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Live Reports

The Pains Of Being Pure At Heart + Young Michelin – Sonic (Lyon), 24/06/11

Partir voir The Pains of Being Pure at Heart au Sonic ce vendredi soir avait déjà quelque chose d’assez irréel en soi. Ce groupe, l’un des buzz indie pop les plus importants du moment, que l’on imagine remplir sans trop de peine – certes, avec peut-être l’appui d’une promotion conséquente – un Kao par exemple, se retrouvait ici dans le cadre bien plus underground et sans doute finalement un peu trop intimiste de la péniche lyonnaise. Les billets mis en vente uniquement chez deux disquaires lyonnais avaient été épuisés dans l’après-midi précédant le concert.

Une petite foule était donc au rendez-vous et à neuf heures, événement semble-t-il assez rare pour être signalé, une queue de plusieurs dizaines de mètres s’était formée devant le pont menant au Sonic.

Les Young Michelin, dont c’était le dernier concert sous ce nom suite aux menaces judiciaires venues du géant des pneumatiques, ouvraient les hostilités, affrontant crânement la lourde chaleur ambiante, courageux dans leur costume de scène (des pulls aux bandes horizontales de couleurs différentes pour chaque membre). Ou dénués de sens olfactif. C’est au choix. Les débuts étaient plutôt chaotiques. Des problèmes techniques se succédaient durant les deux premiers morceaux et l’on apprendra plus tard que les Pains ayant consacré une heure et demie à leur balance (soit environ deux fois la durée finale de leur set) avaient annihilé en conséquence celle des Young Michelin. Loin de s »en laisser compter, ces derniers distilleront une pop rock punchy, aux titres faussement naïfs (« Les copains », « Elle m’oubliera », « Obscène ») et paroles en français. Schizophrénie de toujours: entendre un groupe aux influences anglo-saxonnes tellement évidentes dans les compositions  (allo, the Cure?) chanter en français entraîne chez moi une forme de malaise ou tout au moins la nécessité d’un long moment d’adaptation. Ainsi les deux instrumentaux seront sans aucun doute les deux morceaux les plus appréciables directement mais au final, l’ensemble du set restera comme un bon moment.

Un interminable intermède plus tard, il était onze heures bien passées et c’était au tour des Pains de monter sur scène. Ils débutaient naturellement avec « Belong » comme hymne fédérateur et proposaient un set alternant des morceaux des deux albums ainsi qu’un inattendu mais agréable « Higher Than the Stars ». Plus généralement, le son du concert se caractérisait par son aspect extrêmement carré, où quasiment rien de dépassait, encadré notamment par les parties pré-enregistrées lancées par le batteur avant chaque morceau. Il fallait bien alors reconnaître qu’à force de tournées intensives ou de collaborations avec des musiciens « du milieu », le groupe s’était sans doute professionnalisé à outrance, perdant cette once d’amateurisme qui faisait une grande partie de leur charme. Et que ce soit sur disque ou sur scène, il ne semble pas rester dans l’univers des Pains une grande place pour l’expérimentation. Ont-ils conscience de leurs propres limites de musiciens ou juste envie de bien faire, d’offrir au public un set toujours propre, d’éviter au maximum les plantages, quitte à y perdre un peu de leur âme? Car bizarrement, on aurait sans doute préféré retrouver pendant ce concert un peu de naïveté et même des dérapages. Même le « Contender » joué par Kip en solo à la guitare en rappel semblait finalement un peu vain, quasi calculé au regard du reste du concert.

Car souvent, le groupe ressemblait à ces enfants trop bien éduqués, obligés par politesse de bien faire avec le sourire mais vidés de leur enthousiasme par la fatigue de la tournée, la chaleur, la petite scène, l’horaire trop tardif. Si l’envie était bien là, la force commençait, elle, à disparaître (au contraire par exemple du concert parisien de la semaine dernière à la Flèche d’Or); un manque qui semble-t-il a contribué à la légère frustration d’un public qui ne demandait qu’à s’emballer sous les coups de guitare de la pop la plus entraînante du moment. Mais malgré cet épuisement visible par tous et cet excès de professionnalisme, le set se sera déroulé de belle manière. Clin d’oeil, le rappel se terminait avec « Strange », dernier morceau du second album, comme une manière de refermer logiquement le livre de la soirée.

Faut-il pour autant snober son plaisir? Entendre sur l’un des plus petites scènes de Lyon, le meilleur groupe de lycée de la décennie enchaîner des perles mélodiques comme « Young Adult Friction » ou « Heart in your Heartbreak » valait le définitivement le déplacement. Et consécration ultime, lorsque dans deux ans, après avoir rempli le Transbo, les Pains joueront aux Nuits de Fourvière, vous pourrez dédaigneusement les mépriser et rappeler à votre entourage votre présence à ce fameux concert du Sonic en disant: « J’y étais ».

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Photos: Gérald T. (lowlightsanddecibels)
Vidéo: Lionel DG

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