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Disques

Barn Owl / Ancestral Star

Voilà un disque dont la sortie commence déjà à dater quelque peu et que pas mal d’entre vous auront déjà pu écouter puisqu’Ancestral Star, troisième LP de Barn Owl, duo friscoan composé de Evan Caminiti et Jon Porras (fondateurs du label nouveau-né Electric Totem) a vu le jour fin 2010. Pour ceux qui ne s’y sont pas encore intéressés, on dira que la venue du groupe en France (et plus localement au Sonic ce samedi) est une raison suffisante pour revenir sur ce fascinant album. En quarante minutes, il balaye de long en large un spectre d’émotions étonnamment vaste, en s’émancipant discrètement des références dont il puise l’inspiration.

En effet – si on est d’emblée tenté d’affilier Barn Owl au mouvement drone / ambiant et de ranger Ancestral Star au même rayon – ce serait une erreur de ne pas chercher à déceler tout ce que les compositions du duo ont à offrir de plus: nombreux sont ceux qui à l’aide de sonorités comme celles-ci parviennent à capter l’attention, et à magnifier l’esthétisme épuré et minimal de leur musique; mais Barn Owl dépeint ici un univers unique et encore inexploré, quelque part entre les terres arides et désolées du Dead Man de Jarmusch (dont les arpèges longues et plombées de Neil Young nous sont parfois rappelées) et l’apesanteur stellaire des drones de Earth ou Sunn(O))). Au fil des titres, le duo manipule soigneusement harmonies persistantes, dissonnances étirées, grincements et grondements distillés dans divers filtres pour en atténuer la rugosité et les apposer sur un lit sonore dont il ne reste, une fois le travail d’élaboration terminé, que finesse et langueur envoûtantes.  Des arpèges dispersés de « Cavern Hymn » aux oscillations embrumées de « Twilight », il règne sur les thèmes d’Ancestral Star une tension permanente et mouvante, qui frôle par moment la sensation d’oppression et d’étouffement (notamment lorsque les guitares livrent au compte-goutte leur accords égrenés, ou saturés, glissant vers d’épaisses couches de larsen comme sur le titre éponyme). Cette tension s’apaise pourtant pour nous emmener également dans des contrées plus lumineuses et extatiques (les sons rituels d' »Awakening » qu’on pourrait croire empruntés à Grails).

Ancestral Star s’habille d’une forte singularité qu’on peinait à retrouver sur les deux premiers opus (particulièrement le tout premier, The Conjurer, sur lequel l’ombre de Dylan Carlson et consorts planait encore ostensiblement) et avec laquelle Barn Owl s’affranchit désormais plus sûrement de sa filiation avec ses influences premières. Les morceaux, à l’image du titre de clôture « Light From the Mesa » et son final apocalyptique, s’y adressent directement à l’esprit, avec fluidité, voire avec une aisance déconcertante – touchant avec justesse le parfait compromis entre atmosphères claustrophobes et aériennes, entre pénombre et clarté, et tant les paysages qu’il dépeint prennent forme visuelle et sensorielle.

On n’en attend donc qu’avec plus d’impatience et d’espoirs le concert du groupe au Sonic ce samedi (il sera accompagné par Jefre Cantu-Ledesma). Le groupe devrait jouer sur des projections super8 réalisées par le vidéaste John Davis, dont les plus impatients peuvent voir quelques aperçus ici.

En écoute: « Light From the Mesa »
[audio:http://www.mbvmusic.com/mp3/barn-owl-light.mp3]

One comment
  1. [DARK GLOBE]

    […] Evan Catimini, les deux larrons de Barn Owl, sont loin d'être en manque d'inspiration. Après leur Ancestral Star, un des albums les plus poignants de 2010, sorti en novembre dernier donc – et d'autres parutions […]

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