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Disques

Calva – Io Monade Stanca / Split LP

C’est probablement un des plus beaux objets que j’aie reçu de ma courte carrière de blogueur musical, et j’ai véritablement honte d’avoir attendu aussi longtemps avant de vous en conter fleurette: ce disque au visuel étrange est le fruit juteux d’une collaboration entre deux labels qu’on affectionne particulièrement ici, tant par le bien qu’on pense des deux personnages qui se cachent respectivement derrière que par la qualité et l’éclectisme indiscutables de leurs catalogues. Le label palois ATRDR nous propose donc cinq titres de Calva, duo à la semaine mais trio à la scène – alors que Africantape, lui, présente son poulain Io Monade Stanca

On attaque donc avec Calva, première face du splendide vinyle vert transparent qui justifierait presque son achat à lui tout seul tellement ce trente-trois tours est de toute beauté. On avait découvert cette formation avec un EP prometteur Cactus Costume, qui tirait vers un math rock déconstruit, tantôt heavy, tantôt dissonnant, aux ambiances tendues. Calva affine son propos en livrant ici cinq morceaux plus égaux, comme pour en faire surgir une identité plus forte. Noise alambiquée et rythmiques atypiques sont toujours de mise, et comment! Mais le groupe fait preuve de plus de subtilité dans sa recherche sonore : vocoders délicieusement seventies (« Kato ») cotoient rythmes syncopés (« Nerves ») et instrus plus soutenues, au service d’un spoken word luxurieux (« Urban Cowboy », « Melinda 2.0 »). Tout ça s’articule dans un déroulement étonnamment fluide et c’est un véritable plaisir d’entendre Calva s’élever à ce niveau.

De l’autre coté des Alpes – et du disque – on retrouve un Io Monade Stanca qui renoue joyeusement avec la noise ubuesque de The Impossible Story of Bubu (dont l’artwork se rapproche d’ailleurs de celui de l’objet de notre intérêt du jour), et ce titre unique, décliné en trois mouvements, a apparemment été enregistré de la même façon – c’est à dire en live, et selon le procédé qui consiste à trancher littéralement les pistes gauche et droite de la bande, de façon à ce qu’on ait l’impression persistante de se trouver au milieu du groupe: guitare d’un coté, basse de l’autre, batterie en face. Musicalement c’est toujours aussi foutraque, décomplexé et désordonné, libéré de toute forme de structure comme pour dériver vers une sorte de free rock inventif et sophistiqué, proprement exécuté certes mais qui en l’affranchissant de cette désagréable forme de perfection, le rend vivant et d’autant plus délectable. Guitares et synthés qui se bourrent la gueule dans un joyeux délire en somme.

Une belle réussite que cette collaboration franco-italienne entre ces deux formations, et surtout deux structures qui prennent de plus en plus de place dans le cœur – et qui on l’espère ont encore de beaux jours devant eux: c’est tout le bien qu’on leur souhaite. Qu’ils continuent à nous combler de la sorte et on devrait pouvoir compter dessus.

En écoute: Calva – « Urban Cowboy »

[audio:http://cdn.official.fm/mp3s/105/105296.mp3]
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