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Disques

Crocodiles / Sleep Forever

Avec Crocodiles, ça a été « love at first sight ». On s’est rencontré il y a presque tout juste un an, à la fin de l’été de 2009. Un été de haine, comme ils disaient. On a dansé sur leurs chansons fraîches et inspirées, ces titres lorgnant tant dans l’insouciance adolescente que les deux gars s’évertuent à perpétuellement remettre au goût du jour – que dans les sons nostalgiques qu’ils empruntent à The Jesus & Mary Chain. On s’est tourné autour, et puis au début de l’automne, il a bien fallu passer au choses sérieuses: notre rencontre a été une révélation. Tirant leur shoegaze-pop vers des rivages dangereusement post-punk, le duo – devenu quatuor sur scène – amène à sa musique le coté foutraque et décomplexé qu’on espérait sans trop oser y croire.

C’est donc le coeur tout ému et la gorge un peu serrée qu’on découvre ce nouveau disque, Sleep Forever. Tant d’histoires nous ont tellement déçu une fois le deuxième album sorti, une fois que le mystère laisse place à la complicité. Pas d’inquiétude à avoir ici, Le mystère, Crocodiles en a gardé tout ce qu’il fallait, par ce titre énigmatique d’abord, et puis cet artwork qui va avec. Je ne sais pas qui va trouver place au fond de ce trou, mais une chose est sûre, il y fait sacrément noir. Les airs faussement guillerets de « Mirrors » et sa ligne de basse ne tromperont personne: il persiste dans les chansons de Sleep Forever une ombre pesante que les guitares auront bien du mal à dissoudre, un psychédélisme torve et une ambiance de veines tranchées qui se planquent sournoisement derrière la mélodie naïve de « Hearts of Love » ou « Girls in Black ». Le son s’est pourtant éclairci et si les compositions de Brandon Welchez ont gardé indéniablement le charme lo-fi de Summer of Hate, il n’en conserve ici que l’apparence: James Ford (The Klaxons) a fait des miracles à la production, modelant le son du duo et ses motifs électroniques discrets avec dextérité, tout en préservant les couches de guitares fuzz cradingues et enveloppantes et la voix réverbérée qu’aucun d’entre nous n’aurait voulu voir disparaître. Tout au long de Sleep Forever, entre pop anthems catchy et ballades électrisées mid-tempo, on marche sur un fil habilement tendu entre pop shoegaze séduisante, brillante et sexy, et electro-punk de gouttière sombre et crasseuse. Classieux.

Fort d’une importante tournée depuis la sortie de son premier album, le groupe s’affirme et livre un deuxième album fort de sens, presque à la limite du disque concept! Crocodiles émancipe son shoegaze et lui injecte la fougue de Primal Scream et la noirceur des Warlocks: on était loin d’en espérer autant.

En écoute: « Mirrors »

[audio:http://www.toujoursuncoupdavance.com/wp-content/uploads/2010/09/01-crocodiles-mirrors.mp3]
5 comments
  1. ArnD

    Bah « la noirceur des Warlocks » j’l’ai bien cherchée mais elle m’a pas trouvé moi ! : p

  2. Lionel

    Ah ben ça peut prendre du temps! Regarde moi au début je la trouvais même pas chez les Warlocks eux même ;-)

  3. Lionel

    Non mais plus sérieusement, c’est surtout dans les textes que le noir se fait sentir (là où la comparaison avec les Warlocks se limite peut-être…) : « The whole world is an ocean, laughing while you drown » … « somewhere in the garden of your head, grows flowers brittle, brown, and dead » … « When I die, when I disappear, leave my bones behind »… Et j’en passe…

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