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Live Reports

Rufus Wainwright – Transbordeur (Lyon), 12/05/10

La venue en France de Rufus Wainwright – et cette date unique au transbordeur – était l’occasion rêvée de se pencher sur la musique de ce songwriter assez connu mais plutôt peu par chez nous, si ce n’est pour sa reprise très classique, néanmoins réussie du « Hallelujah » de Leonard Cohen (difficile de s’y frotter alors que Jeff Buckley en avait déjà fait une version d’anthologie), ou quelques apparitions cinématographiques en tant que compositeur. Pourtant l’univers du bonhomme a réellement de quoi séduire…

C’est donc un transbordeur atypique qui se présente à nous. Configuration « petite salle », rideau derrière la régie, et trois petites centaines de sièges en plastique recouvrant la fosse. Coté jardin, un piano, seul et massif, brise le minimalisme du décor : quelques éclairages faibles, et un écran derrière la scène.

Les lumières s’éteignent après qu’on nous ait expliqué le déroulement du spectacle : un premier set, d’abord, au cours duquel Wainwright interprète son dernier album, All Days Are Nights – Songs for Lulu, dans l’ordre et pendant lequel il nous est cordialement demandé de ne pas applaudir. Puis, un second set, plus « détendu » – où Rufus interprète d’autres chansons de son répertoire et où l’audience est cette fois autorisée à exprimer son enthousiasme.

Le premier set début donc, avec une entrée de l’artiste dans la pénombre, une faible lumière laissant à peine apercevoir un costume sublime, robe noire, plumes, dandysme et romantisme sombre toutes ailes dehors. Lentement, le musicien s’installe au piano et entonne les premières mesures de « Who Are You, New York ». Le grand écran se pare de visuels sobres, eux aussi – yeux sombres, paupières se déployant lentement, par instants, regards difficilement perceptibles. L’ambiance est au recueillement, rien d’étonnant lorsqu’on sait que l’album est un recueil de chansons écrites pour sa soeur Martha, alors qu’ils accompagnaient leur mère dans la maladie qui l’a emportée en janvier dernier. Un coté solennel et cérémonieux qui n’est pourtant pas pesant, excepté en quelques rares instants où le silence prend possession de la salle, et que les notes qui suivent ont alors des allures de délivrance. L’écran en arrière vire parfois à un blanc tendu, éclairant alors la scène d’une faible lumière comme pour ne pas détourner notre attention de la voix du chanteur et du son du piano (particulièrement bon le son, il faut le dire). Au terme de ces chansons intimistes, Wainwright quitte la scène comme il l’avait investi, avec lenteur et élégance, et sans avoir prononcé un mot.

[youtube]vYU2Pkh6M6s[/youtube]

Le  second set débute quelques quinze minutes plus tard, dans une ambiance nettement plus détendue et colorée. Le public applaudit l’entrée de l’artiste, libérant sa frustration contenue tout du long de la première partie, et les chansons commencent alors à s’enchaîner, entre les dialogues complices avec un Rufus Wainwright visiblement très à l’aise! Il s’exprime dans un français de plutôt bon niveau, et livre même quelques chansons dans la langue de Molière. Mention particulière à « La Complainte de la Butte » (extrait de la bande originale de « Moulin Rouge ») et son interprétation particulièrement touchante. Anecdotique aussi, la « chanson à réponse » comme il l’appelle – « Rantanplan » sur laquelle il s’amuse à faire chanter le public : ce n’est pas exactement le concert où l’on s’attendait à entendre une chanson paillarde mais la spontanéité de la chose a de quoi séduire! Après divers morceaux de son répertoire, dont « Going To a Town » et son incontournable « Cigarette & Chocolate Milk » Rufus quitte enfin la scène, avant de revenir pour un court rappel – deux titres – et terminer ce concert sur une version à capella de « A la Clairefontaine » : version qu’il dédie à sa mère – après nous avoir expliqué avec beaucoup d’émotion que cette chanson fut un des derniers moments de lumière partagés avec elle. Un moment, dit-il, ou « la musique a éclaté l’histoire ». Une belle façon de clore cette rencontre avec ce garçon vraiment talentueux, mais surtout sincère, drôle et touchant.

2 comments
  1. ArnD

    Mais t’es allé voir Rufus Wainwright ???? Merde alors ! Cette fois il faut qu’on fasse quelque chose pour toi parce que tu files un mauvais mauvais côton !!!

    Bon blague à part, j’ai jamais pu supporter ce mec, j’ai persévéré avec ses deux premiers disques, mais non, ça le fait pas. Et sa soeur me fait le même effet.

  2. isatagada

    Mogador était très spécial également (http://isatagada.blog.com/2010/05/05/rufus-wainwright-mogador-une-diva-qui-a-des-couilles-et-du-coeur/)
    Mais nous n’avons pas eu droit à la berceuse française, qui je crois était un moment très émouvant.
    Merci pour ton billet, c’est toujours sympa d’entendre parler de Rufus Wainwright chez nous !
    On l’aime ou on le déteste, c’est une chose; mais il y a en France un phénomène curieux qui fait qu’on n’en parle quasiment jamais, et ça, je n’arrive pas à le comprendre…

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