Panzetta Paradise commencent à être connus du public corse qui aime le rock indé. Le trio vit dans la région ajaccienne, et sa passion pour le rock a pour égale celle de la langue corse qu’ils utilisent pour leurs textes. S’ils sont garage rock, à première vue, les Panzetta (Laurent Matteaccioli / Théo Poli / Alexis Garibaldi ) adhèrent au renouveau de la langue et de la musique corses sans aucun folklore. On les a vus en 2023 au festival du Casone ( Ajaccio) , Lazartrock, où ils nous avaient convaincus, parmi d’autres groupes insulaires, qui ont démontré la vivacité du rock en Corse . Je les retrouve en interview, deux ans plus tard , avec davantage de maturité ( mais encore super jeunes et prometteurs!) , un album dans les bacs depuis le 18 juin.
photo par Eric Buggea Corse-Matin
Aviez vous un environnement de musiciens qui vous a stimulé ?
Théo : Mes parents ne sont pas musiciens, bien que mon père chante. On a toujours écouté beaucoup de musique à la maison.
Alexis : Mes parents ne sont pas musiciens . J’ai toujours écouté de la musique et joué par-dessus depuis tout petit.
Laurent: Pas musiciens non plus, on écoutait toujours de la musique aussi.
Est-ce que vous pourriez me citer un titre qui vous a obnubilé ?
T : « Smooth operator » de Sade
L : « A ghitarra »de Diana di l’alba
A : « Madness » de Muse
Le 1er instrument de musique que vous avez testé, c’était à cause d’un musicien, d’un morceau sur une radio, internet ? Qui a influencé ce choix ?
T : J’ai appris la guitare pour faire comme mon frère.
L : La guitare, j’étais au conservatoire d’Ajaccio.
A : La batterie, j’ai toujours aimé ça, j’étais fan de Travis Barker, Josh Dun, Dom Howard .
Comment se sont passés vos débuts dans la musique ?
T : J’ai commencé à faire de la musique au collège avec Laurent qui jouait déjà de la guitare, on restait dans ma chambre parce que j’avais trop peur de jouer devant d’autres gens. Puis j’ai passé le pas et je me suis mis à emmener ma guitare partout avec moi, surtout à des comptoirs de villages pour accompagner mon père ou mes copains.
A : J’ai acheté une batterie et j’ai joué sur toutes les musiques que j’aimais.
Comment s’est mis en place le travail sur cet album ? Qui écrit les paroles, la musique ?
T : Tout le monde y met du sien, j’écris la majeure partie des textes, Laurent compose pas mal et Alex fait ses parties de batterie. Après ça peut varier il n’y a pas vraiment de rôles ou de règles.
J’ai mon idée, mais confirmez – moi les influences musicales de Panzetta Paradise ?
A : Le garage rock évidemment et les morceaux corses des années 70, 80 avec I Muvrini, Canta u populu corsu, les Chjami aghjalesi…
Et le titre , Garage Riacquistu ? Est-ce une synthèse de ces deux aspects ?
L : C’est une contraction du “garage rock”, un style musical des années 60 qui est notamment à l’origine du punk, et du “Riacquistu” qui est un mouvement culturel corse des années 70 et qui peut se traduire par “réappropriation”. La réappropriation donc de la culture corse, de la langue, du drapeau, etc…
Quels sont les thèmes que vous abordez ?
A : Essentiellement la bringue, l’amour, la recherche d’identité et les charognes !
Pourquoi le rock pour ce côté un peu militant ?
T : Pourquoi pas?
Je continue, sur votre usage de la langue corse et pourquoi pas du français ou de l’anglais qui est très utilisé par les groupes d’où qu’ils soient ?
T : Le corse car c’est une langue que l’on préfère écrire et chanter plus que n’importe quelle autre et qui selon nous mérite d’avoir sa place sur la scène rock.
Vos titres sont des créations, mais aussi des reprises , dites m’en plus…
L : On a en effet des traductions de 2 morceaux : “Have love, will travel” de Richard Berry (puis des Sonics, puis des Headcoatees, des Black keys, etc…) qui devient “Pè l’amore viaghju” et “I wanna be your dog” des Stooges (puis de tout le monde après eux ! ) qui devient “Vogliu esse u to cane”.
Du vrai garage et du proto-punk ! Sur le versant du chant corse des années 80, 2000 à nos jours, y’a t-il eu un changement selon vous ? Quels sont les groupes qui vous ont influencés ?
T : La musique en Corse évolue comme ailleurs, je n’aime d’ailleurs pas le terme “chant corse” qui est très réducteur, le corse est une langue et non un style de musique.
Alors le rock a t il sa place en Corse ?
A : Évidemment !
Concernant les concerts, pensez-vous que la Corse laisse sa chance aux groupes, ou bien vaut- il mieux partir ?
L : Il y a une belle scène musicale en Corse et des gens qui s’activent pour la faire fonctionner. Partir c’est bien, on l’a fait nous aussi, mais il faut jouer chez nous plus que jamais.
Je redeviens plus léger : si vous devez choisir chacun 3 albums pour l’éternité , lesquels gardez-vous ?
T : Cunniscenza corpu umanu di u – I Cantelli , VU – Velvet Underground et Doolittle – Pixies
A : Absolution – Muse , Clancy – Twenty one pilots , Californication – Red Hot Chili Pepper
L : Numéro 3 – Georges Brassens , Machja, n’avemu un antra – A filetta et Rubber soul – The Beatles
Si chacun doit choisir une chanson de votre album ?
T : « Ballata pè un amicu » (ballade pour un ami), je l’ai écrite à Nice après être parti de mon village, mes amis me manquaient et j’en ai fait une chanson.
L : « Scenariu », c’est un morceau qui parle du jeu de rôles qui régit les soirées dans les bars et au sein de la vie nocturne en général.
A : « Luntanu » (loin) pour le groove, c’est la plus fun à jouer.
Quand vous vous besoin de vous changer les idées, de détente vous faîtes quoi ?
T : Je joue au bowling essentiellement ou j’achète des vieux trucs dans des brocantes.
L : Je joue de la guitare ou je vois mes amis.
A : Je voyage…
Vous avez des livres préférés, des films ? Ceci pour vous connaître un peu mieux ?
T : Alcool de Guillaume Apollinaire. Las Vegas Parano…
L : Prunu di u to sangue preziosu de Forteleone Arrighi. Star Wars la révolte des Sith…
A : Martine à la plage et Spider Man no way home…
Est-ce que les réseaux sociaux comptent pour vous ?
Ensemble : un peu comme tout le monde, on pense que bien utilisés ce sont des outils
intéressants. On utilise beaucoup instagram pour le groupe .
Maintenant aux lecteurs de DarkGlobe.fr qui viendraient en Corse cet été, une petite info ? Des concerts en prévisions?
T : Nous serons au Festival de l’Olmu à Olmeto le 2 août et il y a plein d’autres concerts dans notre tournée de Corse cet été, suivez-nous sur les réseaux pour les dates !
On me dit illustre ! Dernier disquaire corse ajaccien et animateur radio de Frequenza Nostra ! Depuis 37 ans je tiens » Vibrations » rue Fesch, rendez vous des amoureux de la musique. Je mange, je respire, je cours, je dors en musique. Rejoindre Dark Globe est un plaisir.