Steven Wilson est en orbite ! On savait le musicien capable de tout , comme par exemple de ressusciter le rock progressif sans nous faire bâiller d’ennui ! Il suffit d’écouter Transience paru en 2015 ou plus récemment The Harmony Codex ( dont nous avons parlé dans ce magazine), pour comprendre que le guitariste chanteur compositeur ingénieur du son est une sacrée pointure ! …Dans son dernier album The Overview , le bougre ose même l’album concept avec uniquement deux titres , à l’ancienne : un en face A , l’autre en face B .
Cet album est un petit bijou spatial , il s’inspire de ce qu’on appelle l’overview effect : ce moment où l’astronaute flottant au-dessus de la terre réalise que la perte de sa carte de fidélité Super U n’est finalement pas si grave ! Recul cosmique garanti !
Deux morceaux , c’est tout ? Oui, mais quels titres ! D’abord « Objects outlive us » . Vingt trois minutes d’un marathon sonore , beau et triste , où Wilson alterne passages doux et mélancoliques avec des riffs ravageurs .
Face B : « The Overview » . Cette fois ce sont dix huit minutes et trente secondes de nappes de synthé qui rappellent presque certaines ambiances de Blade Runner . Une voix de GPS érotique , et même du saxo ponctuent la pièce musicale. Le morceau est plus minimaliste , presque méditatif . La progression est lente , délicate , irrésistible … Jusqu’à une envolée finale digne des meilleures heures de Wish you Were Here .
Là-dessus , Steven Wilson a invité des musiciens de talent pour une orgie de claviers , de batteries précises comme des montres suisses , des textures sonores qui rappellent furieusement Brian Eno et surtout des solos de guitare majestueux , la grande spécialité de Wilson ( David Gilmour , sors de ce corps ! ).
On trouve, bien sûr , sur cet opus inspiré des codes du style prog, des influences floydiennes mais aussi le coté plus âpre de King Crimson . Les ruptures et les passages virtuoses sont dans la lignée de Rush ( mais qui se souvient encore de Rush ? ). Par moments , des séquences se font même très filmiques qui évoquent les bandes sons pop et ambient de Hans Zimmer. Mais tout est léger , aérien . Nous sommes loin de la débauche sonore de certains groupes actuels de rock prog … Cet album n’est pas de la frime , mais au contraire humble et touchant .
The Overview n’est surtout pas à mettre à l’heure de l’apéro pendant la feria de Nîmes , vous ferez un bide ! Mais choisissez plutôt un soir d’été , allongé dans l’herbe , le regard vers le ciel et des écouteurs vissés dans les oreilles. Là vous y êtes. « Mesdames et messieurs , nous flottons dans l’espace » dirait Jeason Pierce. Prog’s not Dead…
Je voulais être David Gilmour ou rédacteur à Dark Globe… J’ ai finalement choisi la seconde option!