The Durutti Column , retour du fragile.
A la fin de l’année 1979 dans les locaux de la Factory à Manchester Ian Curtis se lance dans le scrap booking.
Tony Wilson lui a fourni un pot de colle à tapisserie pour faire tenir l’ensemble de l’improbable pochette du premier opus ( The Return of The Durutti Column) de son poulain du grand Manchester, Vini Reilly alias Durutti Column. Improbable pochette confectionnée en papier de verre, pochette concept situationniste qui à rebours même de la douceur gracile de son contenu réduira en poussière cartonnée les pochettes des lps voisins dans les bacs, désormais bacs à sable.
Le 28 novembre London Records ressortira cet album des débuts dont finalement Tony Wilson finira par orner la pochette de trois oeuvres minimalistes du peintre français Raoul Dufy. Cet album inaugural a enfanté un son qui dans la tempête mancunienne qui suivra depuis Joy Division jusqu’au Madchester Haciendesque affiche aujourd’hui son impensable respiration suspendue, fragile, réduite à rien. Le jeu de Vini Reilly est un jeu de l’effleurement et de l’ascèse, de la disparition, une esthétique de l’absence.
photo Vini Reilly en 1980
Une superbe économie de moyens réduite enfin au point d’extrême intensité artisanale et lyrique, en un mot : The Durutti Column, c’est la forme mancunienne du haïku avec la virtuosité de Paco de Lucia.
En vérité je vous le dis et j’ajoute… à la ligne:
Et dans l’assourdissant tintamarre de notre temps, la production artistique de The Durutti Column est une vertueuse expérience de demi- silence contemplatif. Foncez, y a pas de loup!
On devrait toujours être légèrement improbable (Oscar Wilde).