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ConcertsLive Reports

Phoenix / Paloma (Nîmes), 01/06/2022

Il est des rencontres qui s’habillent parfaitement de leur date.

Le concert de Phoenix à Paloma en est. Le mois de juin qui s’ouvre et son odeur d’été bleu et jaune jette au devant de l’imaginaire que je me fais de leur musique et de leur scénographie comme un augure de rendez-vous réussi; un date -dirait l’ado ensommeillé en moi- d’esthétique commune. C’est tout de même étonnant pour un groupe français de cocher autant de cases d’exigences visuelles et musicales. Voyons.

Le rideau, baissé au devant de la scène, a des allures empesées et baroques. Posé là, le micro du chanteur Thomas Mars porte le fil rouge traditionnel, rituel et marque déjà graphique de ce qui va s’ouvrir. Ce n’est pas une anecdote, le dialogue visuel et le langage des couleurs vont habiter tout entiers la proposition artistique du groupe.

Nos yeux ont beaucoup à entendre ce soir.

Le concert de Phoenix à toute minute est un spectacle qui se donne en spectacle. J’entends par là que la musique du groupe (les quatre membres plus un batteur légendaire d’énergie bondissante et un clavier échappé du coiffeur de Tame Impala) trouve son écho visuel dans la scénographie qui s’y associe, défile, fluide et limpide. Le voilà le spectacle dans le spectacle, celui de la lumière et de la couleur de juin digérées, disséminées, liquéfiées devant nous et en nous. C’est un élément essentiel dans la nature de la proposition musicale qui nous est faite: le show est un show de plasticiens. Le groupe dans la maturité conquise (la qualité de la set list est remarquable) a toujours cherché la pointe, l’avant de quelque chose de diffus au-delà de la musique. Le cinéma leur a laissé une certaine place (Virgin Suicides, Marie-Antoinette) tandis que leur identité graphique nous irradie de créativité. Ce choix est radical et –sans doute- aura rebuté certains qui, argumentant d’une artificialité plastique au détriment du fond, regretteront la prise de risque du live. Il n’en est rien à mes yeux.

Je crois pour ma part que le Baroque n’est pas mort au XVIII°. Phoenix en est un héritier.

Ce moment d’été sonore mué en joies et en couleurs écloses fait partie des nécessaires d’intérêt public.

Phoenix reste une consolation au monde de dehors.

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