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Disques

Del Rey / Immemorial

Après s’être fait la main avec des pointures comme Maserati et From Monument to Masses, le label teuton Golden Antenna nous livre une sortie plus inattendue avec ce quatrième LP de Del Rey, formation américaine peu connue mais pourtant pas tombée de la dernière pluie puisque sa naissance remonte à 1997. Basé à Chicago – qui n’est sûrement pas l’endroit le plus dégueulasse pour faire ce genre de musique – le quintet a bien failli ne jamais pouvoir terminer ce disque: leur local de répétition s’est fait cambrioler au milieu de l’enregistrement de l’album et il a fallu l’appui de la scène locale pour que le groupe puisse y mettre la touche finale.

La première chose qui frappe à l’écoute de Immemorial, c’est que Del Rey ne réinvente rien. Tout au long du disque on navigue dans des eaux remuant post-rock instrumental version Red Sparowes (la pedal-steel de « Silent Weapons for Quiet Wars ») ou This Will Destroy You, rythmes syncopés et heavy à la Russian Circles, même les sonorités rappellent étrangement celles des finlandais de Magyar Posse (l’intro du titre d’ouverture, « Return of the Son of Fog-Rider » – on se demande bien où ils ont été le chercher celui-là). Les américains ont beau y incorporer motifs electro et instuments peu traditionnels (tambours taiko japonais, tabla, guitares gu-zheng comme sur « Ouisch ») cela ne suffit pas à rendre leur musique plus exotique. Le terrain sur lequel le combo tire le mieux son épingle du jeu, c’est davantage lorsqu’il se laisse aller à enfin lâcher les rênes et qu’un peu de groove et d’électricité viennent pimenter les structures et les longues parties mélodieuses, de bonne facture – mais qui finissent toujours à la longue par s’avérer un peu ennuyeuses. Les passages plus heavy où la section rythmique s’emballe, même si le spectre de Maserati n’est alors jamais très loin, sont de toute évidence ceux qui vont le mieux à la formation, sans doute parce que c’est alors que les percussions et les deux batteries s’expriment le mieux (« These Children Who Come at You With Knives »).

Golden Antenna confirme son esthétique et se positionne comme label incontournable pour le post-rock instrumental en Europe. Immemorial n’est pas un disque indispensable pour autant, mais les amateurs du genre y trouveront leur compte et pour cela Del Rey mérite que l’on s’arrête sur son cas. Les plus exigeants, eux, attendront d’être convaincus en live (le groupe devait tourner en Europe en novembre et s’arrêter en France mais il semble que la tournée ait été annulée, ou espérons-le – reportée).

En écoute: Return of the Son of Fog-Rider

[audio:http://www.goldenantenna.com/wp-content/uploads/2010/08/01-Return-Of-The-Son-Of-Fog-Rider-1.mp3]
2 comments
  1. ArnD

    Mais ça existe encore des « amateurs du genre » ??? Non parce que ce que j’ai entendu du groupe ne me donne pas du tout envie, et je me demande si y’a encore bcp de gens qui craquent pour ce type de recettes éculées…

  2. Lionel

    Oh, il doit y en avoir oui… Pour qu’un label aussi indé soit-il se lance dans un truc si ciblé j’espère pour eux qu’il y a une petite clientèle. Après, éculée ou pas, tout ne repose pas sur la « recette »… Les ambiances, l’émotion, le son… Mais pour Del Rey, ça évoque un peu trop de choses déjà entendues pour moi aussi.

    J’avoue par contre que je suis quand même très curieux d’entendre le nouveau Maserati….

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