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Disques

Piano Magic / Life Has Not Finished With Me Yet

Voilà quelques temps qu’on était sans nouvelles de Piano Magic. Depuis la sortie d’Ovations, fin 2009 en fait : le groupe se faisant plutôt rare sur scène, limitant ses apparitions à l’Angleterre et quelques concerts en Europe du Sud (Italie, Grèce, Espagne, Turquie). L’annonce au printemps dernier de la fin du label Make Mine Music (July Skies, Epic45), qui avait sorti les deux dernières productions de la bande à Glen Johnson, n’était pas non plus porteuse de nouvelles réjouissantes.

Fort heureusement, c’est bien un nouvel album qui a vu le jour sur Second Language, label sorti de l’ombre également – qui semble tracer une droite entre le Piano Magic des « débuts », qui  jouait sur une electronica délicate, et la pop baroque et mélancolique adoptée par la formation stabilisée depuis 2005.

Première constatation, la nébuleuse Piano Magic aime toujours s’enrober de quelques étoiles qu’elle invite à son voyage : ici, c’est Josh Hight (The Detachment Kit, IRONS) qui vient prêter main forte au chant sur trois titres, dont l’envoûtant « (The Way We Treat) The Animals ». On retrouve aussi la voix d’Angèle David-Guillou, qui fait maintenant partie intégrante du line-up, sur « Sing Something » – une balade hypnotisante et abstraite, soutenue par un orgue évasif et des nappes de thérémine, dépeignant un rêve trouble tissé par des bruitages et des choeurs réverbérés. La guitare, elle, se fait plus rare que sur les trois précédents albums, et en tout cas beaucoup plus discrète – mais pas moins indispensable, à l’image des arpèges de l’instrumental « Lost Antiphony » : elles s’effacent avec élégance derrière la flûte traversière et la clarinette puis la basse et les choeurs,  ou plus tard, se font trait d’union entre les couplets de « The Slightest of Threads » et cet étrange violoncelle qui leur donne leur couleur. La finesse du jeu de Franck Alba (qui officie également à la programmation et sur quelques parties de basse) s’exprime alors d’une façon plus subtile, bien qu’on retrouve avec plaisir les ambiances feutrées que la six cordes esquissait déjà sur « You Can Never Get Lost (When you’ve Nowhere To Go) » il y a six ou sept ans. Et que dire de « Life Has Not Finished With Me Yet » (La vie n’en a pas encore fini avec moi), dérangeant pattern à la démarche chancelante, qui décrit non sans une pointe d’humour noir la détresse de l’homme qui tente de mettre fin à ses jours par tous les moyens sans jamais y parvenir : « I’ve put blade to vein, but I can’t bear the pain / The pills won’t go down and the body won’t drown« .

Si l’on avait pu reprocher à Piano Magic, avec l’album Part Monster – à mon sens l’album le moins marquant des dernières productions du groupe – d’avoir gardé une ligne peut-être trop directrice depuis 2005, laissant de coté l’expérimentation qui avait été le fer de lance du projet à l’époque où Glen Johnson en était le seul maître à bord, il faut reconnaître que Life Has Not Finished With Me Yet renoue avec le fascinant visage aux multiples facettes et aux instrumentations ambitieuses que Piano Magic est à même d’exhiber. On y retrouve le lyrisme sombre et glacial, la pop psychédélique et synthétique, les boîtes à rythme organiques et les field recordings, en un mot, la brillante mixture des influences revendiquées ça et là par Johnson (Kraftwerk, Dead Can Dance, Felt pour n’en nommer que quelques unes). Un visage qui peut certes intriguer, voire se montrer déroutant pour qui n’est pas familier de l’univers du groupe – mais pour peu que l’on s’y intéresse, se révèle d’un charme et d’une richesse rares. Comme si cela ne sufffisait pas, un EP quatre titres au tirage limité intitulé Chemical voit également le jour : distribué gratuitement avec les pré-commandes de l’album, ce qui pouvait sembler un recueil de chutes de studio s’avère un complément presque indispensable au disque : aucun des quatre titres n’est à jeter, et si le format l’avait permis, ils auraient largement eu leur place sur l’album. Au delà de ce cadeau que nous fait le groupe, il nous reste à espérer, encore une fois, de pouvoir bientôt constater la forme que Piano Magic prendra sur scène. L’espoir fait vivre!

En écoute :
The Shortest of Threads
Lost Antiphony
Life is A Slow Death (Chemical EP)

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