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Interview – Flowers

flowers_3La section parisienne de DarkGlobe aime beaucoup ses amis virtuels de l’association Another Sunny Night et cela sans même les avoir rencontrés (nous les avons néanmoins très certainement croisés au bar de l’International). Depuis maintenant plus de trois ans, ils organisent et font se déplacer régulièrement les meilleurs groupes indie pop de l’Europe et des environs avec une préférence pour ceux sirotant des petites bouteilles de binouze twee ou du cidre avec fermentation selon la recette Sarah Records. Ce 12 Juillet, ils ont eu l’excellente idée d’inviter Flowers, le groupe twee bruitiste de Rachel Kenedy et Sam Ayres, dont nous avions chroniqué le EP et croisés en première partie des Pains of Being Pure at Heart à l’Epicerie Moderne.

Profitant de l’occasion et après avoir assisté à leur set joué le pied sur la fuzz sans une respiration entre les morceaux, nous attrapons les deux jeunes gens pour nous installer dans le café en face de l’International, histoire d’avoir un peu de calme. Après les avoir avertis que nos questions ne feront pas gicler le bouchon d’une bouteille de champagne cuvée Innovation, nous débutons l’entretien, doucement enveloppés par la musique de Survivor, Rick Astley et autres joyeusetées. Celui-ci se déroulera sans encombre jusqu’à ce qu’un triste et anonyme connard balance un pétard dans la rue, taille super maousse qui, en explosant, saturera le microphone de l’Iphone et ruinera la fin de l’enregistrement sans que, malheureusement, nous ne nous en rendions compte. Transparence avant tout, les trois dernières questions ont donc été posées une seconde fois, à postériori et par email.

Est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus à votre sujet et comment vous en êtes arrivés à faire de la musique ensemble?

Rachel: Sam et moi avons toujours joué de la musique. Sam évoluait auparavant dans un groupe. Après la séparation de celui-ci, il a eu envie d’en remonter un appelé Flowers. Ca lui a pris plus d’un an pour trouver une chanteuse dont il était satisfait. J’ai eu la chance que ce soit moi. Je recherchais un groupe avec lequel jouer parce que travailler en solo est sympa mais pas aussi amusant. J’adore composer mais jouer toute seule devant des gens est un peu effrayant. J’ai répondu à une annonce sur un site internet, j’ai participé à une audition pendant laquelle j’ai écrit quelques mots sur une chanson que Sam avait écrite et c’est comme cela que tout a commencé.

Quel type de musique jouais-tu en solo, Rachel?

Rachel: J’avais évidemment la même voix mais le style était totalement différent: je jouais du piano et du violon. On avait l’habitude de me comparer à Kate Bush. J’écris aussi les paroles et les lignes de mélodies pour Flowers mais cela n’a plus grand chose à voir. J’avais vraiment envie de faire de la musique comme la notre. Je ne joue pas de la guitare ou de la batterie et il est quasiment impossible de chanter ce genre de chansons avec uniquement un piano donc c’était tout à coup vraiment excitant de faire partie d’un groupe.

Sam, ce groupe dont Rachel parlait et qui s’est séparé, c’est bien The Notes? 

Sam: Tout à fait. The Notes, pour une raison que j’ignore, était très apprécié en France. Bien plus qu’en Angleterre.

Rachel: The Notes a plus joué en France que n’importe où ailleurs.

Sam: Nous avons joué à Dijon, à Paris, à Colmar… Pourtant, nous détestions être un groupe: nous ne répétitions jamais, nous n’avions aucun instrument. Ce n’était pas une situation très agréable.

Rachel: Sam était The Notes. Il écrivait tout.

Sam, c’est difficile pour toi de ne plus jouer des chansons des Notes maintenant? 

Sam: Entre the Notes et Flowers, il y a un écart de deux ans. Tu n’en as peut-être pas l’impression mais je le ressens de cette manière. Et ce sont deux ans durant lesquels nous avons écrit de toutes nouvelles chansons donc pour moi, c’est quelque chose de totalement neuf.

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Pourquoi avoir choisi le nom Flowers?

Sam: Pour être cachés, pour que les gens n’arrivent pas à nous trouver très facilement. Et j’aime l’idée de transformer un mot très simple de la vie quotidienne en quelques chose d’autre. Si, lorsque tu prononces le mot, tu arrives à ce que ton interlocuteur pense à un groupe au lieu d’une simple fleur, tu atteins quelque chose. J’aime aussi le contraste provoqué par un mot qui reflète l’opposé de notre musique très bruitiste. Arriver à surprendre voire décevoir les à-priori de quelqu’un sur un groupe qui s’appelle Flowers est plutôt amusant.

« J’aime aussi le contraste provoqué par un mot qui reflète l’opposé de notre musique très bruitiste. Arriver à surprendre voire décevoir les à-priori de quelqu’un sur un groupe qui s’appelle Flowers est plutôt amusant. »

Vous êtes tous les deux bien trop jeunes pour ce son C86. Comment êtes-vous tombés là-dedans? 

Sam: Tout d’abord, j’ai bien le CD C86 (rires) et j’adore ce son. Mais je ne considère pas celui-ci comme proprement twee. Je pense que cette connexion entre twee et C86 est une erreur, un malentendu imaginé par des journalistes. Si nous devions nous sentir proches de certaines sonorités C86, ce serait plus spécifiquement de quelques chansons qui ont été écrites durant les derniers instants de ce mouvement.

Comment fonctionne le processus de composition ?

Rachel: Quasiment tout le temps, Sam et moi enregistrons tout ce que nous faisons à notre domicile. C’est normalement Sam qui imagine la rythmique, les guitares par-dessus et pendant qu’il le fait, je l’écoute et j’écris les lignes mélodiques et les mots. La plupart du temps, ce processus dure environ une demie heure pour un premier jet. Nous faisons tout en une seule fois. Et c’est agréable parce que je suis constamment étonnée de ce que Sam est en train de produire et il ne m’entend pas chanter sur son travail jusqu’à ce que j’enregistre. Donc nous nous surprenons constamment l’un l’autre. Nous procédons vraiment de manière très rapide, nous jouons, nous nous enthousiasmons et finalement nous enregistrons. C’est pourquoi beaucoup de nos enregistrements s’arrêtent de manière très abrupte. Nous n’avions pas encore terminé les morceaux.

Sam: Nous avons juste décidé d’aller boire du thé à la place. (rires) Une attitude très anglaise.

C’est pour cela que vous écrivez des morceaux très courts! Est-ce que, selon vous, toutes les bonnes chansons devraient durer moins de 2 minutes 30? 

Sam: 2 minutes 17 correspond à ma durée parfaite, en accord avec les principes de The Shop Assistants! (sourire)

Rachel: The Shop Assistants a expliqué que tu devrais couper tout ce qui n’est pas nécessaire à ta chanson. Nous ne le faisons pas exprès mais nous avons tendance à retirer quoique ce soit qui déborde de la rythmique du morceau. Nous avons écrit environ 150 chansons et je crois qu’il y en une seule qui dépasse les 2 minutes 30 pour se rapprocher des 3 mais je n’en même pas sûre! C’est un vrai problème pour nous: nous préparons actuellement notre premier album et pour être considéré comme tel, il doit avoir une certaine longueur. Donc il va peut-être y avoir quelque chose comme cinquante chansons dessus!

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Rachel, tu avais l’air un peu tendue pendant votre concert. La scène est quelque chose que tu n’aimes pas?

Rachel: Au contraire, j’aime la scène plus que tout. Lorsque je chante, je ne suis pas nerveuse du tout. Néanmoins, je suis quelqu’un d’extrêmement timide donc entre les morceaux, je peux paraître mal à l’aise. Je sais qu’il y a quelque chose de totalement opposé entre le fait d’être sur scène et ma timidité. Mes parents sont venus à notre premier concert, ils ont aussi fait cette remarque en m’expliquant que je devrais avoir plus d’assurance. Mais j’estime que je dois rester naturelle. J’ai l’air et je suis timide mais cela ne m’empêche pas d’aimer me produire sur scène.

« Nous avons écrit environ 150 chansons et je crois qu’il y en une seule qui dépasse les 2 minutes 30. Nous préparons actuellement notre premier album et pour être considéré comme tel, il doit avoir une certaine longueur. Donc il va peut-être y avoir quelque chose comme cinquante chansons dessus! »

Pendant le concert, la seule fois où nous t’avons entendu parler entre les chansons, c’est lorsque tu as dit « Thank you » avant le dernier morceau.

Sam: C’est ce qui est beau et participe au côté épique de la prestation; que tout soit délivré dans un seul bloc, sans interruption.

Rachel: Certains groupes savent parler entre les chansons. Par exemple, Niall de The Spook School (avec lesquels Flowers jouait ce soir-là, NDLA) est extraordinaire et tellement drôle car il est sincère dans sa démarche et veut vraiment communiquer avec le public. Si j’essayais de le faire, cela me semblerait faux et forcé.

Sam: En tant que spectateur de concerts, qu’est-ce que tu apprécies vraiment dans ces interludes entre les morceaux? Est-ce que c’est vraiment agréable d’écouter quelqu’un parler uniquement pour le plaisir de s’entendre? Je préfère attendre en silence et conserver cette sensation d’impatience avant le début de la chanson. Je n’ai pas besoin de m’asseoir et que quelqu’un me raconte une histoire. Je trouve cela horriblement chiant.

« Est-ce que c’est vraiment agréable d’écouter quelqu’un parler pour le plaisir de s’entendre ? Je préfère attendre en silence et conserver cette sensation d’impatience avant le début de la chanson. Je n’ai pas besoin de m’asseoir et que quelqu’un me raconte une histoire. Je trouve cela horriblement chiant. »

Rachel: Et quelque part, ça fait partie de notre esthétique: nos chansons sont courtes, nos concerts sont courts… (sourire)  De la même manière, je reste immobile sur scène tandis que Sam court dans tous les sens. Nous sommes totalement opposés. J’imagine que notre musique fonctionne de cette manière avec ce contraste entre le bruit et une certaine forme de douceur. Et si nous remuions tous les deux de tous les côtés, nous risquerions de nous percuter voire même de nous tuer (rires).

Sam: Le faire à ta façon, c’est ce qui est important. Il y a constamment une pression autour de nous de la part de gens qui voudraient que nous fassions les choses différemment.

Vous avez tourné avec les Pains of Being Pure at Heart, c’était comment?

Rachel: C’était fantastique et une opportunité incroyable. A la base, nous adorons ce groupe donc c’était un rêve de faire leur première partie, qui plus est pour une tournée européenne. Nous avons beaucoup appris pendant celle-ci car nous n’avions joué qu’une poignée de concerts auparavant. Du coup, se retrouver à jouer aussi rapidement dans d’aussi grandes salles correspondait en quelque sorte à un cours intensif. Nous sommes aussi devenus amis avec le groupe, qui non seulement sont extrêmement doués mais aussi des personnes adorables. Nous avons rencontré leur incroyable ingénieur du son qui travaille désormais avec nous et fait des miracles à tous nos concerts. Durant la tournée, Sam a aussi eu la chance de voir un chien boire du whisky et manger un gâteau entier, le genre de chose que tu ne vois qu’une fois dans ta vie!

Qu’est-ce qui est prévu pour Flowers dans le futur?

Rachel: Nous continuons les concerts. Nous participons d’ailleurs au Berlin Popfest ce weekend (le 4 Octobre, NDLA ) ce qui est vraiment génial. Dès que nous serons de retour chez nous, nous finirons d’enregistrer notre album avec Bernard Butler. Travailler avec un musicien aussi renommé et talentueux nous semble toujours aussi totalement irréel! Bernard comprend vraiment notre musique et sait techniquement comment la retranscrire sur disque. Nous sommes vraiment impatients d’entendre le résultat final.

« Dès que nous serons de retour chez nous, nous finirons d’enregistrer notre album avec Bernard Butler. »

Donnez-moi trois raisons de ne pas cueillir des fleurs dans les jardins publics.

Rachel: Déjà, tu risquerais de te faire engueuler (dans certains jardins, c’est interdit) ce qui craint. Ensuite tu as de grandes chances de te faire piquer par une épine ou une abeille et de te faire mal et enfin un chien vient peut-être de pisser dessus. Si cela, ce n’est pas trois bonnes raisons de ne pas cueillir des fleurs!

Photos de l’International: Orimyo

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