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Disques

Sweet Baboo / Motorhome Songs

sweet baboo 240x240Je n’ai jamais été un grand fan des Peanuts, le comic strip de Charlie Schultz. Snoopy m’a toujours fait moyennement rire; en conséquence, je n’avais donc pas grand souvenir du personnage de Linus, que la soeur de Charlie Brown surnommait affectueusement et amoureusement Sweet Baboo. C’est ce dernier pseudonyme qu’a choisi le gallois Stephen Black pour sa carrière solo (il collabore avec pléthore d’autres artistes et groupes dont Cate Le Bon ou Slow Club). Ce n’était néanmoins pas le genre de détails qui allait m’empêcher d’écouter puis d’apprécier le nouvel EP du bonhomme: un Motorhome Songs sorti au mois de Novembre 2013 et imaginé comme la bande son d’un voyage familial et estival en van de Cardiff jusqu’à la plage du Bamburgh Castle pour finalement retourner chez soi.

Ce disque de road music est construit autour de trois véritables chansons elles-mêmes entourées par sept courts instrumentaux (le disque ne dépasse pas 22 minutes) dépouillés jusqu’à la moelle, aux claviers Casio de trente ans d’âge, aux boîtes à rythmes ultra basiques, aux sonorités rappelant parfois les publicités des années soixante-dix. Ces interludes sont uniquement illustrés par des extraits radio en gallois (‘Traffic Report Experimental Road Layout ») ou anglais (« Traffic Report 2 ») selon la localisation géographique du véhicule dans le voyage ou même des mugissements de vaches récalcitrantes (« Cross Animals »). Cette simplicité du discours s’accorde particulièrement bien avec la description du bien-être jusqu’à la tristesse du départ (« Lay Bye Bye ») car elle évoque une ingénuité, le retour vers un sentiment presque enfantin (l’attente de « Animals Crossing »); c’est à dire, finalement, la forme la plus proche de la sincérité. Sweet Baboo construit aussi des ponts sonores et symboliques entre ces instrumentaux et les chansons: le clavier de « Everything’s A1 », soit le début du voyage, annonce la destination finale de celui-ci avec ses notes faisant écho à l’introduction de « You Are The Best Beach That I Know ».

Au rayons des chansons proprement dites, guitares et voix en plus donc, « Motoring » est une folk pop song aux violons délicats, à la voix douce-amère calmement ravageurs et qui débordent d’une mélancolie bienheureuse tout à fait adéquate, de détails insignifiants magnifiant la poésie simple du morceau. Sur « You Are The Best Beach That I Know », Sweet Baboo s’imagine, autant qu’il le peut, crooner, et sa déclaration d’amour se développe dans un lent flou artistique où l’objet de son affection reste indistinct: évoque-t-il la plage sur laquelle il est allongé, l’élue de son coeur qui l’accompagne ou simplement un ensemble correspondant à ce sentiment diffus de plénitude qui l’enveloppe? « Motoring Home » est une version augmentée et enrichie dans l’orchestration, avec même une pointe d’électro, de « Motorhome »; plus énergique que ce dernier puisque remplie de tous ces souvenirs acquis tout au long de ce périple tranquille.

Motorhome Songs représente une parfaite description du plaisir intime du voyage avec les gens aimés, de cet équilibre constant entre le bonheur de l’instant présent et la mélancolie de ces plaisirs à jamais perdus, de ces moments quelconques mais précieux dont la musique ne se fait qu’un imparfait, trouble et éphémère mais indispensable reflet. « It doesn’t have to be for a long time, just as long as it is our time« . Finalement, qui a besoin de plus?

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