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Disques

The Middle East / I Want That You Are Always Happy

Révélation « pop pastorale » australienne, voilà ce qu’annonçait un ostensible autocollant rose apposé sur le cellophane recouvrant ce premier disque de The Middle East au rayon indé de la Bourse. Un disque sur lequel je ne me serai sans doute pas arrêté sans le conseil avisé du vendeur, et cela aurait été bien dommage, car en dépit de quelques erreurs de jeunesse, I Want That You Are Always Happy est un album délicieusement sensible qui n’a véritablement de pop – au sens où l’on  s’attendrait – que le titre, s’allongeant avec plus ou moins d’élégance sur de multiples paysages stylistiques et faisant abstraction du souci de cohérence – parfois un peu trop hardiment?

Dès les premières minutes, c’est une mélancolie doucereuse qui s’installe avec quelques accords de guitare folk (« Black Death 1349 ») et de piano (« My Grandmother Was Pearl Hall »), quelque part entre Midlake et Fleet Foxes, Idaho ou Smog. Des compositions se dégage alors une country folk délicate, prenant le relai sur les ballades, et maintenant toujours sur elles un voile de spleen légèrement opaque qui donne ainsi son sens au titre de l’album et l’entoure d’une douce bienveillance.

C’est sur « Jesus Came To My Birthday Party » que les choses se gâtent quelque peu, car si ce titre plutôt enjoué est loin d’être mauvais en lui-même, on comprend mal ce qu’il fait ici à part briser une atmosphère confortable judicieusement installée par les morceaux précédents – et que les suivants, s’en retournant vers country mid-tempo mâtinée de lap-steel guitar (« Land Of The Bloody Unknown », « Very Many ») et slowcore velouté (« Sydney to Newcastle »), peineront à réinstaurer – alors que d’autres titres au tempo plus rapide parviennent, eux, à rester dans la tonalité du disque (« Hunger Song »). Heureusement il y a largement de quoi se sustenter (l’album dure environ une heure) et The Middle East parvient vite à retrouver cette fragilité qui séduit, cette justesse dans le ton, qui oscille entre complainte et réconfort (le superbe « Deep Water » s’étirant sur dix minutes majestueuses, qui aurait fait un final bien plus approprié que la grandiloquence hors-sujet de « Mount Morgan End »).

I Want That You Are Always Happy se veut à la fois une métaphore pour l’obscurité du tunnel et pour la main qui montre le chemin vers la lumière; celui d’une farouche quête de liberté, qui se traduit ici par une instrumentation ambitieuse et juste (violons, cuivres – on pense souvent au Noah & The Whale de The First Days of Spring). Le premier album d’un groupe à suivre de près, un album qui certes aurait sans doute gagné à s’alléger de ces deux titres qui étirent bien inutilement sa durée et en diluent le propos, mais qui n’enlèvent rien au talent d’écriture de Jordan Ireland et de ses acolytes.

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