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Insight

The Stranglers, Black and White : premier album cold wave

Le 12 mai 1978, The Stranglers sortent Black and White. C’est leur troisième album studio, après leur célèbre No More Heroes (1977). L’enregistrement est produit par Martin Rushent , alors sollicité par les groupes issus du punk ( Buzzcocks, démos pour Joy Division) et qui a travaillé avec de grands noms des seventies de TRex à Fleetwood Mac. The Stranglers, qu’on surnommera bientôt « Les hommes en noir« , sont alors dans l’élan de la première partie de leur carrière, mais ne se définissent pas uniquement comme groupe punk… Ils ont d’ailleurs débuté dès 1974 et viennent d’origines variées ( Jet Black a été batteur de Jazz et les claviers du groupe citent souvent les Doors, comme la guitare de Hugh Cornwell peut s’inspirer de Rob Krieger…). En 1978 , un an avant Rattus Norvegicus , The Stranglers cherchent une autre orientation que celle de leurs débuts… Nous sommes encore loin du glissement de carrière qu’ils rattraperont, en termes de succès, avec l’inspiration et le trait de génie inespéré de « Golden Brown »( 1982) … The Stranglers, au début des années 1980, se sauveront in extrémis du banc de touche, au début d’une autre ère musicale. Les seventies , quant à elles, seront définitivement closes en 79 avec London Calling, Unknown Pleasures, Metal Box , les grands albums de rupture, et elles ne deborderont pas sur la décennie suivante. Les punks première version y resteront à jamais coincés, comme les dinosaures progs les moins malins qui ne survivront pas au changement…

Au Bataclan ( Paris) en 1978

Mais donc, pourquoi faut-il porter un intérêt particulier à ce Black and White, par ailleurs inégal sur l’ensemble des titres? Parce que ce disque est le plus rude et âpre de toute la discographie du groupe. Thèmes sombres, portraits d’une crise sociale et économique, peinture du déclin européen en sont les sujets . Nous tenons là ce qui fût le premier disque cold wave, comme on écrira bientôt dans la presse spécialisée, pour désigner une vague de groupes dépressifs ( sinon paranoïaques quelques fois) tels The Cure, The Sound, Siouxie, Bauhaus, The Opposition etc…

Le disque est un concept album. Il sera mal compris – comme souvent la musique des Stranglers – , assez injustement, en regard de la puissance de toute la face A en particulier. « Tank », « Nice’n’ Sleazy » avec sa fougueuse et impressionnante basse, « Sweden( all quiet on the Eastern front) », « Toiler of the sea » sont imparables et osent le changement. La face B est beaucoup plus expérimentale et, sans doute, déroute t- elle l’auditeur, à l’exception de « Outside Tokyo » annonciateur des valses Stranglers et de « Golden Brown ». Mais l’expérimentation est la voie par laquelle toute chose évolue, dans les arts c’est une évidence. Il faut considérer ce disque noir ( la noirceur est une ligne esthétique , on se souvient de Ian Curtis chantant LWTUA mais qui se souvient de la version du joufflu Paul Young ?), comme un jalon essentiel d’une démarche novatrice en son temps. Un troisième opus des hommes de Guilford qui , loin d’être faible, sert au contraire de marche pied pour aborder la première moitié de la musique rock indé des années 1980.

Black and White est un essentiel du rock post punk. The Stranglers qui « bouffèrent du journaliste rock » plus qu’à leur tour, ne se firent pas vraiment aimer à cette période où ils n’étaient pas encore devenus cultes ( le sont- ils vraiment ? ). Ceci explique en partie la dépréciation, à sa sortie, de cet album anticipateur et radical. Un millésime 1978 à garder dans votre discothèque, comme il se doit !

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