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Interview – Hey Ginger!

Il y a deux ans, Dark Globe se penchait sur le «cas» Marseille. Au travers d’une longue enquête, nous nous étions demandés pour quelle(s) raison(s) la deuxième ville de France n’avait offert que des outsiders au pop/rock hexagonal depuis le jour où un certain Johnny Halliday avait détrôné Rocky Volcano? Malchance, rendez-vous manqués, domination parisienne ou désintérêt du public local? Les réponses sont restées en suspens… Aujourd’hui, entre Lacydon et pays d’Aix, dans un étroit territoire musical récemment étendu à l’Est (Toulon – label Toolong!) mais peinant encore à trouver un écho plus loin que la frontière du Rhône, on n’a pas plus qu’avant développé un style propre ou imposé de nom ceux du RAP mis à part. Marseille 2021 suit les tendances indie et ses musiciens – un cercle où chacun se connaît – s’accommodent des réalités du terrain. Acteurs de ce petit théâtre les Hey Ginger!, que nous avions insuffisamment remarqués en 2018, y jouent leur rôle. S’y trouvent-ils à l’étroit ou contents de leur sort? Formé en 2012, le groupe est de ceux qui ne  se surévaluent pas eux-mêmes. Lenjeu n’est pas ici la quête d’une gloire éphémère dont le ridicule et la vanité sont connus. Le quartet – trop modeste? – joue sans ostentation une power / dream pop, qu’il a su faire évoluer en quelques années sur la base d’influences immédiatement reconnaissables. Qui écoute le groupe sait où il est et où il va. Diffusés par Ganache Records, Hey Ginger! ont produit et réalisé en sept ans quelques EP et deux albums. L’éponyme Hey Ginger! en 2017, et Phases/Faces (2018), second LP dans lequel la maturité du groupe se remarque par la structure charpentée de compositions aux arrangements sophistiqués. Soit une production qu’on pourrait qualifier de mesurée, qui a privilégié qualité à quantité. Pop et shoegaze, les compositions de Mathieu Chaumulon (guitare et chant) et Vincent Terranova (basse et chœurs) retiennent l’attention par une délicate mélancolie – «Promise me» – ou donnent des fourmis dans les jambes: «Not for Real»; titre entre Feelies et Teenage Fan Club. Quand on parle avec Mathieu Chaumulon, grand quadragénaire calme et cultivé, aux propos le plus souvent pondérés, on se dit pourtant qu’on ne saurait réduire Hey Ginger! à une question d’habileté musicale acquise ou à un assemblage de savoir-faire. Dans les phrases échangées, l’émotion est palpable. Il y a chez Hey Ginger! et Chaumulon un univers bien plus complexe – celui suggéré avec «Harmony» ou létrange «Not Even Palm Trees » Qui est celui de l’intimité même du groupe, dévoilée presque à l’insu de celui qui l’exprime, et qui fait toute la différence. «Il y a ce titre des Feelies « The Boy with the Perpetual Nervousness »… Tu le connais ?» me dira ainsi le leader de Hey Ginger! comme s’il allait m’avouer un secret. «Bien sûr, c’est un de mes favoris. » «Il faut absolument que nous lécoutions!».

Hey Ginger! en concert
©Catherine Bias

Tu m’as parlé de tes goûts musicaux et de ceux du groupe. Dans les références que tu cites pour Hey Ginger!, je trouve surtout une musique née dans les années 90. Est-ce qu’il y a quelque chose de très générationnel chez vous?

Mathieu Chaumulon: Les années 90… Les années des Inrocks mensuel et les Black Sessions, rendez-vous immanquable de l’époque! Donc, oui, au moins trois d’entre nous sont des enfants des nineties, mais comment peut-il en être autrement quand ton adolescence a correspondu à cette émergence d’un rock (ou pop) indé d’un spectre et d’une «qualité» infinis… Tu me dis «nineties» et je me revois allumer la radio sur les conseils d’une copine qui savait que j’avais été bouleversé l’été précédent par la découverte conjointe de R.E.M et de Mudhoney. J’allume donc la radio à l’heure dite et je tombe sur la Black Session de Yo La Tengo! «From a Motel 6» en direct avec les commentaires de Lenoir, ça te marque à vie! Mais c’était à l’époque l’occasion de renouer, pour moi, avec la musique qui avait bercé mon enfance grâce à mon père qui adorait le jazz mais aussi Dylan, les Beatles, Pink Floyd qu’on écoutait en boucle dans la voiture. En pleine crise d’ado, ça faisait du bien d’avoir au moins un terrain d’entente! Je lui ai d’ailleurs fait découvrir les Boo Radleys, que de discussions ensuite! Juste avant sa mort à la fin de l’été dernier, nous avons religieusement écouté l’album « 5th Dimension » des Byrds et avons encore discuté de leur influence sur certains groupes actuels. Donc enfants des nineties… Et au-delà !

J’allume donc la radio à l’heure dite et je tombe sur la Black Session de Yo La Tengo! «From a Motel 6» en direct avec les commentaires de Lenoir, ça te marque à vie!

Je me suis demandé d’où venait votre nom? Qui est cette mystérieuse Ginger? Le point d’exclamation interpelle t-il quelqu’un ou quelque chose en particulier?

Ah! Au départ, ce nom vient de ma fascination pour Ginger Rogers, danseuse à la fois flamboyante et subtile… Et au beau visage un brin mélancolique. On aurait très bien pu s’appeler Hey Gena! tant je suis fasciné par Gena Rowlands. Ce sont des femmes de caractère qui ont su se faire une place dans un monde d’hommes et se rendre indispensables à leurs partenaires. J’ai toujours adoré la légende (?) selon laquelle Rogers a su tenir tête à Fred Astaire qui voulait tout diriger. Heureux hasard, j’adore le piquant et la douceur du gingembre (aucun commentaire concernant ses supposées vertus!). On y ajoute l’interpellation et le point d’exclamation et le nom de notre groupe est là, devant nos yeux. Tu vois, dans la musique, j’ai beaucoup de mal avec l’épate, les musiciens ou les chanteurs / chanteuses qui en font des caisses. Regarde comme je joue bien, écoute moi quand je change d’octave etc.: la nausée est automatique, non? Pour ma part, je suis mille fois plus bouleversé par une ligne de basse de Peter Hook que par toute la discographie de Whitney Houston! Un jeu un peu « en-dedans » ou à l’os, là on touche à la perfection. L’achat de l’intégrale de Smog ou des Weather Prophets devrait être remboursée par la sécurité sociale, non?

J’ai toujours adoré la légende (?) selon laquelle Rogers a su tenir tête à Fred Astaire qui voulait tout diriger.

Si tu le dis! Bill Callahan prévient: The Doctor Came At Dawn ! (LP de Smog NDLA). (Rires) En tous cas quand on écoute vos titres on ressent rarement une forme d’urgence, sans pour autant arriver à les trouver cools…C’est une impression étrange, franchement ambivalente. De quoi parlent donc les chansons de Hey Ginger! ?

Oh, parce que l’urgence est intériorisée et je crois que tu l’as bien senti. C’est un peu prétentieux mais je parlerais de « mélancolie joyeuse » quand je pense à nos chansons. Il n’y a pas très longtemps un de mes potes m’a dit qu’en écoutant notre EP «2», il a toujours eu la sensation d’un soleil couchant après une journée d’été: une sensation qui me parle! Mais pour répondre plus précisément à ta question, la plupart de nos chansons parlent de la relation à l’autre, amoureuse, amicale, filiale et des petits moments de déséquilibre qui ne sont pas forcément négatifs, au contraire. Une chanson comme «Beverly» (que nous n’avons jamais cessé de jouer et que Doc Vinegar a brillamment reprise) évoque une jeune fille que je connais qui ne se sentait jamais à sa place nulle part. Mais au final ce n’est pas désespérant pour elle, c’est plutôt l’occasion pour elle de s’affirmer et, à sa manière, de trouver une place qui lui est propre sans avoir à se renier. «Rockin Fairy» relate l’attente mi-excitante mi-angoissante de l’arrivée d’un enfant, «Which Way» l’incertitude du chemin à prendre etc. D’où peut-être cette coolitude de surface et cette tension interne qui affleure par moments. «Last song (song for Chloë Sevigny)», c’est ça aussi: une certaine linéarité dans la mélodie et des petits «accrocs» de droite, de gauche; du soleil et quelques nuages de temps en temps…

De quelle manière écrivez-vous et comment viennent les compositions? Est-ce que chacun adhère à tout, ou bien y a-t-il beaucoup de compromis; voire des vétos?

L’écriture des chansons se fait vraiment en deux temps: Vincent et moi écrivons chacun de notre côté des morceaux presque aboutis puis nous les jouons tous ensemble d’abord pour faire le tri, ensuite pour les enrichir des idées de tout le monde. On discute beaucoup, parfois trop, hi hi. Petite parenthèse: Vincent et moi avons deux façons de procéder assez différentes. Il nous a toujours dit qu’il écrivait toute une série de morceaux d’une seule traite, une ou deux fois par an (il a une légende à lui bien rodée, ah ah ah) alors que de mon côté je joue et écris un peu (parfois beaucoup) tous les jours: j’ai des démos à foison sur mon téléphone, mon ordi, dans des carnets. Certains morceaux s’imposent (cela peut faire rire mais c’est ainsi…) quand un de mes enfants ou ma femme passe la tête et me dit «c’est pas mal ça!» ou que j’entends une de mes filles qui fredonne un refrain sur lequel je travaille eh bien… Je garde! On s’envoie parfois les morceaux par mail pour faire un premier tri et / ou on les joue en répét: certains s’imposent, d’autres non. Et ce processus, c’est presque ce qui m’intéresse le plus: ces moments où nous sommes tous les quatre et que le morceau prend vie; nos regards, nos sourires. Je n’ai pas vraiment l’impression que nous ayons à faire des compromis, j’ai juste mis de côté mon obsession pour le bruit et le feedback… Pour le meilleur, je pense. Notre plus grand compromis, c’est plutôt de ne pas avoir le luxe de passer une ou deux semaines en studio. C’est un grand regret mais quand tu t’auto-produis sur tes fonds propres…

Certains morceaux s’imposent (cela peut faire rire mais c’est ainsi…) quand un de mes enfants ou ma femme passe la tête et me dit «c’est pas mal ça!» ou que j’entends une de mes filles qui fredonne un refrain sur lequel je travaille eh bien… Je garde!

Je reviens à cet impact des nineties sur votre musique. Vous sentez–vous européens et Shoegaze ou davantage du côté de la Dream Pop U.S. Pour résumer rapidement: Teenage Fan Club ou Luna?

Les deux mon capitaine ! Un pied en Angleterre (en Écosse plutôt) et un pied en Amérique, les mains dans le cambouis et la tête dans les étoiles ou… les nuages plutôt ! C’est une excellente question car le shoegaze et la pop à guitares type Teenage Fan Club c’est un peu le mètre étalon pour la pop assez «classique» qu’on revendique; du simple, du direct, du «3mn maxi». D’un autre côté le rock indé que j’écoute le plus, c’est le vaste héritage du Velvet Underground avec cette façon un peu perverse de dévergonder la pop pour l’amener ailleurs que l’on retrouve chez Luna ou Guided by Voices. Toutes proportions gardées, j’aime bien l’idée de garder une structure efficace (autant que possible) et de donner des petits coups de griffe. C’est ce qu’on a tenté avec une chanson comme «Endless Red Sea Surfing»: un esprit surf mais un chant détaché et une longue envolée de chœurs sur fond de répétitions des mêmes accords ad libitum. De l’ambition… Mais pas trop et avec le sourire. Ah! Et il y a un dernier credo: que toutes les chansons puissent être jouées guitare / voix: si ça marche, c’est gagné!

Votre titre «Big Star» me semble une allusion à peine déguisée au groupe Big Star, à la Power Pop d’Alex Chilton?

Alex Chilton, mon héros (à égalité avec Dean Wareham)! Oui, «Big Star» est un clin d’œil au groupe du même nom, leur premier album, quelle maîtrise, quelle justesse. La chanson «Thirteen» n’est-elle pas synonyme de perfection? «The Ballad of El Goodo »… Tu vois, pour moi, tant l’homme que ses chansons font d’Alex Chilton le « résumé » parfait de ce qu’on peut attendre de la pop: une proximité absolue, une intimité évidente et une émotion qui te prend presque par surprise… Oui, sans prétention c’est ce que j’ai essayé de faire avec un morceau comme «Big Star». D’ailleurs, c’est peut-être puéril mais j’assume; je dois me concentrer deux fois plus quand on la joue en concert parce qu’il m’est arrivé de sentir des émotions irraisonnées au moment du refrain… Bref, comme dirait ma femme: «On est pas des robots!». C’est exactement ce que je ressens quand je mets un album de Big Star ou d’Alex Chilton sur la platine.

Quand j’écoute ton chant il me semble souvent à distance… Comme si tu préservais un espace entre toi et le propos. Je sens un mélange d’enthousiasme et de recul. Que peux-tu me dire sur cette impression d’auditeur?

Tu trouves? Oui, peut-être… Mais cela tient au fait que j’ai une peur panique de l’imposture… Je ne suis ni un grand musicien ni un grand chanteur. Je ne sais pas, je m’en fiche mais «jouer au musicien qui a quelque chose à dire / à prouver» ne m’intéresse pas du tout et même m’angoisse au plus haut point. C’est un tort peut-être car je ne suis pas dans la projection et je sais que cela pourrait passer pour de la timidité et / ou de la distance alors que pas du tout! Pour revenir à la voix (et c’est un débat qui a eu lieu dans le groupe), je pars vraiment du principe que la voix est un instrument comme les autres, qui peut se travailler, on est d’accord, mais qui doit se fondre à sa manière dans le mix. Tu connais déjà mon point de vue sur Whitney Houston. Je me cache peut-être un peu mais c’est pour mettre la musique devant et surtout pas l’inverse. Si j’ose une analogie, en classe je ne crie ni ne parle fort et mes élèves (je suis prof de français en collège), j’ai l’impression, sont attentifs: les propos dits ou chantés sous forme de conversation ont ma préférence! En tant que groupe, on fait le tatapoum qui nous plaît. En tant que parolier et chanteur, je ne m’impose rien et j’ai peut-être parfois tort. J’admire beaucoup Brett Anderson par exemple… Et cinq minutes après, j’applaudis Leonard Cohen.

Je voudrais revenir à un autre sujet, moins personnel mais qui interagit forcément avec ce que tu fais. Dark Globe s’est intéressé voici deux ans à la scène marseillaise et nous avions évoqué Hey Ginger!. Comment vois- tu les choses aujourd’hui?

La scène musicale marseillaise est riche (je parle du point de vue pop/rock) et un réseau de groupes amis existe réellement donc on est partie prenante, on répète dans les mêmes lieux avec Doc Vinegar ou Mure (groupe qu’accompagne Vincent et « mené » par notre pote Germain Courtot qui a fait les claviers sur certains titres de notre dernier disque) par exemple et on est tous copains ou quasi. Avant cette pandémie se retrouver à Lollipop était devenu un rituel, le grand plaisir du vendredi soir, taper la bise à Catherine, discuter avec Paul, boire un coup avec Fabrice… On espère que tout reviendra… Mais au-delà de la « scène marseillaise » je ne sais pas vraiment où nous nous situons. Je lorgne beaucoup sur les groupes de Toulon (les disques du label Toolong) parce que j’ai l’impression qu’eux aussi sont des enfants des nineties. Mon groupe français actuel favori, The Crumble Factory, avec qui nous avons eu l’immense plaisir de jouer, et qui vient de Toulouse, a d’ailleurs signé avec ce label donc mon intuition était bonne! J’ose donc croire que nous avons une petite place dans la scène marseillaise mais on ne se pose pas vraiment la question du moment qu’on ne nous a pas encore mis à la porte de Lollipop quand on fait un showcase et qu’on continue à faire appel à nous pour des premières parties.

Votre label diffuseur, Ganache Records, vous apporte-t-il ce que vous attendez ?

Ganache Records est un label d’Aix-en-Provence géré par un ami, Fabien. C’est un honneur d’être « référencé » pour la distribution chez lui et pour moi c’est d’autant plus chouette qu’au tout début d’Hey Ginger!, j’avais les yeux et les oreilles tournés vers Les Fencies, le groupe dans lequel Fabien jouait. C’est d’ailleurs avec eux que nous avons fait notre première scène, puis une deuxième. Nous sommes aussi « portés » par le label Les Disques Tchoc avec à sa tête Daniel Sani, musicien émérite aux goûts imparables. Des histoires d’amitié encore une fois! Mais c’est vrai, et c’est peut-être naïf, que je rêve d’être épaulé par une structure qui participe financièrement (même a minima) à la production des disques… Il faut peut-être passer un cap pour cela je ne sais pas. Je ne suis pas naïf au point de penser que l’argent fait tout bien sûr. C’est un vaste débat mais le tout « participatif » me met mal à l’aise, je n’arrive pas à « demander »… Malheureusement vu le paysage économique du monde de la musique je sais que les labels se mettent de plus en plus au « fundraising » eux-aussi. Je n’y connais rien tu me diras et je ne râle pas : grâce aux Disques Tchoc on a pu faire la première partie de Pete International Airport (side project des Dandy Warhols) et du Groupe Obscur, c’est pas mal !

Les liens d’amitié , de proximité et de fidélité aident, si je comprends bien ? Ce qui me rappelle que tu me parlais d’une  rencontre de parents d’élèves à l’origine du groupe…Je vais te taquiner un peu…La parentalité est- elle une récurrence chez vous ?

Oui, comme je te disais de mon côté mes parents m’ont transmis l’amour de la musique en général. J’essaie tant bien que mal avec mes propres enfants ! Quand mes filles connaissent par cœur et chantent à tue-tête les paroles du dernier album de Ride ,j’ai l’impression que tout n’est pas perdu ! Plus sérieusement dans le groupe nous avons tous des enfants du même âge, ados ou un peu plus jeune. Le rapport à la musique s’en ressent, de manière inconsciente, on est moins insouciants, les répéts sont calibrées, on ne fait pas la fête toute la nuit après un concert, quoique certains d’entre nous… Mes enfants valident donc souvent mes choix de refrain et, suprême ambition très personnelle, je suis ravi quand ils sont fiers de parler « du groupe de rock de papa » à leurs copains ou aux nôtres ! On parle de nos goûts, ils savent qu’on ne doit pas évoquer Whitney Houston ou Céline Dion… On se fait des batailles : si tu écoutes du R’n’B sous la douche gare à toi car l’autoradio sera squatté par Moose et les Pale Fountains… Love and marriage…

Mon imaginaire est nourri par le groupe, par ceux qui le constituent donc le groupe a continué à vivre dans ma tête et dans mon travail face à l’ampli et le petit carnet en moleskine.

Les autres membres du groupe ont des side-projects. Et toi? Es-tu l‘âme de Hey Ginger!? Ce que je crois…

Juste avant le confinement, on avait décidé de faire une pause sans deadline après avoir beaucoup donné pour notre dernier album Faces/Phases pour lequel on a enregistré sur bandes analogiques une partie des morceaux, avec, malgré l’enregistrement en direct, pas mal d’overdubs, des concerts pour le promouvoir, etc. Bref, on se met en pause et le confinement survient… Alex et Vincent ont eu envie de tenter des trucs à droite à gauche et c’est bien, ils ont tellement de talent! De mon côté (je ne sais pas si je suis « l’âme » d’Hey Ginger! comme tu le dis), j’ai continué à écrire pour le groupe et depuis le 17 mars 2020, les réserves sont fournies voire débordantes. Je peaufine mon jeu, je réfléchis à ce que je veux proposer, j’apprends enfin, petit à petit, la «théorie» musicale. Mon imaginaire est nourri par le groupe, par ceux qui le constituent donc le groupe a continué à vivre dans ma tête et dans mon travail face à l’ampli et le petit carnet en moleskine. Même les morceaux que je destine à un modeste projet solo sont « teintés » Hey Ginger! Quel romantique je fais !

Comment envisages-tu l’avenir du groupe? Est-ce que vous en parlez ensemble? 

L’avenir du groupe est lié à la sortie de cette période étrange. Pour des raisons familiales, je ne peux pas vraiment retrouver une vie sociale «normale» pour l’instant. Ma vie sociale se résume à mes classes, au téléphone, à ma famille, à ma boulimie de disques… Et à mes dialogues musicaux imaginaires avec Stéphane, Vincent et Alex. J’ai mis de côté une dizaine de morceaux qui, je pense, tiennent debout tous seuls donc je vais demander aux copains de me filer un coup de main pour les habiller un peu et les sortir en numérique et on verra ce qu’on fait ensuite. 

©Yves Riché

Sans vision péjorative de ma part, tous les musiciens qui évoluent dans des projets dits «locaux» avec une certaine qualité se posent la question: que vais- je devenir dans cinq ans? Comment continuer et pourquoi  quand le tour des possibilités a été fait  Est-ce que tu penses à ça?

Cinq ans c’est loin, surtout après une année qui, mine de rien, a duré (dure…) une éternité. J’adore ta question car toutes les semaines je dis à haute voix que je vais arrêter la musique… Pour l’heure d’après m’extasier sur une suite d’accords. Le running gag favori des enfants !

Tu n’en as donc pas encore terminé (rires)! Mais dis-moi le groupe est-il paré pour ce «monde d’après» dont on parle ?

Une réponse «à la Morrissey»: le monde d’après est-il paré pour Hey Ginger!? Peut-être mais pas sûr! (rires) Plus sérieusement, je pense un peu comme tout le monde que si l’épidémie prend fin on aura justement faim de jouer et d’aider au redémarrage des structures qui auront tenu le coup. Je pense tous les jours à l’énergie déployée par des radios locales comme Radio Active ou au Molotov ou à l’Intermédiaire à Marseille qui, depuis plusieurs années, se bougent pour faire venir des groupes venus de tous horizons et proposent à des groupes locaux comme nous d’assurer les premières parties. Le carnet et les idées de chansons c’est bien mais les concerts et le partage en direct, c’est mille fois mieux. Donc… Vivement la réouverture !

Première photo de l’article: ©Katia C.
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