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Disques

Anohni and the Johnsons/ My Back Was a Bridge for You to Cross

Anohni and the Johnsons, anciennement Antony and the Johnsons, est un groupe de folk psychédélique. Ses membres résidant à New York, la formation se crée en 1998 dans cette même ville. La voix d’Anohni, leader incontestable du projet, est parfois perçue comme une fusion entre celles de Nina Simone et de Bryan Ferry. « Parmi les admirateurs déclarés d’Anohni, on compte une kyrielle d’artistes de Philip GlassMarc AlmondCocoRosie à Nomi RuizLou Reed et Björk (devenue une collaboratrice régulière) jusqu’à Boy George, Rufus Wainwright et Devendra Banhart qui ont tous trois chanté sur I Am a Bird, second album de l’artiste » nous dit longuement Wikipédia. Si la liste est impressionnante, les univers sont aussi très variés.

My Back Was a Bridge for You to Cross est le cinquième album studio du groupe, et il arrive après sept ans d’attente. Ce long délai en valait la peine, merci à toi Anohni ! Car comme disait un de mes regrettés amis : « Je ne sais pas si ça vit dans l’air ou dans l’eau. Mais ce qui est le plus important c’est que ce n’est pas bon, c’est excellent ! ».  Dont acte.

Cet album nous transporte, nous chamboule, nous émeut. Autant vous prévenir tout de suite, après deux à trois écoutes il vous collera à la peau, ou plutôt aux oreilles: beaucoup de mal à vous en défaire vous aurez (Yoda sors de ma tête !)….

Avec My Back Was A Bridge For You To Cross, premier album depuis la sortie de Hopelessness en 2016, comme je l’ai précisé, Anohni est véritablement de retour.  Il réinvite aux crédits The Johnsons, clin d’œil à ses précédents projets (qui lui ont valu un prix Mercury), et met la militante américaine Marsha P. Johnson à l’honneur sur la pochette de l’album. Un symbole.

photo: par Michaël Svenningsen/Uncut

 Fruit de la collaboration du musicien avec le producteur Jimmy Hogarth (qui travailla avec Amy Winehouse), ce nouvel album rayonne par ses morceaux soulful. Emouvant, il est un disque de soutien adressé à toutes les personnes ayant besoin d’aide, de soulagement ou de répit. Dès « It must change »,  premier morceau, l’ambiance est annoncée. Musicalement nous nous retrouvons dans la soul music des années 60/70. Ce ton fait suite à la redécouverte par l’artiste de What’s Going On? de Marvin Gaye, disque majeur du Prince de la soul paru en 1971.
Le second morceau arrive par contre tel un chien dans un jeu de quilles, et c’est un changement radical de son. Nous sommes à la limite d’un rock garage, ce qui me donne l’impression qu’il s’agit davantage d’un interlude plutôt que d’un véritable titre. J’aurais facilement imaginé un Jack White à la guitare, ceci pour situer le ton général de ce « Go Ahead » qui bouscule tout alors que nous pensions plonger dans un bain de Soul. Puis vient ce que Anohni sait faire de mieux. « Sliver of Ice » est une balade atmosphérique, planante, soit en ce qui me concerne ce que j’ai toujours trouvé comme la marque de fabrique de l’artiste. Par ailleurs, en écoutant les paroles, on comprend qu’il s’agit d’un hommage à Lou Reed ce qui ne gâche rien.

Mais je ne vais pas vous dévoiler ici l’intégralité de l’album, Le disquaire en moi suggère toujours un incontournable : « Faites vous une idée par vous-même ».

Je l’ai déjà écrit en début de cet article, mais voici une piqûre de rappel essentielle. Avec ce disque vous passerez par des ambiances vocales qui se situent entre du Nina Simone, du Marvin Gaye et du Bryan Ferry … Anohni & The Johnsons nous gâte. Toutes ces nouvelles chansons font un ensemble percutant et rempli d’humeurs venues de la soul. Les frissons ressentis à l’écoute de ce disque pour le moins surprenant, sont ainsi une sensation normale, pas besoin de consulter. Et l’émotion atteint certainement son plus haut degré lorsque l’album se termine, avec un morceau tout ce qu’il y a de plus simple ou d’épuré. Entendez la guitare et la voix de « You ‘ll be Free », c’est fort, très fort. Encore une fois merci!

En guise de conclusion, je me dois de rappeler que le nom du groupe Anohni & the Johnsons est choisi en hommage à Marsha P. Johnson, femme trans afro-américaine. Cette militante du mouvement de libération gay américain, est morte en martyr, lors de la Marche des fiertés de 1992 – même si la police a longtemps déclaré qu’il s’agissait d’un suicide… Un engagement, écho du What’s going On? de Gaye. Les choses se rejoignent.

Ma note :8,5/10

Tracklisting :  It Must Change / Go Ahead /Sliver Of Ice/ Can’t/Scapegoat/It’s My Fault/ Rest/ There Wasn’t Enough/Why Am I Alive Now/ You Be Free

Personnel : Anohni – vocals (all), piano (5, 8)/Leo Abrahams – guitar (1, 3, 5, 6)/Samuel Dixon – bass guitar (1, 3, 5, 6)/Jimmy Hogarth – guitar, production, mixing/Rob Moose – strings (1, 3–6, 9)/Chris Vatalaro – drums (1, 3, 5, 6)

Additional contributors : Greg Calbi – mastering/Martin Slattery – percussion (1, 4, 6, 9), clarinet (2, 3, 5), piano (5), keyboards (7)/William Basinski – saxophone (4)

One comment
  1. Phil J

    Superbe ! Mieux qu’une critique, un amour de la musique qui transparaît ! Hâte de découvrir cette pépite. Bravo et merci pour la remise en perspective !

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