres du groupe soit dans l’impossibilité de suivre son évolution, et pour nous, le devoir de travailler et d’avancer sans lui…

C’est Josh qui s’occupait de tous les visuels, ceux que vous projetez lors de vos concerts, et l’artwork de vos disques. Qui va prendre ça en charge, comment allez-vous organiser cet aspect de votre travail?
Greg
: C’est déjà fait! Ca s’est passé très bien et très vite pour nous. Nous bossons avec une artiste qui s’appelle Camella, qui a fait des visuels pour Tool, et plein de trucs vraiment cool. Elle a beaucoup de talent!

Oui je connais ses travaux, c’est la femme d’Adam Jones (ndla, guitariste de Tool) non?
Greg
: Oui, c’est çà!
Dave: Tous les visuels du concert de ce soir ont été réalisés par elle. C’est une personne qui a une grande ouverture d’esprit, elle a tout de suite compris ce que nous souhaitions en écoutant notre musique.
Greg: Le truc avec nous, c’est qu’on est tous très exigeant! On aime pousser l’expérience des projections et des visuels aussi loin que possible. Et Camella est très créative, très réceptive. Elle a trouvé l’équilibre parfait entre être force de proposition et rester à l’écoute.
Dave: Elle a aussi dessiné la pochette du CD d’Aphorisms à paraître, qui sera différente de l’image que tu trouves quand tu télécharges les titres.

C’est aussi pour ça que la sortie physique est plus tardive peut-être? Elle avait besoin d’un peu de temps, et de connaître la musique?
Greg
: Exactement.
Dave: Et on espère que les gens trouveront toujours le concept intéressant, même si le CD sort quelques mois plus tard.

Revenons sur l’existence de Red Sparowes… Le line-up a beaucoup évolué en cinq ans. Avec le recul, pensez-vous que ça a été un frein à l’évolution du groupe et de son homogénéité, ou plutôt un point positif si on considère l’éclectisme des membres qui y ont participé, et la variété des influences qu’ils ont pu amener?
Greg
: Les deux je pense… La première incarnation de Red Sparowes était Cliff (Meyer, clavier d’Isis – ndla), Josh, et moi. Dana Berkowitz et Jeff Caxide (bassiste d’Isis) sont arrivés juste après, on a fait que quelques concerts ensemble mais c’est avec ce line-up que le premier album a été enregistré. Par la suite, Dave (Clifford) et Andy (Arahood, guitare – ndla) ont remplacé Jeff et Dana. Et sans rien enlever à la valeur que Jeff et Dana ont apporté, parce que ce sont de super musiciens – pour moi, la « vraie » formation du groupe est celle que nous avons connu depuis l’arrivée de Dave et Andy. C’est celle avec laquelle nous avons enregistré le deuxième album et fait le plus de concerts. De mon point de vue, il n’y pas eu tant de changements que ça, le line-up est resté celui-ci majoritairement depuis la naissance du groupe… Maintenant que Josh est parti, on travaille avec Brandon (Tobin, guitariste de Made Out Of Babies – ndla), c’est un changement récent. Mais en ce qui me concerne, je suis vraiment heureux du line-up actuel. J’aime la façon de jouer de Dave à la batterie, et aussi le jeu de Cliff que je considère comme un musicien exceptionnel.
Dave: Nous considérons Red Sparowes comme un ensemble, auquel chaque membre contribue de façon égale – nous n’avons pas de chanteur, pas de « leader », et celà nous aide aussi à gérer les changements de line-up temporaires, pour les concerts – ou définitifs. Ca fonctionne bien, parce que chacun écrit ses parties dans cet état d’esprit. Si l’un d’entre nous avait un égo de « star » cela serait sans doute plus difficile!

Vous jouez avec Oxbow ce soir, je sais qu’à une époque vous projetiez d’inviter Eugene Robinson et d’autres chanteurs à poser des voix sur de nouveaux titres. Est-ce toujours en discussion?
Greg
: Oui, on n’a pas encore pu le faire pour l’instant mais c’est quelque chose qu’on aimerait faire. Pour l’instant, je pense que notre priorité est d’enregistrer le troisième album. Ensuite, on verra.

Dave: Le problème est que dans la pratique, nous ne serions pas capable d’emmener ces chansons en tournée sous leur forme originale. Il faudrait qu’on trouve le temps de faire celà en parallèle.

Il y a aussi cette question que j’aimerai vous poser: Sur Every Red Heart…, deuxième album qui s’inspire du « Grand Bond en Avant » (politique mise en place en Chine par Mao Zedong à la fin des années 50, et qui s’est révélé un échec total) on peut lire dans le dernier titre « And then only did we begin to think for ourselves ». Est-ce un message lié à la politique en oeuvre aux Etats-Unis, et à la guerre toujours menée en Irak au moment de la sortie du disque?
Dave
: Directement, et indirectement, oui. C’est bien sur une référence à toutes les situations dans lesquelles le peuple a du remettre en question les décisions de leur leaders politiques, ou dans le pire des cas, constater les conséquences tragiques de leurs erreurs. Mais clairement, oui, c’est connecté à la situation actuelle aux US.

En tant que groupe purement instrumental, comment voyez-vous la façon dont votre musique est perçue dans tous les pays dans lesquels vous avez joué? Trouvez-vous qu’elle puisse être reçue différemment?

Greg
: C’est une question intéressante. Je n’ai jamais constaté de réelle différence, mais parfois les gens me disent ce qu’elle leur évoque, et bien sur cela varie. Après, il y a une certaine esthétique que l’on projette, qui inspire au public quelque chose de commun je pense.
Dave: L’être humain, d’où qu’il soit, a cette capacité de réagir aux sons, et à la mélodie – une des choses qui le différencie des animaux. La musique est un moyen d’exprimer des émotions qui n’est pas affecté par la barrière de la langue.
Greg: C’est marrant, ça me rappelle une étude que quelqu’un a fait sur la « pedal steel guitar » et sur les émotions que les notes glissées suscitent chez ceux qui l’écoutent. Ils ont testé ça dans plusieurs pays, et la réponse la plus fréquente était toujours un rapport à la tristesse, et plus particulièrement la nostalgie. Et ce quelque soit le pays de l’auditeur. La musique est un language qui nous est propre à tous, comme l’expression faciale. Je ne m’explique pas pourquoi, mais c’est quelque chose que chaque personne semble avoir.

A propos de la pedal steel… C’est un peu une de vos particularités! Comment est venue l’idée d’intégrer cet instrument?
Greg
: Simplement, parce qu’au début, Jeff Caxide et moi jouions de la basse tous les deux. On ne voulait pas jouer de la basse sur les mêmes morceaux, donc lui jouait parfois de la guitare, et à ce moment là je venais juste d’acheter une pedal steel. On a donc commencé à essayer d’en mettre dans nos compos, et tout le monde a apprécié l’idée. C’était un peu ma façon d’avoir une approche originale.

Question de la fin… Est-ce que ce sera aussi un composant du troisième disque?
Greg
: Oui, définitivement. Il y en aura!

Grand merci à Greg et Dave pour leur disponibilité et leur gentillesse.
Merci à Vincent de Conspiracy records pour son aide logistique!
Huge thanks to Greg and Dave for their availability and kindness.
Thanks to Vincent from Conspiracy Records for helping making this interview possible.

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