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Parker Dulany / Border State

L’incertitude a deux effets. Elle inhibe le désir et fige dans la crainte. Ou bien, à contrario, elle stimule, pousse à de nouvelles capacités d’adaptation et in fine rend créatif. Dans le cas de Parker Dulany, on peut croire que les temps incertains l’inspirent. 

Au printemps 2020, sortait ainsi l’album Wagons, auquel succède aujourd’hui Border State, diffusé par les français de Kizza Me Records. Sur la photo de pochette, l’ex Certain General pose avec l’air préoccupé d’un Abraham Lincoln face au nouveau destin de son pays. En chemise noire sur fond noir, assis, mains croisées, Dulany, barbu et grisonnant, a le regard  insaisissable de celui qui s’interroge. À quelques mois d’écart, l’humeur de Border State reste ainsi dans la  lignée âpre décrite pour Wagons. Une beauté sombre y circule, s’immisçant dans dix-neuf titres (!), chantés d’une voix grave sur des tempos médiums ou lents. Voix remarquable par ses caractères, qui articule chaque mot et accentue la syntaxe de textes aux phrases longues, parfois descriptives mais toujours pénétrantes. 

Marqué par une nervosité d’écriture baudelairienne, Dulany est un disciple de Thoreau et Whitman . Affranchi de la New Wave cold de Certain General, il  revisite une Americana country punk et neo folk, contestataire et poétique.  Avec « Payphone Box  » en premier single, Border State est un disque grave; moins fait pour la distraction que pour saisir simultanément les sens et la conscience de l’auditeur. Avec ses superbes guitares et des arrangements musicaux sans fioritures, il avance sans concession aux gratuités qui détourneraient de son propos. Hautement recommandable pour amateurs de musique adulte.

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