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Interviews

Interview – Olivier Libaux

Olivier Libaux ne fait pas partie de ces musiciens qui recherchent à tout prix les lumières des projecteurs. Pourtant, il est actif depuis la fin des années 80, avec son groupe Les Objets, et nous a proposé des projets très différents mais qui ont en commun une qualité indéniable de la mélodie et une finesse dans la production. Personnellement, j’ai découvert Olivier Libaux avec son album Imbécile dont il est l’auteur, le compositeur et, en partie, l’interprète aux guitares et claviers, laissant quatre vocalistes de talent se partager l’affiche: Helena Noguerra, Barbara Carlotti, Philippe Katerine et JP Nataf. Mais en creusant un peu plus dans la discographie de ce Nordiste à l’âme pourtant ensoleillée, j’y ai découvert une multitude de touches colorées formant un canevas musical intriguant et cohérent, profondément marqué par les influences anglo-saxonnes. D’abord avec son projet Nouvelle Vague, avec lequel il parcourt encore les scènes européennes malgré la crise (in)san(e)itaire. Mais également avec Undercover Queens Of The Stone Age au travers duquel, entouré de la fine fleur des voix féminines actuelles (Skye Edwards de Morcheeba, Rosemary Standley de Moriarty, Susan Dillane de Death In Vegas etc…), il rend un hommage – adoubé par Josh Homme himself – à sa manière à un de ses groupes préférés avec un album et deux EP. Pourquoi dès lors ne pas passer un moment virtuel (la belle époque!) avec Olivier Libaux pour partager ainsi avec lui sa passion et garder espoir en un avenir moins sombre?

Tu reviens d’une série de concerts en Espagne avec Nouvelle Vague, explique-nous comment cela s’est passé? Es-tu en mesure de nous donner un peu d’espoir pour la renaissance des spectacles vivants?

Olivier Libaux: Quel plaisir c’était de retrouver la scène et le public! Il faut savoir qu’en Espagne – du fait d’une accalmie de la pandémie, mais aussi d’une motivation dingue de la part des salles, des festivals, et du gouvernement, pour que les concerts puissent avoir lieu -, les salles ouvrent à nouveau. On voit le public aussi heureux de retrouver les concerts que les artistes de pouvoir jouer! De fait, nos concerts ont été des moments d’extase pure. C’est difficilement descriptible. Les Espagnols, de même que les Allemands, ont déjà compris que, sous restriction sanitaire bien sûr (port du masque, siège vide entre les groupes de spectateurs, prise de température à l’entrée de la salle et pas trop de mouvements intempestifs pendant le concert), les salles ne sont pas du tout des sources de « clusters ». Et si en plus – mon credo depuis juillet 2020 -, l’aération y est clean, il n’y a rien à craindre! Donc ces pays montrent l’exemple. Aux autres de les suivre! Il faut évidemment que la culture y soit considérée comme « essentielle »…

En quoi consiste le projet Nouvelle Vague?

Nouvelle Vague existe depuis 2004 et la sortie du premier album. C’est un projet de reprises de titres New Wave en Bossa Nova mais aussi de transposition masculin/féminin ou vice versa. Ce qui veut dire qu’une reprise des Clash est chantée par une femme, et qu’une reprise de Blondie est chantée par un homme. Ce projet, très artisanal au départ et sans aucun moyen marketing, a eu un tel succès dans le monde entier que nous nous sommes retrouvés à effectuer un Never Ending Tour depuis toutes ces années, tout cela en sortant de nouveaux albums évidemment… Jusqu’à ce que la Covid-19 arrive et entraîne l’annulation de 80 dates. Merci le virus!

En 2011, tu te lances dans le projet Uncovered Queens Of The Stone Age qui consiste à enregistrer à ta manière des chansons du groupe américain Queens Of The Stone Age avec uniquement des voix féminines, comment t’es venue cette idée?

J’étais fasciné par Queens Of The Stone Age depuis la sortie de Songs For The Deaf en 2002. Et pourtant mes goûts me portent plutôt vers Sufjan Stevens ou Divine Comedy; des choses plus calmes, on va dire. J’étais fasciné par les chansons de ce groupe, ces compositions insensées, tellement élaborées qu’on pourrait les imaginer interprétées en versions orchestrales. Depuis 2006, Il me démangeait d’un jour tenter un projet autour de ces chansons-là.

Je crois que Josh Homme (leader des QOTSA) a eu vent du projet et a entendu les enregistrements, qu’en a-t-il pensé?

En réalité, j’ai contacté Josh Homme avant toute chose. Ne me demandez pas comment j’ai eu son adresse mail; le fait est que quelqu’un me l’a passée. Il se trouve qu’il appréciait Nouvelle Vague. Je lui ai demandé s’il était ok pour que je tente un album de reprises, uniquement dédié à QOTSA, uniquement interprété par des chanteuses américaines ou anglaises – Emiliana Torrini, Skye de Morcheeba, Inara George, Alela Diane, entre autres. Il m’a répondu: « Avec plaisir ! Envoie-moi juste une copie de l’album quand tu as fini« . Ensuite, il se trouve que mon album est sorti en 2013, à une semaine d’intervalle de Like Clockwork, le sixième album des QOTSA. Donc on s’est croisés. En fait, il appréciait énormément mon disque. Je peux même dire maintenant que j’ai été invité à des tas de leurs concerts, en mode VIP, et que j’ai passé des super moments avec Josh et les membres du groupe. Ils ont juste la classe intégrale…

Comment as-tu choisi les chansons dans le répertoire pléthorique des QOTSA?

Mon critère, c’est de ressentir si je vais parvenir à recréer quelque chose d’intéressant depuis un titre original. Pour « Burn The Witch » par exemple, j’ai sauté de joie le jour où j’ai trouvé ce petit arpège tout fin alors que l’original est rempli de puissance. C’est une quête, un peu comme lorsque quelqu’un explore une grotte et découvre des choses intrigantes.

Il serait envisageable de voir ce projet un jour sur scène?

Là, c’est mon grand deuil. L’album Uncovered Queens Of The Stone Age est sorti en 2013 puis j’ai mis sur pied une version scénique, qui a fait des concerts dont un d’envergure à l’église Sainte Eustache, à Paris, le 20 mai 2014. Les deux chanteuses de cette formule live étaient Françaises: Charlotte Savary et Nathalie Réaux. Absolument excellentes, complémentaires, on ne peut rêver mieux. Mais Nathalie Réaux est tombée gravement malade, et elle est décédée l’an dernier, en février, à âge de 42 ans…Je dois avouer que, depuis, je vois mal comment je pourrais reformer un groupe pour la scène. Cela viendra peut-être un jour, mais pour le moment, j’en suis incapable…

Comment peut-on se procurer les vinyles (il me semble qu’ils ne sont sortis que sur ce format…)?

Tu peux les trouver en numérique. Mais un mélomane peut-il se contenter du digital? Ce n’est définitivement pas mon cas et les vinyles sont disponibles ici.

Le succès a été international pour ce projet?

Oui. Et j’en profite pour remercier du fond du cœur les Américains, les Anglais, les Allemands, les Australiens, mais aussi pas mal de Français. Ca fait 8 ans que le premier album est sorti et les commandes ne cessent jamais! Il y a un vrai amour autour de ce disque, c’est comme une communauté. Lorsque je discute par mail avec un client ou un autre (faut-il que je l’appelle un « client », d’ailleurs ?), c’est toujours tellement cool… Avec la Covid, en plus, on a eu des suées, parce que des colis pour les USA ou l’Australie se perdaient, puis ils étaient retrouvés et enfin ils arrivaient enfin à bon port ! Cette période n’a pas été facile.

Comment abordes-tu ta vie de musicien actuellement?

Honnêtement, je suis actuellement en rage. L’an dernier, le premier confinement m’a assommé. Réellement. Je me suis retrouvé à dormir pendant des heures et des heures. Il n’y avait rien d’autre à faire et de toute façon, après 15 ans de tournées, autant en profiter pour dormir (enfin) un peu. Mais là, depuis début 2021, j’enrage! Tout pourrait aller tellement plus vite: les vaccins, la réouverture des salles, des théâtres, des cinémas! Puisque je reviens d’Espagne, on voit bien que c’est possible. Il suffit de le vouloir! Alors qu’est-ce que c’est que cette inertie? Nous sommes des milliers à trépigner, des millions même, si on associe nos amis des autres pays.

Quels sont tes futurs projets?

Il y a du Nouvelle Vague dans l’air. J’enregistre actuellement pas mal de matériel. J’aimerais bien aussi donner une suite à Imbécile, l’album de chansons en français sorti en 2007. Ma rage se transforme en envie de pondre des disques, des chansons, de jouer en concert! L’énergie est énorme et je ne suis pas le seul à la ressentir.

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