Il n’est pas forcément aisé de parler de l’art de celles et ceux que nous connaissons, indépendamment de la relation existante avec soi. Hors, il se trouve que c’est ici le cas … Kino Frontera est en effet membre de la rédaction de Dark Globe, qui compte un certain nombre de musiciens dans ses rangs… Vous imaginez bien le casse -tête pour faire la part des choses, analyser objectivement ce qu’on entend et ne pas s’arrêter à l’appréciation basique du « j’aime/ j’aime pas »…
Twice Upon A Time, qui sort début octobre chez Closer, vient après un album de reprises qui montrait l’étendue de goûts musicaux et une culture musicale clairement affirmés. Sur cet album on trouve onze compositions et des textes écrits en collaboration avec Catherine Biasetto également responsable de la photo de couverture. L’ensemble est interprété par un trio de base ( guitare, basse, batterie) complété d’une kyrielle de guests. Du début à la fin , autant le dire, « ça joue ». Ce qui fait plaisir à entendre et montre autant l’esprit de l’œuvre que le savoir faire des musiciens. Ce qui ne signifie pas qu’on soit, à un moment ou un autre, écrasé par le son de « requins de studio » comme on disait dans le temps. Non! Nous restons dans le style et l’approche indé mais pas un indé Lo Fi, c’est une évidence qui saute aux oreilles dès les premières pistes. La production tient largement la route et le son est très très pro : Frontera n’a pas de complexe à avoir. Son rock made on Mars garde la barre haute.
Dans le détail l’album est varié. On est entre deux tendances essentielles. Des rocks plutôt musclés , empreints d’un classicisme somme toute logique en regard de décennies de pratique de l’auteur compositeur , et des ballades plus mélodiques que rythmiques, entre pop orchestrale et influences Bowie ( pour faire court) presque perceptibles parfois dans le phrasé et le chant eux-mêmes de Frontera. « J& L », « In Case KC » ou « Our Non-Love Song » ont mes préférences. « Follow me Home » et « What You see » sont des titres basés sur des riffs aussi efficaces que tortueux, rugueux et qui prennent l’auditeur à revers. Ceci pour confirmer que nous ne sommes ni dans le basique ni dans le binaire, mais dans un ensemble qui sait de quoi il retourne et où il va.
Twice Upon a Time fera l’objet de deux concerts marseillais lors de sa sortie, au Molotov et chez Lollipop en show case acoustique. Deux interprétations du répertoire qui montreront en live la richesse d’un paysage musical et d’un song writing très recommandable.
https://kinofrontera.bandcamp.com
photo Kino Frontera par Catherine Biasetto
Peintre et guitariste, adepte de Telecaster Custom et d’amplis Fender. Né en 1962 – avant l’invention du monde virtuel – pense que la critique musicale peut-être un genre littéraire, objet idéal pour un débat en fauteuil club millésimé.