Attention ! Déflagration psychédélique made in Taïwan! Avec ce nouvel lp des taïwanais on s’imaginerait presque revenu au club UFO de Londres en 1967, lorsque le Pink Floyd de Syd Barrett donnait ses expériences sonores, lumineuses et colorées d’ « Interstellar Overdrive »… Les Dope Purple vont plus loin encore, délaissant la lumière pour l’obscurité ( différence notable) et flinguent la pop à coup de fuzz, wah, delay, echo et autres effets poussés à fond.
Children in the Darkness est un enregistrement réalisé en « une session nocturne au Revolver de Taipei « , apprend t-on sur les notes de presse qui accompagnent la sortie du disque. Le 3 mars 2023 le quartet s’est retrouvé avec les guests de poids Yong Yandsen ( saxophone) et le batteur Darren Moore , réunion qui aboutit à cette furie musicale absolue. La session live restitue un rock psychédélique hyper agressif et sonique, parcouru de fulgurances sonores qui, par leur rare intensité, laissent peu d’air aux auditeurs. On plonge dans le son ou bien on part en courant, pour se protéger de ce qui peut sembler effrayant en première écoute. Mais, hum, n’est-ce pas le but des Dope Purple? L’absence de concession?
Il y a une dimension proche du chaos sur cet album qui dérègle volontiers toute piste de lecture évidente… Les musiciens parlent du disque comme d’une sorte de message, destiné à libérer de l’oubli ceux qui ont été abandonnés, délaissés . Par qui et par quoi? Il faut chercher… Les suppositions sont nombreuses, sociétales et politiques en premier lieu. Le rêve capitaliste de Taïwan et ses laissés pour compte pourrait être pointé ici, par cette descente loin de la surface lisse et brillante. C’est une très possible réponse. Mais au delà, la musique dépasse toute considération concrète. Elle transcende tout ce qui est de l’ordre du physique, du matériel, voire du domaine des idées. On nage en pleine psyché sonore et c’est là que se trouve l’intérêt incroyable et véritable de cet album hors normes.
Il n’ y a pas de face cachée de la lune, parce que tout est noir, en vérité...
https://riotseasonrecords.bandcamp.com/album/children-in-the-darkness

Peintre et guitariste, adepte de Telecaster Custom et d’amplis Fender. Né en 1962 – avant l’invention du monde virtuel – pense que la critique musicale peut-être un genre littéraire, objet idéal pour un débat en fauteuil club millésimé.