Ivy est un peu le groupe dont on n’attendait plus rien. Pas parce que les New-Yorkais, adeptes d’une indie pop raffinée, nous avaient particulièrement déçus par le passé, mais bien parce que le triste décès d’Adam Schlesinger en 2020, des suites de complications liées au Covid-19, semblait avoir mis un arrêt brutal à l’existence d’un groupe déjà bien trop rare and discret. L’annonce, la semaine dernière, de la sortie en septembre d’un nouvel album intitulé Traces of You — imaginé avec le consentement de sa famille à partir de démos laissées par Schlesinger — a donc surpris et ravi les aficionados du trio. Rejoints par Bruce Driscoll, les deux membres originaux, Andy Chase et Dominique Durand ont donc sorti un premier extrait, « Say You Will », la semaine dernière.
Immensément nostalgique, la vidéo du morceau — malgré des moyens modestes (elle semble avoir été filmée à l’Osmo Pocket) — prend des allures d’élégie lumineuse et mate, élégante mais dépouillée, dédiée à Adam Schlesinger. Des images de ce dernier sont projetées en surimpression, tandis qu’un simple autocollant « Adam », collé sur un clavier, rappelle discrètement mais puissamment son ombre discrète et pourtant omniprésente.
Quant au morceau lui-même, il incarne parfaitement ce que l’on attend d’Ivy : un single d’une pureté cristalline, impeccablement ciselé, où affleure ce vertige intime et émotionnel, presque imperceptible, caressé par la voix feutrée et rêveuse de Dominique Durand et qui se loge entre la douceur des couplets et la montée subtile du refrain.
Ce retour inespéré n’a pourtant rien d’un simple hommage figé dans le passé. « Say You Will » — et on l’espère Traces of You dans son ensemble — agit comme un prolongement délicat, une tentative de conversation posthume entre les vivants et l’absent, entre les souvenirs et ce qui reste à dire. Si Ivy a toujours su conjuguer la retenue avec la grâce, rarement leur musique avait autant résonné comme un murmure venu de l’intérieur. Et dans ce silence que laisse Adam Schlesinger, c’est précisément cette voix-là que l’on entend encore.

Grand consommateur de Baby Carottes et de sorbets au yuzu, j’assume fièrement mon ultra dépendance au doux-amer, à l’électropop bancale et chétive, aux musiciens petits bras ainsi qu’aux formes épurées du grand Steve Ditko. A part cela? Il y avait péno sur Nilmar.