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Disques

Foster the People / Torches

Parfois, j’ai des soudaines poussées d’angoisse. De celles qui me font réveiller la nuit tremblant et tout en sueur. Je me demande si après ma pauvre petite dizaine de chroniques au sein de la rédaction, je ne suis pas d’ores et déjà devenu le mouton noir (encore qu’il s’agirait finalement ici d’une couleur de circonstance) au sein de ce modeste webzine, à semer des graines de pop trop heureuses ou dansantes dans un environnement où ne poussaient autrefois que des tubercules de rock intimes, plus ou moins secrets et à l’apparence souvent torturée. Est-ce qu’un jour, après avoir enjambé la ligne éditoriale pour succomber une fois de plus aux sirènes du moment, Monsieur Dark Globe me montrera la sortie en m’injonctant de laisser traîner ma sunshine pop ailleurs? Et de ne plus jamais remettre les pieds ici, bon sang de bonsoir, faut pas abuser quand même.

Alors aujourd’hui, le premier album des Foster the People sous le coude, peut-être me faudra-t-il constater que j’ai bel et bien franchi cette ligne blanche imaginaire. Mais qu’importe, j’assume jusqu’au bout et tant pis aussi si j’arrive après la bataille. En effet, ce disque est sensé être celui de la saison des maillots de bain collection 2011, celui avec lequel tu t’éclates sous le soleil. Oui, sous le soleil. Exactement. En conséquence, situons cette chronique dans notre actuel été indien (et non pas celui chanté par Joe Dassin) et remercions, à cette occasion, ce foutu dérèglement climatique et ces 25 degrés de fin septembre. Alors sors ton maillot pendant que tu le peux encore, et réglons tout de suite les aspects les plus agaçants de Foster the People et de leur album Torches.

Déjà, les trois membres (débuté comme un projet solo par Mark Foster, ce dernier sera ensuite rejoint par Mark Pontius et Cubbie Fink) sont des Californiens de LA bien trop beaux avec leur look top cool à la Calvin Klein. Un vrai délit de belle gueule, du genre à te donner envie de les baffer jusqu’à ce que tes doigts pissent le sang et que tes ongles giclent dans les airs. Ensuite, le son : souvent une voix à la Bee Gees de vierge effarouchée, des claviers venus des nineties au goût de piano en plastique, une électro faussement vintage, une ambiance générale tirant une fois vers le disco, une autre vers le funky, des gimmicks normalement insupportables comme ces « heyheyhey », « mmmhhhhhhh » ou « hooohoohooo » retrouvés sur tous les morceaux. Et pourtant de cette innommable partouze sonore, par la grâce d’arrangements inventifs, d’une véritable réflexion sur la production naît une galette véritablement bien foutue. A partir d’éléments totalement datés, la musique est réinterprétée, sonnant à la fois familière et moderne, toute surprenante de maturité et véritablement addictive. Mark Foster a-t-il appliqué ses recettes musicales pour cet album, lui qui composait autrefois des jingles musicaux pour des publicités? Quoiqu’il en soit, dans toute son impureté, son inspiration, ses choix d’arrangements, ses excès contrôlés, Torches ressemble à un « Girls and Boys » de Blur étalé sur dix morceaux. Car n’imaginez pas que le hit « Pumped up Kicks » est le Bain Douches des années quatre-vingt qui cache le camping de vos grands-parents: l’album déborde de fixes du même style. Combien de groupes se prostitueraient pour écrire un commencement de début de morceaux aussi catchy que « Waste » ou « Don’t Stop »? Et si tu trouves trop honteux de danser sur le tempo irrésistible de « Pumped up Kicks », dis-toi que derrière celui-ci se cache l’histoire terrifiante d’un adolescent sur le point de prendre une revanche meurtrière sur ses collègues lycéens. Cet exercice te semblera alors plus vénéneux et moins politiquement correct.

Torches s’apprécie donc comme une course de fond jubilatoire d’hédonisme teintée d’une bonne dose de second degré. Le plaisir coupable reste présent tout au long de la galette, même lorsque la fatigue commence à se faire sentir aux alentours du huitième titre, « Life On The Nickel », que la formule commence à tourner en rond ou que, dans ce fragile équilibre de l’album, « Warrant » frôle le putassier. Jeunes célibataires mâles cachés du lectorat, sachez-le, le Torches de Foster the People ressemble à un couteau suisse musical: plus besoin de se lever pour changer le disque, le laisser se dérouler, appuyer sur la touche « boucle » et les filles danseront jusqu’au bout de la nuit. En rajoutant un peu de chance et d’intelligence tactique, vous pourrez même réussir à les galocher sur le canapé.

En écoute: « Pumped Up Kicks »

One comment
  1. Anthony

    Très bon blog musical. J’ai beaucoup aimé cet album de Foster the People.

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