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Disques

The Haunted Youth / Dawn Of The Freak

Hype au Benelux, The Haunted Youth, formation menée par Joachim Liebens, vient de publier fin 2022 Dawn Of The Freak, premier lp diffusé par le label belge Mayway records. Natifs de Hasselt, ville du nord est de la Belgique où l’on vous parlera spontanément néerlandais plutôt que français, les jeunes musiciens de The Haunted Youth – quatre garçons et une fille, avec 29 printemps pour moyenne d’âge- vivent au cœur même d’une Europe maastrichtienne qui n’est peut-être pas leur tasse de thé. Artistiquement, le groupe qui semble chercher une lumière du jour qui ferait sens, baigne dans un clair-obscur tel que peint par les maîtres flamands et scrute l’au delà des côtes de Zélande pour ce qui concerne ses centres d’intérêts musicaux. Le quintet qui a récemment ouvert pour de The Cure dont le Pornography de 1982 n’est pas très éloigné du ton de Dawn Of The Freak, évolue depuis sa création en 2019 dans un univers indé et alternatif, empreint de psychédélisme et de synth-pop. Sans trop d’erreur on le situera entre ceux de MGMT, DIIV, The Cure, Slowdive ou le fondamental The Sound d’Adrian Borland.

Dawn Of The Freak, comme son nom l’indique, relève de ce temps initiatique de la jeunesse que The Who qualifièrent de « Teenage Wasteland » et n’est pas, à franchement parler, une suite de chants optimistes qu’on écoute avec légèreté. Les humeurs tiennent davantage ici de l’obscurité et du dérangement, plutôt que d’élans enthousiastes et juvéniles. Dans les textes de Joachim Liebens, véritable maitre d’œuvre du projet The Haunted Youth, on croise des personnages aux limites, anxieux, s’interrogeant sur la nature – bonne ou mauvaise – de premières expériences incertaines. En ce sens, The Haunted Youth se place dans une posture introspective bien plus qu’extravertie ou politisée, qui le distingue de formations comme Fontaine DC ou Shame avec lesquelles on pourrait sans doute l’associer trop hâtivement. La jeunesse des musiciens est un point commun, certes, avec une évidente volonté partagée de pointer ce qui dérange dans l’illusion d’un ordre établi, mais une spécificité saute aux yeux (et aux oreilles) qui définit The Haunted Youth : leur proposition artistique est aussi pop qu’elle est inquiétante… Nul ne fait de l’art avec de bons sentiments, nous le savons depuis Villon, De Musset, Baudelaire. Ici, à Hasselt la néerlandaise, on est servi.

Dans les dix titres de ce premier opus à la pochette trouble sur laquelle se détache, imprécise, la silhouette emmitouflée d’un enfant peinant à s’extirper d’un champ de neige molle sous un halo de lueurs verdâtres et bleutées, on entend des avalanches de guitare, percées d’éclaircies et d’enluminures de claviers aux couleurs analogiques. Le tout a la forme d’exutoires ou de catharsis, et les explosions musicales de « Teen Rebel », « Gone » ou « Broken » qui impressionnent l’auditeur, nous convainquent en premier lieu de l’absolue sincérité des musiciens. Sur disque comme sur scène on y croit. Le concert vu à Rotterdam, fin avril, en reste un exemple définitivement probant. Best live act of the year…

The Haunted Youth seront présents cet été sur de nombreux festivals européens, quittant leurs terres d’origine, pour porter plus loin leurs humeurs mélancoliques et d’une lumière en demi-teintes à l’instar de celles d’un Rembrandt – plus que d’un Vermeer– , comme leurs histoires et évocations tout aussi distordues que les masques grimaçants d’un James Ensor peignant un carnaval expressionniste défilant sur les quais d’Ostende.

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