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Live Reports

From Monument To Masses + A.Armada + Zerö – Epicerie Moderne (Lyon), 27/10/08

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Soirée « Post-Rock » qu’ils disent, sur leur programme, à l’épicerie moderne. En le parcourant, attendant sous la pluie qu’un vigile vienne gentiment m’ouvrir la porte, je me dis que l’éclectisme (impossible de ne pas penser aux inconnus chaque fois que j’utilise ce mot) dont fait preuve la prog de l’Epicerie Moderne force de plus en plus le respect. N’est pas SMAC qui veut, certes, et les subventions aident parfois bien les choses. Mais la réussite d’une soirée comme celle-ci, avec des groupes plutôt obscurs, un lundi soir agrémenté d’un temps tout à fait éxécrable (on sait qu’il en faut peu pour décourager un public) n’était pas gagnée d’avance…

L’affluence est pourtant au rendez vous. Cinq minutes à peine après l’ouverture des portes, assis dans mon coin à pester sur mon MiniDisc – qui m’a planté au beau milieu de mon interview avec FMTM, saloperie de matos made in Korea – je constate que le hall d’entrée de l’EM est déjà remplie. Le premier concert commence déjà (trois groupes ce soir, faut pas traîner) et ce sont les Athéniens (ceux de Géorgie, pas de Grèce) d’A.Armada qui ouvrent le bal. Le combo partage d’ailleurs un de ses guitaristes, Josh McCauley, avec un groupe originaire du même endroit, un groupe appelé Maserati que les amateurs du genre connaissent bien. On reconnait d’ailleurs immédiatement son jeu, construit sur l’utilisation de pédales de delay réglées sur la section rythmique. Ici aussi, cela fonctionne à merveille, et si les horizons et couleurs dépeintes par ses acolytes sont plus proches (voire trop par moments) d’Explosions In The Sky, le groupe semble pourtant vouloir renoncer aux longs et lents crescendos pour livrer une musique plus urgente, plus frénétique, plus vivace; il n’est en effet pas rare que la basse et la batterie s’emballent, abandonnant les envolées lyriques qu’on aurait pu attendre de la part du désormais plus célèbre groupe texan après les Red Necks et leur Cotton Eyed Joe.

Après un excellent set bien qu’un peu court (à peine une quarantaine de minutes) c’est Zëro qui prend le relais. Déclinaison du groupe Bästard, lui même formé sur les cendres de Deity Guns et originaire de la région, Zëro n’est pas venu seul et a amené avec lui bon nombre de supporters si l’on en croit la petite marée humaine qui se presse maintenant devant la scène de l’EM. La bonne surprise de la soirée, assurément, puisque je n’avais pas encore eu l’occasion de voir le groupe sur scène depuis l’intérêt qu’un article de Noise à leur sujet avait suscité chez moi, et l’écoute de leur album Joke Box. Quatuor mouvant (les membres changent de place et d’instrument entre les morceaux, à l’exception du batteur que personne ne viendra embêter – peut être à cause de son imposante stature), Zëro déconstruit sa propre musique, à l’aide de sonorités electro et de ses machines, alliant aussi bien noise que free jazz, se laissant parfois glisser dans des ambiances qui paraissent improvisées tant elles sont fluides; les instruments communiquent, se parlent et se répondent, et lorsque le chanteur s’approche du micro, c’est pour distiller un chant asymétrique, rebondissant, s’éloignant de toute sorte de format, comme la musique qui l’accompagne. Le groupe n’a pas volé sa renommée, ni ses fans – qui sont en nombre ce soir. On redoute un peu que la plupart mettent les voiles juste après d’ailleurs.

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Zëro

Crainte tout à fait injustifiée puisque, je dirai, environ deux-cent, deux-cent-cinquante personnes (je précise que je n’ai jamais été bon pour compter ce genre de choses) sont encore là pour voir From Monument To Masses s’installer. Le trio est en tournée en Europe pour une vingtaine de dates qui finira à Moscou dans quelques jours. Mais pour l’heure, c’est un set qui durera au total un peu plus d’une heure et quart qui débute.

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From Monument To Masses

Si là encore, le groupe utilise quelques gimmicks vus et revus – pedales de delay, crescendos, samples cinématograpiques – l’orchestration reste néanmoins inédite, et c’est surtout l’hallucinante intéraction, la synchronicité entre les trois musiciens qui frappe d’emblée: Francis Cheung (batteur) et Sergio Robledo-Maderazo (basse/clavier) contrôlent tous deux des boîtes à rythme et autres samples, venant agrémenter les parties sonores de discours militants ou de réflexions philosophiques dans lesquelles les trois musiciens disent se retrouver. Matt Solberg (guitariste), de son coté, construit les morceaux en superposant habilement boucle sur boucle, forçant la batterie à se caler sur lui de façon ultra précise (ce que le batteur semble parfois peiner à faire étant donnés certains tempi!). L’ensemble est saisissant de cohérence, c’est « carré » comme on dit, et c’est même plus que celà: la prestation du groupe me semble vraiment tenir de la prouesse technique. Considérant le fait qu’un des membres vit à plus de 8000 km des deux autres, limitant les possibilités de répétition – celà n’en est que plus remarquable.

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From Monument To Masses

Confontant ambiances éthérées et énergie punk, rythmes électroniques empruntés au dub, FMTM visite une palette de sons large et massive, en donnant pour le reste un visage singulier et reconnaissable à sa musique. Le plaisir se délie après quelques titres, le trio livre une prestation tout à fait remarquable et ce malgré quelques aléas techniques (notamment une peau de caisse claire ratatinée pendant Beyond God & Elvis). Après un final pour le moins explosif et enthousiasmant, le groupe reviendra pour un rappel tout aussi intense. Encore un de ces concerts qui laissent le sourire aux lèvres, et qui nous font nous dire que « ouais, c’était bon! ». From Monument To Masses est un groupe qui gagne à être connu… Sur tous les plans. Vivement la sortie de l’album (prévue fin janvier chez Dim-Mak records).

Crédits photo: Moi (je sais bien qu’elles sont pas terribles mais pour une fois que je peux l’écrire!)

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